Mockbuster ou remake ? Plagiat impertinent ou hommage vénéré
à un classique de la science-fiction réalisé par un mégalomane
connu sous le nom de James Cameron ? Alors qu'on aura sans doute
oublié de lui poser la question, le cinéaste indonésien Jalil
Jackson l'aura de toute manière probablement éludée en évacuant
les voyageurs du futur de Cameron et en les remplaçant par un flic
veuf (ce qui, pour le coup, tombera plutôt bien pour la suite des
événements) et une jeune et jolie occidentale possédée par
l'esprit d'une reine de la mer du sud et ancienne déesse du sexe
(sick !). Lady Terminator se consommera donc
avant tout comme une expropriation. Pourtant, quel amateur de séries
Z, de nanars, en voudrait au cinéaste indonésien de s'être servi
une part de l'immense gâteau qui était de toute manière condamnée
à finir dans une poubelle (je vous rassure tout de suite, je n'ai
moi-même rien compris à ce que je viens d'écrire !!!) ?
Certainement pas moi qui, pourtant très fan du premier opus de la
saga Terminator
(et en tout cas, bien davantage que des suites, et même du second,
n'en déplaise à mes amis qui le préfèrent très largement à
l'original), fut plutôt séduit par cette bande sacrément bancale
dans son interprétation ainsi que dans son doublage français
d'anthologie.
L'histoire n'est qu'un
éternel recommencement peu agréablement orné de voiles donnant au
film l'aspect d'une œuvre faite de carton-pâte. Surtout dans la
première partie qui, si Jalil Jackson avait insisté sur
l'esthétique première, m'aurait fichu un sacré bourdon. D'un
avant-propos terriblement fade, le film prend une réelle valeur
lorsqu'en fan du film ici pillé, on cherche les ressemblances. Et
dans le genre « vas-y comme j'y vais de ma vision toute
indonésienne », Jalil
Jackson se réapproprie la totalité des scènes clés de
Terminator. Les
trois punks de Cameron se muent ici en deux poivrots jouant de la
queue comme d'une fontaine dorée. Débarque alors l’envoûtée de
service, la dénommée Tania (l'actrice Barbara Anne Constable), nue
comme au jour de sa naissance, comme le fut en son temps le musculeux
Arnold Schwarzenegger, et fait l'amour avec les deux épaves, à tour
de rôles, les laissant par la suite baigner dans leur propre sang.
Car contrairement au T800 de Terminator,
la belle Tania exécute en priorité ses victimes masculines à
l'aide d'une arme difficile à définir et logée entre ses cuisses.
Les armes à feu parvenant jusqu'à elle par la suite, on découvre
sous un nouveau jour la célèbre scène de la boite de nuit, celle
où justement apparaîtra le flic Max McNeill venant au secours de la
chanteuse Erica que Tania a visiblement l'air de vouloir ôter la
vie. Une scène qui se terminera en course-poursuite. D'abord à
pieds. Dans une ruelle insalubre. Puis à bord de deux voitures
s'écharpant en pleine rue. Un détail différent de l’œuvre
originale dont la course se terminait dans un parking souterrain.
Pareil
pour l'attaque du commissariat. Avec ses propres moyens, Jalil
Jackson jette son héroïne invincible (même les balles ne laissent
aucun impact sur le beau visage de Tania) au beau milieu d'un
bâtiment investit par une police qui contre ce redoutable adversaire
ne pourra rien. Même si les moyens engagés paraissent bien pauvres,
le cinéaste Indonésien s'y entend lorsqu'il s'agit de faire parler
la poudre. Les flics tombent un à un, dans un mélange de poussière,
de débris et de sang. Tout comme dans Terminator,
Max et Erica parviennent à fuir la prédatrice et à se réfugier à
l'extérieur de la ville. Ils en profiteront pour faire l'amour comme
quelques années auparavant le firent Kyle (Michael Biehn) et Sarah
J. Connor (Linda Hamilton). Normalement, c'est à ce moment très
précis que l'on se pose une question : Jalil Jackson aura-t-il
osé la fameuse scène de l'énucléation ? Et bien, la réponse
est oui !!! Une fois encore, le cinéaste ne fait pas appel à
son imagination mais au scénario de James Cameron et Gale Anne Hurd
qu'il semble un malin plaisir à piller et adapter à sa convenance.
Et pour le coup, la scène est presque mieux réussie que celle de
l’œuvre originale. Impensable ! Et pourtant véridique.
Pour
la suite, je vous conseillerai de vous référer directement au film.
Sachez simplement que le cinéaste ira jusqu'au bout dans la
réappropriation du film de James Cameron tout en y apportant un
certain nombres d'idées qui lui sont propres. Au final, Lady
Terminator
se
révèle une excellente surprise, avant tout à destination des
amateurs de nanars. Un film où l'on ne s'ennuie pas un seul instant
et qui, malgré son lourd héritage, ménage de sympathiques moments
de divertissement...
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