Pour ce troisième
article consacré à Johnny Hallyday, nous remontons encore le temps
de quelques années puisque A Tout Casser fut tourné
deux ans avant le western-spaghetti Le Spécialiste.
Nous sommes en 1967 et cela fait bientôt dix ans que le plus
célèbre des rockeurs français a entamé sa carrière de chanteur
lorsque le cinéaste américain John Berry (Ça va Barder,
Le Voyage à Paimpol) convie Johnny Hallyday dans son
dix-septième long-métrage. L'acteur/chanteur y retrouve l'acteur
Eddie Constantine qui par deux fois a déjà tourné avec ce
réalisateur. En offrant le rôle de Frankie à un Johnny Hallyday
qui semble très à l'aise dans la peau du chef d'une bande de
blousons noirs, John Barry réalise ici une comédie pleine d'action.
De courses-poursuite à moto en bagarres à répétition, A
Tout Casser fait
preuve d'une belle énergie et permet à notre rockeur national
d'assurer le minimum syndical tout en demeurant beaucoup plus
crédible que dans le personnage que lui offrira deux ans plus tard
le cinéaste Sergio Corbucci.
L'histoire
est on ne peut plus simple : Frankie dirige un groupe de jeunes
blousons noirs désirant ouvrir une boite de nuit malheureusement
située tout près de la planque d'une bande de gangsters menée par
un certain Aldo Morelli (l'acteur Michel Serrault). Une situation
fâcheuse pour ce bandit qui a mis en place le vol prochain d'une
tiare (couronne de forme haute et d'origine persane) d'une très
grande valeur. La présence de Frankie et de ses amis risquant de
contrecarrer les plans de Morelli, celui-ci tente par tous les moyens
de chasser le jeune blouson noir et lui interdire l'accès des lieux
qu'il veut transformer en boite de nuit. Mais heureusement pour lui,
Frankie peut compter sur l'aide providentielle d'un certain Ric,
lequel accepte de débarrasser le plancher et de laisser mener le
projet de Morelli sans encombres si celui-ci lui offre une forte
somme d'argent.
Johnny
Hallyday et sa belle gueule vont s'en prendre plein la poire. De
chutes en moto en menaces de mort ponctuées d'une multitude de
gifles et de coups de poings, l'acteur s'en donne à cœur joie. La
bande originale est assurée par le musicien américain Mickey Jones,
le bulgare Eddie Vartan (lequel écrivit beaucoup pour Sylvie Vartan
dont il fut d'ailleurs le frère aîné, ainsi que pour Johnny
Hallyday) et par la star du rock elle-même puisque le chanteur
interprétera deux titres dont un sur la scène de la fameuse boite
de nuit que veut ouvrir son personnage, Cheval
d'Acier.
On peut notamment entendre la chanson-titre A
Tout Casser
dès l'ouverture du film et durant le générique de fin. D'une
manière générale, la bande originale brasse divers courants
musicaux comme le rock, le jazz, et même à plusieurs occasions,
quelques airs que l'on aurait davantage imaginé dans des
longs-métrages signés des Charlots ou de Darry Cowl. Ces derniers
donnent à l'ensemble un curieux aspect. L’œuvre de John Berry
prend alors des allures de gaudriole pas sérieuse du tout. Sur fond
vert (ou bleu), la scène durant laquelle Eddie Constantine, Johnny
Hallyday et Catherine Allégret sont poursuivis par les hommes de
main de Michel Serrault à bord d'un chariot est très significative.
Il
faut cependant s'armer d'un certain courage pour aller jusqu'au bout
de cette œuvre typique des années 60 mais qui n'atteint jamais le
niveau d'excellence d'un Georges Lautner, d'un Jean-Pierre Melville
ou d'un Henri Verneuil. A vrai dire, la première moitié mérite
l'indifférence. L'intérêt se fait jour lors de la seconde partie
du long-métrage, un peu moins en roue libre et plus amusante. En
dehors du fait que les fans de Johnny Hallyday retrouveront leur
idole sur grand écran, on a le plaisir de retrouver un Michel
Serrault cabotin nous offrant quelques savoureux moments. Il est
d'ailleurs amusant de noter que la scène durant laquelle il prépare
le hold-up à l'aide de légumes trouvera un écho dans l'excellent
film que réalisera huit ans plus tard Jacques Besnard, C'est
Pas Parce qu'on n'a Rien à dire qu'il faut Fermer sa Gueule,
lequel sera notamment interprété par Michel Serrault lui-même. Au
final, A Tout Casser
reste une petite comédie sans prétention. Un petit nanar tout de
même plaisant à regarder. Mais juste une fois...
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