Alors qu'il tutoyait déjà
les anges et leur marquise auprès de la délicieuse Michèle Mercier
dans le romanesque Angélique, Marquise des Anges,
l'acteur, metteur en scène, réalisateur, scénariste et dialoguiste
français Robert Hossein signait en cette année 1970 son seul
long-métrage des seventies. De retour en France après le
pittoresque Le Spécialiste de Sergio Corbucci,
l'acteur, chanteur et compositeur français Johnny Hallyday allait se
voir offrir un rôle à la mesure de son charisme naissant. N'ayant
pas encore pris de cette bouteille qui allait construire en partie
l'image du plus populaire rocker de notre pays, Johnny passe du héros
mal rasé du précédent western-spaghetti au membre d'un trio de
malfrats ayant kidnappé une gamine dont la famille est apparemment
aisée puisqu'elle prend l'habitude de rentrer des cours à l'arrière
d'une voiture luxueuse conduite par le chauffeur personnel de
papa-maman.
Si le premier sentiment
qui se dégage de la toute première apparition de notre rocker
national est aussi mauvais que celui qui le vit descendre de manière
relativement grotesque des escaliers dans le film de Sergio Corbucci,
que les fans de Johnny Hallyday se rassurent. Le sort que lui a
accordé Robert Hossein est sans commune mesure avec le curieux
traitement subit par le chanteur dans la peau d'un ersatz de Clint
Eastwood. Ici, et bien après que l'auteur du troublant Vampire
de Düsseldorf
se soit lui-même grimé en monstre humain inspiré des méfaits de
l'un des plus épouvantables serial killer allemand des années 30
(Peter Kurten), Johnny Hallyday apparaît frais comme un gardon.
Après avoir éveillé la curiosité du spectateur en cachant le
visage de l'acteur sous un masque aussi ridicule qu'improbable, c'est
avec un certain effarement que l'on découvre un Johnny Hallyday
troublant.
Presque
un enfant dirons-nous, au regard bleu pénétrant. Un visage duquel
ne ressort aucune manifestation physique le reliant au caractère
sordide des faits auxquels il a pourtant participé. A ses côtés,
l'acteur Albert Minski, et bien entendu, Robert Hossein. Ces deux là
servent la soupe à Johnny qui reste le principal interprète. Lui
tenant la chandelle, renforçant ainsi les différences d'intérêts
que porteront sur leur victime, les trois hommes. Car pour ces
derniers, la seule alternative possible est la mort de leur proie
après obtention d'une rançon par ses parents. Pour Vlad, surnommé
le Roumain par ses deux acolytes, les choses prennent une tournure
différente. Car après des premiers soubresauts particulièrement
virils de la part de Johnny envers Catherine, la gamine en question
interprétée par la jeune et jolie Pascale Rivault, une certaine
complicité va s'installer entre les deux principaux protagonistes. A
tel point que Hossein et Minski deviennent les antagonistes du récit
s'articulant exclusivement autour d'une maison perdue aux abords
d'une plage n'accueillant que la houle et les mouettes.
Œuvre
à l'atmosphère poétique, romantique, juvénile, et un brin
surréaliste, Point de Chute
n'est pas le polar auquel les premières images auraient pu laisser
présager. L'acteur Robert Dalban qui dans la peau d'un inspecteur de
police flâne dans la dite demeure à la recherche d'indices
permettant de mettre la main sur les kidnappeurs durant les premières
minutes disparaît au profit d'un récit qui remonte le temps. A ce
propos, fait étrange, le présent est lu à travers le prisme d'une
image toute de noir et blanc vêtue tandis que le passé s'enrobe
d'une multitude de couleurs. Comme si Robert Hossein signifiait par
avance l'inéluctable tragédie en revêtant son œuvre d'un linceul
ou le noir et le blanc ont seuls droit de cité.
Johnny
Hallyday endosse le confortable costume d'un kidnappeur tombé sous
le charme d'une jeune femme avec laquelle il va entretenir des liens
ténus. Plus étonnant, l'acteur se révèle parfois émouvant.
Point de Chute demeure
par contre relativement lent et attentiste. Ce qui risque de rebuter
une partie des spectateurs. Une curiosité qui mérite tout de même
que l'on prenne le temps de la découvrir...
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