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mercredi 13 décembre 2017

Hommage à Johnny... Le Spécialiste de Sergio Corbucci (1969)



« Continue de boire. Ça me rend nerveux qu'on arrête de boire quand j'arrive... ». Tel sont les premiers mots prononcés par un Johnny Hallyday/Hud pris entre les tenailles d'un village qui tout entier, a lynché son frère parce qu'il a volé l'argent de la banque, des bandits entourant leur chef El Diablo, et l'ombre du grand Clint Eastwood qui plane au dessus du plus populaire chanteur français, mort la semaine dernière des suites d'un cancer du poumon. Après une très courte apparition (non créditée) dans Les Diaboliques de Henri-Georges Clouzot en 1955 et dans Dossier 1413 d'Alfred Rode en 1962, Johnny Hallyday entame une vraie carrière d'acteur à partir du film à sketches Les Parisiennes dans lequel il côtoie Catherine Deneuve, Danièle Evenou, et Dominique Zardi dans le segment Sophie. En 1967 il tourne dans le long-métrage franco-italien A Tout Casser, une comédie policière réalisée par le cinéaste américain John Berry avant de tourner son premier western-spaghetti, Le Spécialiste de Sergio Corbucci, dont il est question ici. Dès la première apparition de Johnny Hallyday à l'écran, le mimétisme du personnage qu'il interprète à l'écran à du mal à cacher sa filiation avec ceux de Joe, le Manchot et Blondin que jouait quelques années auparavant Client Eastwood dans les classiques du western spaghetti réalisés par l'immense Sergio Leone que sont respectivement Pour une Poignée de Dollars, Et Pour Quelques Dollars de Plus, Le Bon, la Brute et le Truand. Première impression : on ne sait s'il faut rire ou pleurer lorsque descend les escaliers le héros de cette aventure qui trouvera son flamboyant écho quatre ans plus tard dans l'un des plus grands westerns de tous les temps, L'Homme des Hautes Plaines, joué et réalisé (une fois encore) par l'américain Clint Eastwood.

Monté sur ressorts, nuque sur roulement à billes, Johnny tente de s'imposer la carrure du justicier crotté, mal rasé, suant à grosses gouttes, signes que l'on est bien chez les transalpins et non pas chez un John Ford privilégiant les grands espaces et les personnages féminins. Ici, cette dernière est souvent reléguée au rang de prostituée, de barmaid, ou de femme violentée. Johnny malingre, jouant pourtant assez habillement du flingue, stetson vissé sur le crâne, favoris lui bouffant la moitié du visage et répliques cinglantes. Même pas peur, le sans amis est venu régler ses comptes avec les poltrons de Blackstone, petite bourgade paumée en plein désert, et dont les notables se sont rués sur le frère du héros afin de le lyncher pour avoir osé voler l'argent qu'ils avaient confié aux bons soins de Virginia Pollywood, délicieuse Françoise Fabian, actrice française bien connue chez nous et qui joue de ses atouts pour séduire la gente masculine. Dont un shérif, l'acteur italien Gastone Moschin, parfois si gauche que certains passages prêtent davantage à sourire. N'étant pas Clint Eastwood qui veut, notre illustre Johnny galère beaucoup. Un rôle taciturne, à l'image d'un personnage qui répète inlassablement qu'il n'a pas d'amis. Le genre torturé. Mais pas auquel on aurait envie de proposer son épaule pour pleurer mais davantage auquel on donnerait une petite tape à l'arrière du crâne en le remerciant de nous avoir bien fait rire.

Caricature semble être le terme adapté au jeu de l'acteur/chanteur qui en post-production ne parvient même pas à rattraper son infligeant jeu d'acteur. À trop vouloir imiter son illustre source d'inspiration (et n'allez pas me dire que les rapports qu'entretiennent Hud avec les personnages campés par Easwood ne sont que le fruit du hasard), Johnny s'enlise dans l’auto-parodie, faisant du film de Sergio Corbucci, pourtant spécialiste du genre, une œuvre hautement nanardesque. C'est peut-être là que recèle tout son potentiel Le Spécialiste. On ne reprochera pas uniquement au chanteur de vouloir trop se rapprocher de son « idole » auquel il demeure fort inférieur. Ajoutez à cela un manque de charisme accentué, de plus, par une post-synchronisation (pourtant assurée par Johnny Hallyday lui-même) abominable et vous obtenez une version franco-italienne ringarde des classiques de Sergio Leone. Une œuvre à réserver aux fans du chanteur français, aux aficionados des westerns-spaghetti ou aux amateurs de nanars. Drôle d'hommage tout de même. Vous êtes avertis...

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