Flight 90 Disaster on the Potomac est a priori le genre
de film dont on n'a pas grand chose à attendre. Parce qu'en 1984,
année de sortie de ce film catastrophe signé Robert
Michael Lewis, le tour de la question semblait avoir déjà été
effectué. La série des Airport,
puis dans un esprit hautement parodique, les deux volets de la saga Y
a-t-il un Pilote dans l'Avion,
le rapport entre tous demeurant dans le fait que les problèmes
rencontrés étaient soit matériels, ou bien la conséquence d'une
collision en plein ciel. Nous ajouterons Alerte
à la Bombe
et sa prise d'otages (et toute la série de longs-métrages ayant
pris pour source d'inspiration le 11 septembre 2001). On pensera bien
évidemment au film de Frank Marshall Les
Survivants
basé sur l'incroyable aventure vécue par les passagers du Vol 571
Fuerza Aérea Uruguaya qui le 13 octobre 1972 s'est écrasé dans la
Cordillère des Andes et a fait vingt-neuf morts parmi lesquels douze
sont morts dans l'immédiat et dix-sept dans les jours qui suivirent.
Une histoire tristement célèbre pour les actes de cannibalismes
dont ont dû faire preuve les rescapés pour survivre le temps
qu'arrivent les secours deux mois après le crash !
Peut-être
moins impressionnant mais toute aussi fort, le récit entourant le
Vol 90 de Air Florida qui s'est abîmé dans les eaux gelées du
fleuve Potomac le 13 janvier 1982 (encore un 13 me direz-vous) a donc
donné naissance à ce film aux allures de téléfilm du dimanche,
médiocrement doublé dans la langue de Molière mais qui, au delà
de l'inutile première demi-heure censée rendre attachantes les
futures victimes de cette tragédie, se révèle finalement anxiogène
et terriblement intense. Pas un chef-d’œuvre du genre, loin de là,
mais il y a matière à s'identifier à ces rares survivants qui ont
réussis à s'extraire de la carcasse du Boeing 737-222 et qui ont
sans aucun doute vécu les heures les plus difficiles de leur
existence.
Concernant
le spectateur, une chose est certaine : mieux vaut éviter de
regarder Flight
90 Disaster on the Potomac un
jour ou une soirée de grand froid car les températures risquent de
dégringoler davantage encore. L'avion s'étant écrasé après
seulement soixante secondes de vol et Robert Michael Lewis ayant
choisi de respecter scrupuleusement les faits, l'intérêt de son
film ne réside donc pas dans le crash mais dans la tentative de
sauvetage des rares survivants qui se compte sur les doigts d'une
main et sur le pouce de l'autre. Le calvaire que vivent les
personnages interprétés au hasard par Stephen Macht, Jeannetta
Arnette, Richard Masur ou encore Dinah Manoff, le spectateur le
ressent comme s'il était lui-même plongé dans les eaux glaciales
du Potomac. Sous l'eau, la carcasse de l'avion est à peine visible.
La surface est recouverte de plaques de glaces et la météo s'en mêle également. Neige et vent alourdissent l'ambiance déjà
suffocante. Les visages blêmissent, et les survivants, tétanisés
par le froid au point de ne plus sentir leurs jambes brisées,
commencent à donner des signes de fatigue et d'abandon.
Afin
d'appuyer son propos et de pallier à l'évident manque de moyen (le
moment où l'avion entre en contact avec le fleuve a tout simplement
été banni du récit), Robert Michael Lewis opte pour l'intégration
d'images d'archives qui dans le contexte météorologique trouble,
collent parfaitement aux scènes de fiction. L'un des principaux
atouts de Flight
90 Disaster on the Potomac demeure
non seulement dans ces actes de bravoures d'hommes et de femmes
laissant de côté leur préoccupations du moment pour venir en aide
aux quelques survivants, mais aussi dans ces quelques images
émouvantes de proches n'ayant aucun moyen de connaître l'identité
de ces derniers. Relativement stressant, Flight
90 Disaster on the Potomac nous
plonge donc en plein cœur d'un drame dont l'issue n'aura
malheureusement été favorable que pour très peu de passagers. Si
l'économie de moyens se ressent fortement à l'image,
l'interprétation des différents protagonistes se révèle quant à
elle particulièrement bénéfique. Un film catastrophe, au final,
plutôt convainquant...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire