Si l'acteur, réalisateur et scénariste espagnol Paul
Naschy est surtout connu pour avoir incarné le loup-garou Waldemar
Daninsky dans plus d'une dizaine de longs-métrages, on le retrouve
en cette année 1980, et dans ce film qu'il a réalisé lui-même
sous le pseudonyme de Jacinto Molina Alvarez, dans la peau de Bruno
Riveira, un aventurier téméraire tombé sous le charme de la belle
Mieko. Engagé afin de mettre la main sur une mallette renfermant des
pierres de grande valeur, il finit par se retourner contre eux,
semant les morts derrière lui. Mais alors qu'il est en fuite, il est
gravement touché par plusieurs balles. Entre la vie et la mort, il
est sauvé in extremis par le docteur Don Simon, ainsi que par ses
deux filles Monica, et Alicia, laquelle, donneuse universelle, lui
concède un peu de son sang afin de remplacer celui qu'il a perdu.
Aux petits soins pour le blessé, toute la famille se prend d'amitié
pour Bruno et lui propose de rester jusqu'à sa complète guérison.
Pourtant, peu à peu, le fuyard va observer de troublants
comportements au sein des Murua. Si Alicia, tombée folle amoureuse
de lui semble la plus saine d'esprit, sa sœur Monica se montre
possessive. Voire agressive. Quant au père, malgré son statut de
médecin, il entretient avec la servante Raquel de bien étranges
habitudes...
Si se
frotter à la première demi-heure de El
Carnaval de las Bestias se révèle
une véritable gageure du fait de son peu d'intérêt, heureusement,
l’œuvre de Jacinto Molina Alvarez dévoile ses véritables
intentions dès lors que le principal interprète (qui n'est donc
autre que Paul Naschy) foule le sol des Murua. Une bien étrange
famille donc. Propriétaires d'une porcherie, et interprétés par un
trio d'acteurs d'apparence physique somme toute classique :
Lautaro Murua, Silvia Aguilar, et Azucena Hernandez. Ajoutons à
ceux-là l'actrice Roxana Dupre dans le rôle de la domestique, ainsi
que Eiko Nagashima dans celui de Mieko.
Œuvre
polymorphe, El Carnaval de las
Bestias démarre
comme un film d'action pour plonger son héros dans un récit
horrifique auquel il ne survivra pas. Malheureusement ou pas
d'ailleurs, puisque Paul Naschy y incarne un anti-héros
particulièrement antipathique, à la gâchette facile, et dont l'une
des spécialités est d'écraser en gros plans sous la semelle de ses
chaussures d'innocentes créatures terrestres (un scarabée puis un
scorpion). Assurément, ce film espagnol demeure étrange. Oscillant
entre plusieurs genres, brassant bon nombre d'idées sans jamais
aller jusqu'au fond des choses, El
Carnaval de las Bestias
n'est ni bon, ni mauvais. De plus, la version présentée étant
doublée dans un anglais des plus médiocre, le résultat final est
relativement décevant et laisse forcément présager une version
originale en espagnole de bien meilleure qualité. Ne soyons donc pas
trop durs avec ce long-métrage qui, au hasard, rappellera
d'excellents souvenirs à ceux qui eurent l'occasion de voir les
dérangeants The
Beguiled
que réalisa le cinéaste Don Siegel en 1971 et le Singapore
Sling
du grecque Nikos Nikolaïdi, sorti en 1990. Une vraie famille de
timbrés. Un père dominant une domestique volontairement et très
plaisamment punie à grands coups de fouet sur le lit du patriarche.
Une Monica perverse, nymphomane, traumatophile.
Une Alicia faussement douce, ingénue aussi perverse que sa sœur, et
une mère de famille apparemment décédée mais dont le fantôme
rôde, prévenant Bruno des dangers qu'il encourt s'il reste dans
cette maudite demeure.
Pas grand chose
d'affriolant à se mettre sous la dent pourtant, à part deux ou
trois scènes qui sauvent le film du naufrage : Monica nue, et
s'excitant sauvagement sur le corps encore recouvert de bandages
sanguinolents de Bruno. Le repas déguisé entre convives, vulgaires,
se querellant, en venant presque aux mains, ou encore le passage
assez gore qui voit le vétérinaire de la famille finir dévoré par
les cochons dont il a la responsabilité. Quant à la toute fin, elle
réserve une surprise attendue, mais bienvenue.
El
Carnaval de las Bestias se
regardera donc avant tout comme une curiosité. Plus proche du nanar
que des deux exemples cités plus haut. Mais comme le dit
l'expression, faute de grives on mange des merles...
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