C'est fou comme avec le
temps l'intérêt pour une œuvre peut se déliter. A Nightmare
On Elm Street 3: Dream Warriors fait partie de ces
longs-métrages découverts au cinéma lors de leur sortie. Je
pénétrais l'univers du mythique Freddy Krueger pour la première
fois. Je ne connaissais pas l’œuvre originale, n'avais pas vu le
second chapitre et demeurait donc fort intrigué. A la sortie d'un
cinéma quelconque de la capitale, en ce mois de juin 1987, j'étais
assez satisfait de mon expérience. Un croquemitaine charismatique,
une idée originale, des scènes étonnantes et des effets-spéciaux
remarquablement accomplis par Kevin Yagher et une équipe constituée
d'une dizaine de personnes. De quoi se réjouir d'un cinéma
fantastique en pleine forme qui en cette année 1987 vit la sortie de
Robocop de Paul Verhoeven, Prince des Ténèbres
de John Carpenter, ou encore Hellraiser, le Pacte de
Clive Barker. Freddy Krueger devient ici sous la houlette du
spécialiste des effets-spéciaux de maquillage un énorme serpent
avalant l'une de ses pauvres victimes adolescentes (Patricia Arquette
qui débutait pratiquement sa carrière d'actrice), un marionnettiste
grand comme un immeuble, puis un poste de télévision, ou encore
une infirmière sexy. L'un des effets-spéciaux les plus étonnant
demeurant l'abdomen du croquemitaine exhibant l'âme de ses
précédentes victimes. Quant à la pauvre Heather Langenkamp,
ATTENTION SPOILER, elle demeurera dans ce troisième opus de la saga
comme la dernière victime du tueur au visage brûlé et au gant armé
de lames effilées.
Malheureusement, malgré ces quelques scènes particulièrement
réussies, du moins pour l'époque et qui n'ont pas trop à rougir de
nos jours face aux progrès qui ont été effectués depuis en
matière d'effets-spéciaux, A Nightmare On Elm Street 3: Dream
Warriors m'est
apparu d'un ennui profond. En tout cas, bien moins passionnant qu'à
l'époque de sa sortie. Mais tout s'explique de manière fort aisée.
Comme dit plus haut, je n'avais pas encore découvert l'original. Une
erreur très vite réparée, pour un résultat effarant. Surtout pour
cette seconde séquelle qui depuis ne me concerne plus vraiment. Car
le personnage central du récit original (créé par le cinéaste Wes
Craven à partir d'un curieux fait divers concernant un adolescent
insomniaque mort de s'être volontairement empêché de dormir par
crainte de mourir durant son sommeil), le producteur, réalisateur et
scénariste Chuck
Russell (auquel on doit notamment le fameux remake du Blob
en 1988, son second long-métrage après celui-ci, donc) en a fait un
bouffon. Plus amusant que réellement terrifiant. Une donnée
d'ailleurs totalement absente, ce qui, pour un film mêlant l'horreur
et le fantastique est suffisamment navrant pour être notifié.
Freddy
Krueger est devenu l'amuseur public. Celui qui provoque l'hilarité
au sein d'un public adolescent conquis par ce père fouettard
horriblement défiguré dont on avait peine à croire que sous son
maquillage se planquait l'interprète de l'adorable extraterrestre
Willy de la série originale V.
Ce troisième volet ressemble à une fête foraine dont l'intrigue se
situe presque exclusivement dans l'aile d'un hôpital psychiatrique
réservé aux adolescents suicidaires et victimes de troubles du
sommeil. Rétrospectivement, on peut comprendre que Wes Craven n'ait
pas voulu que son bébé fasse des petits. Malheureusement, malgré
l'échec du second volet, la New
Line
en décida autrement. Outre différents prix de part le monde, A
Nightmare On Elm Street 3: Dream Warriors
a
obtenu le prix (mérité) des effets-spéciaux au festival du Rex en
1987. Outre Heather Langenkamp qui reprend son rôle de Nancy
Thompson après avoir disparu lors du second volet et Robert Englund
qui continue à interpréter Freddy Krueger, nous découvrîmes
Patricia Arquette (qui depuis à joué pour Tony Scott, Tim Burton,
David Lynch, Ole Bornedal ou encore Martin Scorsese), Craig Wasson (Body Double de Brian de Palma), ou l'excellent
Laurence Fishburne que l'on a pu notamment revoir plus tard dans
Double Détente
de Walter Hill, The
King of New York
d'Abel Ferrara, ou encore Matrix
des frères (sœurs?) Wachowski. Quant à l'acteur John Saxon, tout
comme Heather Langenkamp il réapparait dans ce troisième volet dans
le rôle du lieutenant Donald Thompson qui n'est autre que le père
de l'héroïne Nancy Thompson.
Un
volet qui a bien (mal) vieilli donc mais que je conseillerais tout de
même à celles et ceux qui ne l'ont toujours pas vu. A
Nightmare On Elm Street 3: Dream Warriors éveillera
peut-être alors la curiosité des fans de cinéma fantastique ne
connaissant pas encore le célèbre croquemitaine...
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