Dix ans tout rond après
la sortie du Blade Runner de Ridley Scott, les
cinéastes Tony Maylam et Ian Sharp sortent en duo le film d'action,
policier, d'épouvante et de science-fiction (rien que ça!) Split
Second. Un long-métrage dont l'ambiance rappellera
inévitablement aux amateurs de science-fiction celle du classique de
Ridley Scott. Londres a remplacé Los Angeles et l'intrigue ne se
situe pas dans un lointain futur (Blade Runner datait de 1982 et
situait sont époque, en 2019) mais en 2008. Les deux cinéastes y
prévoient donc un réchauffement de la planète tel que les eaux de
la capitale anglaise sont montées de plusieurs niveaux. C'est dans
ce triste décor, sombre, ressemblant parfois un vaste champ de ruine
qu'enquête Harley Stone, passionné de motos (devinez de quelle
marque), flic de métier, qui depuis la mort de son ancien coéquipier
est obsédé à l'idée de retrouver celui qui en est responsable.
Imposé par son supérieur, ce flic décidément hors du commun va
désormais devoir travailler en compagnie de Dick Durkin, une toute
nouvelle recrue.
C'est à partir d'un
scénario écrit par le producteur et scénariste Gary Scott Thompson
(lequel a écrit ceux de Hollow Man de Paul Verhoeven
et des deux premiers volets de la saga Fast and Furious
respectivement réalisés par Rob Cohen et John Singleton)
que le duo réalise un film qui n'atteindra jamais les hautes sphères
de la science-fiction tout en conservant tout de même un certain
charme du à ses allures de nanar. Car effectivement, Split
Second possède
presque tous les éléments lui conférant ce titre. Déjà, les
décors, inspirés des œuvres de science-fiction les plus
ténébreuses sans jamais les égaler. Presque un rip-off dans son
genre, d'autant plus qu'en fouillant la bête, on pourra
éventuellement comparer une fois encore le film de Tony Maylam et
Ian Sharp à un autre classique, lui aussi signé Ridley Scott :
Alien, le Huitième Passager.
Si
Ian Sharp est l'auteur d'une dizaine de téléfilms et d'épisodes de
séries télévisées, il n'a apparemment réalisé que quatre
longs-métrages pour le cinéma. Tony Maylam, lui, est surtout connu
chez nous pour avoir réalisé en 1981 l'un des plus fameux slashers
de l'histoire du genre avec The Burning
(Carnage)
dont les excellents effets-spéciaux étaient assurés par le maître
en la matière, Tom Savini. C'est ainsi donc que les deux
britanniques se retrouvent sur le tournage de Split
Second
en 1992. Une série B avec tout ce qu'elle comporte de bon et de
mauvais. Une bonne dose d'action, un duo efficace (c'est d'ailleurs
lorsque le nouveau coéquipier du héros débarque que le film
devient véritablement intéressant), un séduisant personnage
féminin que l'on aurait aimé un peu plus... dévêtue. Mais
également des décors plutôt tristes. Qui confèrent parfois à
l'ensemble les allures d'un film pour la télévision.
Le
rôle principal, les deux cinéastes le confient à Rutger Hauer
(Hitcher,
Les Rescapés de Sobibor)qui,
justement, interprétait l'un des rôles importants de Blade
Runner.
L'acteur en fait des tonnes. Dans un rôle de flic surarmé, un brin
psychotique. Obsédé. Face au jeune Neil Duncan. La nouvelle recrue,
c'est lui. Un peu maladroit, il tente par tous les moyens de se faite
accepter par Harley Stone. Mais l'emploie de la psychologie n'étant
pas le fort de ce dernier, on appréciera le changement d'attitude de
Dick Durkin. Au contact du vieux loup, il changera de méthodes et
d'accoutrement. Assez amusant dans l'ensemble, le duo fonctionne
enfin, et le film également. Quant à la touche de féminité, c'est
la séduisante actrice anglo-canadienne Kim Cattral (Police
Académy,
Le Bûcher des Vanités,
Star Trek 6 : Terre Inconnue)
qui l'apporte. Une présence qui fait du bien dans un monde où la
faune nocturne, particulièrement bigarrée, inquiète tout de même
sur le devenir de l'humanité.
Outre
les genres cités plus haut, le film ne s'embarrasse pas de la
moindre cohésion entre les divers thématiques abordées et mélange
ainsi, enquête policière, créature monstrueuse, meurtres en série,
rituels sataniques, et croyez-le ou non, l'émulsion fonctionne
plutôt bien. Si le monstre demeure plus drôle que véritablement
effrayant (les occasions de sursauter manquent à l'appel), on
appréciera avant tout le duo antinomique formé par Rutger Hauer et
Neil Duncan. Un couple à l'écran qui rappellera forcément à
beaucoup d'entre nous, celui que formèrent au cinéma les acteurs
Mel Gibson et Danny Glover dans la série de films L'Arme Fatale...
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