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vendredi 10 novembre 2017

Carré Blanc de Jean-Baptiste Leonetti (2011) - ★★★★★★★★★☆



Admirable. D'une puissante évocation. Dur et froid comme l'acier. Angles droits envahissants. Courbes absentes. Décors glaçants. Carré Blanc. L'humanité nouvelle, celle de demain, ou peut-être, déjà d'aujourd'hui. Un homme, une femme. Une histoire commune née dans la souffrance. Un suicide. Raté. Mais une rencontre, à la clé. Qu'en est-il de ce jeune garçon auquel sa mère va lui donner un conseil qui bouleversera sa vie toute entière ? Comment se préparer à un futur tel que décrit par le cinéaste Jean-Baptiste Leonetti dont il s'agit ici du premier long-métrage ? Une dystopie qui comme le veut la tradition nous décrit un monde imaginaire (ou si peu) où le bonheur semble impossible à atteindre. Ou les valeurs fondamentales sont balayées par un but unique : se fondre à tout prix dans la société. En faire partie, c'est prouver que l'on existe, même si pour cela il faut la laisser vous assimiler, vous dévorer, au risque de vous transformer. Modifier votre mode de pensée. Détruire ce qu'il pouvait demeurer en vous, de bon.

Carré Blanc est un tour de force magistral. Tout d'abord parce qu'il nie totalement l'hégémonie du cinéma américain sur le cinéma d'anticipation. L’œuvre de Jean-Baptiste Leonetti s'y aligne en tout point. Sans complexes. Et avec cette petite touche française et cette économie de moyens qui la hisse vers les sommets. Dégageant son paysage de tout visuel convenu. De tout subterfuge visant à cacher les défauts d'un scénario éventuellement bâclé, le cinéaste français offre à Sami Bouajila, un rôle important. Peut-être l'un des plus intéressant, et sans doute pas le moins complexe à aborder car tout repose, ou presque, sur les épaules de cet excellent acteur franco-tunisien capable de jouer dans les genres policier, historiques, autant que dans la comédie.
Ici, Jean-Baptiste Leonetti lui offre l'opportunité de jouer sans filet. Sans bouée de sauvetage. Si les décors participent assurément à cette abominable dystopie, l'acteur y demeure magistral. Comme peut l'être d'ailleurs également l'actrice Julie Gayet. Ou encore Jean-Pierre Andréani.

Carré Blanc, c'est un monde où les apparences ont pris une importance considérable et dans lequel les faiblesses n'ont pas lieu d'être. L'homme y apprend à se détacher de toute forme d'humanité. Certains qui ne s'y étaient pas suffisamment préparés vont d'ailleurs en faire les frais. Philippe (Sami Bouajila)a épousé Marie (Julie Gayet) après avoir grandit auprès d'elle. Deux orphelins qui se sont aimés. Mais Marie, elle, n'en peut plus de vivre avec un homme incapable de lui donner un enfant. Les enfants, d'ailleurs, sont ici sous représentés puisqu'à part lors de la toute première partie, Jean-Baptiste Leonetti les bannit. Physiquement. Car, parfois, on évoque le désir d'en avoir. Mais l'enfant, et sa pureté, ne sont-il pas des preuves de faiblesse ? Philippe est véritablement glaçant. Il erre dans un décor sinistre tandis que chez eux, Marie réfléchi. Et prend sa décision. C'en est fini de cette vie à attendre. A L'attendre !

Le film de Jean-Baptiste Leonetti se regarde dans un état de semi-conscience. Comme un rêve, ou plutôt un cauchemar. Une fenêtre sur un avenir (in)certain où les repères éclatent en mille morceaux et où tout semble figurer un état de noirceur auquel il nous est impossible d'échapper. Comme des centaines de publicités qui nous abrutiraient à longueur de journée, trônant sur d'immenses panneaux d'affichage, dans les magasines, sur nos écrans de télévisions où dans les salles de cinéma. Cette obsession de la noirceur, Jean-Baptiste Leonetti la filme aux quatre coins de l'univers qu'il a ainsi instauré. Un pessimisme qui transpire une odeur nauséabonde. Même dans le sourire de façade de Patrice (Jean-Pierre Andréani), ce gardien de parking, qui alors, arbore un sourire plus sinistre encore que celui d'un certain Joker (Batman). Au moins, le cinéaste n'a pas la fâcheuse intention de tromper son monde. Dès les premiers instants, il baigne le spectateur dans une torpeur digne d'une œuvre d'art et d'essai indigeste avant de (faussement) relâcher l'étreinte nouée autour de notre gorge. Une pression qui pourtant demeure jusqu'à la dernière minute. Seule note d'espoir et qui comme la rencontre entre ses deux héros, est forcément née, elle aussi, dans la douleur... Une leçon de cinéma...

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