En quarante ans de carrière, le cinéaste américain originaire de
Austin au Texas, Tobe Hooper se sera fait remarquer pour deux faits :
le premier pour avoir signé l'un des plus grands films d'épouvante
de l'histoire du cinéma avec Massacre à la Tronçonneuse,
et le second pour avoir cumulé par la suite toute une série de
longs-métrages horrifiques n'ayant jamais réussi à se hisser au
niveau de son unique chef-d’œuvre. Trois ans plus tard, en 1977,
le cinéaste tente de renouer avec le genre qui l'a rendu célèbre
avec le portrait d'un propriétaire de motel totalement barré perdu
dans un marécage avec Le Crocodile de la Mort. Puis il
enferme les héros de Funhouse dans un train fantôme.
En 1982, il s'attaque au projet Poltergeist en
compagnie de Steven Spielberg, film que beaucoup estiment être
surtout le bébé de ce dernier même si certains éléments
(horrifiques) tentent à prouver la participation de Tobe Hooper à
la réalisation. Trois ans plus tard, le cinéaste réalise
Lifeforce, film de science-fiction horrifique mettant
en scène la superbe actrice française Mathilda
May qui interprète ici son troisième rôle au cinéma.
Science-fiction encore l'année suivante avec L'Invasion
Vient de Mars qui n'est autre que
le remake de Invaders From Mars
que le cinéaste William Cameron Menzies réalisa en 1953. En 1986,
Tobe Hooper propose une suite beaucoup moins glauque et bien plus
amusante de son Massacre à la
Tronçonneuse.
Une œuvre que l'on pourra juger de fidèle à l'esprit de l'original
comme on peut la trouver insupportablement irrévérencieuse. En
1990, Tobe Hopper signe son premier vrai nanar avec Spontaneous
Combustion qui, comme son nom l'indique, traite de la combustion
spontanée. Il enchaîne alors toute une série de longs-métrages
d’œuvres indignes de celui qui marqua à tout jamais l'histoire du
genre horreur en 1974 : The
Mangler,
Crocodile,
Toolbox Murders,
Mortuary
et enfin Djinn,
son tout dernier film.
Il
faut cependant, relativiser. Même s'il ne signera plus de grand
film, la suite de sa carrière n'atteindra pas la médiocrité de
certains cinéastes qui se complaisent, depuis, dans la médiocrité.
Il y a toujours quelque chose de bon à retirer d'une œuvre de Tobe
Hooper. Ce petit quelque chose d'indéfinissable qui fait que l'on
accepte sans (presque) sourciller ses produits pas toujours très
bien finis. La sortie de Djinn
est sans cesse repoussée. Présenté au festival du film d'Abu
Dhabi, il est tourné dans les Émirats Arabes Unis. C'est l'une des
particularités du dernier longs-métrage de Tobe Hopper, mais pas la
seule puisqu'il est en outre en arabe et en anglais. Le cadre
lui-même est très curieux :un
couple d'émiratis quitte les États-Unis pour son pays d'origine un
an après avoir perdu leur bébé, victime de la mort subite du
nourrisson. Là-bas, ils vont être confrontés à des phénomènes
étranges. Une créature semble en effet les avoir pris pour cible.
Le djinn en question. Installés dans un luxueux hôtel, les
événements ne tardent pas à se déchaîner sur eux. Voisins
étranges, brume persistante, fantôme drapé de noir, apparition de
la mère défunte, infanticide, Tobe Hopper ne lésine pas sur les
effets et pourtant, le cinéaste ne fait que pomper des idées
entrevues un peu partout ailleurs.
Il s'inspire du cinéma asiatique
lorsqu'il s'agit de faire de son Djinn, une créature rampante,
marchant au plafond et apparaissant sur les caméras de surveillance
de l'hôtel (DarkWater),
plonge l'édifice dans une brume épaisse et permanente (The
Mist),
et accueille des voisins louches et un bébé satanique (Rosemary's
Baby).
Djinn
propose cependant quelques bonnes idées. Comme l'hypothèse d'un
hôtel, en réalité, désaffecté (la scène où le héros demeure
invisible aux yeux des policiers qui de l'extérieur de l'édifice
constate qu'il est en réalité abandonné depuis des mois). L'un des
aspects les plus intéressant du film est d'aborder la thématique du
fantôme sous un aspect différent : le djinn étant une
créature surnaturelle étant relativement peu représentée (On
n'oubliera cependant pas l'extraordinaire roman de Graham Masterton,
Le
Djinn,
écrit en 1976 et édité chez nous en 1985). Les CGI sont de piètre
qualité et le montage assez désordonné. Comme le déroulement de
l'histoire d'ailleurs. Tobe Hooper à des idées, tente de les mettre
en pratique, mais on a la furieuse sensation que, pressé par le
temps, le cinéaste les a jeté sans cohérence précise. Toujours
est-il que Djinn
n'est pas l'infâme daube que certain aiment prétendre. Une œuvre
qui n'aura en tout cas pas connu la joie d'une sortie dans l'hexagone
puisqu'il demeure toujours inédit chez nous. Un film à réserver
aux fans de ce grand Monsieur qui nous a malheureusement quittés le
26 août dernier...
Merci pour cet hommage qui remet Tobe Hooper à sa juste place.
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