Après un pitoyable
Massacre à la Tronçonneuse : le Commencement qui
mentait sur la marchandise, deux français ont promis de s'atteler à
une vraie préquelle au classique de Tobe Hooper. Leatherface
est le titre que Julien Maury et Alexandre Bustillo ont choisi de
donner au huitième et nouveau volet de la franchise, ne laissant
planer ainsi aucun doute sur son contenu. Bon, pour être tout à
fait honnête, le film n'est pas vraiment celui auquel je
m'attendais. S'il propose un retour aux sources concernant
l'emblématique personnage de la saga, à vrai dire, le mieux aurait
été de nous proposer une œuvre exploitant la lente dégénérescence
de la famille Sawyer plutôt que d'exposer un Jedidiah se muant peu à peu en Leatherface. D'ailleurs, à ce propos, la
chose n'intervenant qu'au court des dernières quinze minutes, le
reste du long-métrage des deux français ressemble davantage à un
huis-clos psychiatrique se transformant peu à peu en un road-movie
sanglant qu'à un biopic fictionnel centrant son intrigue sur le plus
jeune membre d'une famille de dingues. Comme le soulignait le
personnage de Nubbins Sawyer (l'auto-stoppeur de l’œuvre
originale), la famille Tronçonneuse (telle qu'elle est
parfois décrite dans la presse spécialisée) est née du progrès
en matière d'abattage d'animaux dans les abattoirs. Un fait qui
n'est pas relaté dans cette préquelle qui inscrit dès l'origine
ses personnages dans un état de dégénérescence déjà bien
avancée. Pour preuve, le sort accordé à un voleur de cochons lors
de la célébration de l'anniversaire de Jed auquel sa mère, Verna
Sawyer pense offrir comme cadeau, une tronçonneuse avec laquelle
elle lui offre de faire payer au voleur son méfait.
Dommage... oui, dommage
que Julien Maury et Alexandre Bustillo aient dès le départ choisi
de plonger le récit dans cette notion de folie alors qu'il aurait
été fort sympathique de découvrir en premier lieu une famille
Sawyer normale. Travaillant dans un abattoir, lequel aurait été
nettement plus salubre que le grotesque bâtiment exhibé en
ouverture de Massacre à la Tronçonneuse : le
Commencement.
Une famille saine d'esprit perdant peu à peu la notion du bien et du
mal face au chômage.
Les
deux français exposent une famille Sawyer déjà bien atteinte alors
que le film démarre au beau milieu des années cinquante, soit
environ vingt ans après les faits relatés dans l’œuvre originale
de 1974. Une ouverture qui ne dénote malheureusement pas des volets
précédents qui sent bon (ou mauvais) la redondance. Les auteurs du
très gore A L'Intérieur
enferment ensuite le fiston dans un institut spécialisé dans le
traitement des enfants et des adolescents victimes de déviances
mentales très lourdes. C'est ici donc que l'on retrouve celui qui
deviendra plus tard, Leatherface. Dix ans ont passé et le garçon a
bien grandi. Il ne s'appelle désormais plus Ed mais XXX. Vous verrez
par vous-même ! Histoire d'en faire des tonnes, Julien Maury et
Alexandre Bustillo font des patients, une belle bande de dégénérés.
Même les infirmières n'ont pas l'air nettes. A part peut-être la
toute jeune Lizzy qui vient tout juste d'être engagée. Quant au
directeur, n'en parlons pas.
Après
ce court passage en institut, c'est la révolte. Les pensionnaires
foutent un bordel durant lequel quatre patients prendront la fuite.
Quatre dont, notre cher futur « Tronche de Cuir ». c'est
la plus longue partie du film mais pas forcément la plus
intéressante non plus. Une fuite en avant pour des fugitifs au
paroxysme de la violence. A ce propos, nous retiendrons la
performance de l'acteur James Bloor qui dans le rôle de Ike est
vraiment épatant. Histoire de nous en mettre plein la gueule,
Julien Maury et Alexandre Bustillo nous assènent quelques scènes
bien crades dont une fusillade très efficace dans un restaurant. Le
choix des acteurs principaux et des seconds rôles se révèle fort
judicieux. Des gueules comme on aimerait en voir plus souvent. Qu'il
s'agisse des flics ou des patients échappés de l'asile, tous
dégagent un véritable sentiment de folie latente.
Le
dernier acte demeure sans doute le plus émouvant. Surtout si l'on se
réfère au fait qu'est rendu hommage à Tobe Hooper, producteur
exécutif sur Leatherface et
fort malheureusement décédé en août dernier, à travers les
quinze dernières minutes. Surtout à la toute fin qui nous exhibe
une famille telle qu'elle apparaîtra en 1974, si l'on fait
évidemment abstraction de la présence de la mère incarnée par
l'actrice Lili Taylor (The Addiction de Abel Ferrara) et du fait que
le grand-père soit dans une forme relativement bonne. La maison,
elle, est déjà décorée de plusieurs trophées de chasse et
respecte assez bien l'architecture de celle de l’œuvre originale. Au
final, Leatherface
est sympathique mais ne transcende jamais la légende entourant son
emblématique boogeyman...
Étonnant de faire la critique d'un film qui n'est pas encore sorti en France... Ta critique est sympa mais où as-tu-vu le film ?..
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