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mercredi 25 octobre 2017

Le Chat de Pierre Granier-Deferre (1971) - ★★★★★★★★☆☆




Le Chat de Pierre Granier-Deferre, c'est le reflet de la tristesse absolue. De la solitude du couple. De l'amour qui n'est plus, abandonnant sa place à la haine ordinaire. Au dédain. Au mépris. A l'amertume, au tourment, au désespoir. Ce dernier, c'est celui qu'éprouve Clémence, le personnage interprété par l'immense actrice française Simone Signoret. Cette ancienne trapéziste qui a dû abandonner sa carrière après une chute lors d'une représentation de cirque. Une sortie sur civière définitive pour une jeune femme qui ne se consacrera plus qu'à celui qu'elle aime. Mais qui la dévore de l'intérieur. Lui, c'est Jean Gabin. Incarnant Julien, cet ancien ouvrier typographe. Au fil des années, vingt-cinq ans après leur union, Clémence et Julien ont cessé de cultiver leur passion commune. Ils vivent désormais au beau milieu d'un quartier de la banlieue parisienne. Seuls rescapés d'un lotissement qui s'effondre à coups de grues et de pelleteuses. Sous les gravas, les lieux, bientôt, renaîtront sous un nouveau jour, et, au milieu de ce qui ressemble pour l'instant à un vaste chantier, comme une verrue au milieu d'un visage, les deux héros de cette triste et bouleversante histoire demeurent dans le silence. Dans une même maison, vivent deux être qui se sont aimés mais qui depuis longtemps déjà semble-t-il, s'ignorent royalement. A qui la faute ?
Galant, Pierre Granier-Deferre imagine les sources du mal à travers l'odieux personnage de Julien que campe merveilleusement bien Jean Gabin. Le responsable, c'est donc forcément lui. Un homme qui n'éprouve plus rien pour celle qu'il a aimée. Jalousée. Au point de se satisfaire de l'accident dont elle fut victime par le passé. C'est vrai, qui aurait alors voulu d'une éclopée ? Beau prince, lui l'a épousée. Mais ne lui a jamais fait d'enfants. L'a cloisonnée dans ce petit pavillon de banlieue. Sans doute très joli à l'époque de sa construction, mais qui dans ce quartier qui accueillera bientôt de grands et modernes buildings fait tâche.

Alors, justifié ou pas, le comportement de Clémence peut après tout se comprendre. Ce chat qui vient de s'installer dans le couple, c'est forcément lui le problème. Du moins, celui qui n'aide pas à la réconciliation. D'un côté, Julien qui se trouve un nouveau compagnon, désertant davantage encore ses responsabilités d'époux. De l'autre, Clémence, qui vit l'intrusion du félin comme une nouvelle trahison. Oui, vraiment, on peut comprendre qu'à bout de force, elle aie voulu s'en débarrasser. L'abandonner dans un grand magasin. Pour l'atteindre lui, Julien, lui faire mal comme il la blesse, elle, sans relâche, ignorant ses cris de désespoir. Lorsqu'il acceptait encore de lui adresser la parole. Ce silence qui désormais hante les lieux, c'est lui qui l'a instauré. Et puis, arrive ce qui devait arriver...

« j't'avais dit que j't'aimerais toujours, ben, je m'suis gouré, j'ai vieilli, et puis j't'aime plus... »

Le Chat, c'est la promesse d'une expérience vraiment hors du commun. C'en est même presque trop. Trop de chagrin. Trop de noirceur. Trop pessimiste. Avec ce long-métrage, Pierre Granier-Deferre nous introduit dans l'intimité de ce couple délié avec une force d'évocation étonnante. Simone Signoret joue sur l'expressivité de son visage pour faire passer la foule d'émotions qui traversent son personnage. Jean Gabin, lui, use de son timbre et d'un vocabulaire imprudent. Le Chat n'est clairement pas le film divertissant des familles. C'est surtout la satisfaction de retrouver deux interprètes magnifiques qui du haut de leur talent, n'ont pas besoin d'en faire des tonnes pour qu'un long frisson nous parcoure l'échine. Pierre Granier-Deferre expose ses personnages sans pour autant donner dans le voyeurisme. Curieux comme le film semble faire référence à l'histoire même de Simone Signoret qui selon la légende, vécu une fin de relation avec l'immense Yves Montand, plutôt désagréable. Avec pudeur, mais sans jamais sacrifier son œuvre à la facilité et aux compromis, le cinéaste prenait un risque insensé. Le long-métrage est si désespéré, si profondément ancré dans la noirceur du propos et de ses personnages qu'on pourrait éprouver le besoin de le fuir.
S'il demeure un élément essentiel, pourtant particulièrement discret ici, à la mise en œuvre de ce récit, c'est le thème musical composé par Philippe Sarde. Un thème au piano qui, invariablement fait chavirer le cœur. Vous le transperce comme il incommode l'âme. La tragédie prend alors davantage de sens et certaines scènes y gagnent en émotion. En profondeur. Comme ce ralenti fixant sur la pellicule une Simone Signoret se recoiffant sur le pas de la porte de leur maison. Bouleversant ! La sinistrose nous guette et pourtant, il demeure comme une attirance indéfectible envers Le Chat qu'une alchimie finement dosée parvient à rendre d'une parfaite homogénéité. Si Jean Gabin et Pierre Granier-Deferre ne tourneront plus ensemble, le cinéaste et Simone Signoret se retrouveront par deux fois encore, sur le tournage de La Veuve Couderc, la même année, ainsi que onze ans plus tard en 1982 sur celui de L'Étoile du Nord... A noter la présence d'Annie Cordy dans le rôle de Nelly, la patronne de l'hôtel et ancienne maîtresse de Julien...


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