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vendredi 20 octobre 2017

La Tour Sombre de Nikolaj Arcel (2017) - ★☆☆☆☆☆☆☆☆☆



« L'homme en noir fuyait à travers le désert et le pistolero le poursuivait... ». Ainsi s'ouvrait le tentaculaire ouvrage de Stephen King, La Tour Sombre. Les fans de cette œuvre époustouflante le comprendront assez rapidement : son adaptation au cinéma par le cinéaste danois Nikolaj Arcel aura pris de très larges libertés avec le récit original. Le réalisateur, aidé des scénaristes Anders-Thomas Jensen, Akiva Goldsman et Jeff Pinkner prend le roman à son compte et le transforme en un objet qui paraîtra bien évidemment aux yeux des fans du romancier comme une trahison. Si certains estimeront qu'il s'agit là d'un détail, le fait que le personnage de Roland Deschain, le pistolero en question, passe du blanc au noir est cependant très significatif.
On ne va y aller par quatre chemins : les fans de La Tour Sombre, le cycle de romans, se répéteront inlassablement que « non ! Il ne s'agit pas de l'adaptation de leur œuvre préférée du King. ». Tout au plus la vulgarisation d'un univers tellement vaste et complexe que pour parvenir à ses fins et produire un long-métrage ne durant pas plus d'une heure, et vingt et quelques autres minutes (surtout si on lui ôte celles du générique de fin), le cinéaste danois a dû faire de très nombreuses coupes franches. Comme dès le départ, cette ouverture qui à l'origine nous contait la longue traversée du désert du héros Roland Deschain. En tant que tel, La Tour Sombre, le film, est alors une daube incommensurable. Une honteuse adaptation qui ne soustrait de l’œuvre littéraire que ce qui l'arrange. Une insulte pour les millions de fans de l'auteur de Carrie, Simetierre, et Christine. Mais par pour le King qui, apparemment, a encensé l’œuvre de Nikolaj Arcel tandis qu'il avait émis à l'époque de sa sortie, une certaine réticence envers l'adaptation de l'excellent Shining par le cinéaste britannique Stanley Kubrick. Stephen King serait-il meilleur auteur que critique ? Oui, très certainement.
Western, heroic Fantasy, science-fiction, action, tout ceci sous perfusion de musique épique. Un long-métrage à l'attention des familles. Qui dénué de toute la profondeur du récit original laisse pantois. Pas d'admiration, non. Un film qui n'est même pas digne de figurer parmi les meilleurs blockbusters de la décennie. C'est dire si l'ouvrage et poussif, brouillon, expéditif.

Durant un instant, pourtant, on se prend à rêver : A imaginer que le cinéaste n'a ouvert qu'une nouvelle des nombreuses portes menant vers l'univers de La Tour Sombre. Une préquelle annonçant alors l'arrivée prochaine d'une trilogie ? D'une tétralogie. D'une quintologie ? Car comment expliquer alors l'absence de certains des plus importants personnages de cette immense épopée ? Où donc est passé l’héroïnomane Eddie Dean ? Pourquoi son épouse, Susannah, la schizophrène afro-américaine amputée des deux jambes, est-elle absente ? Comment expliquer la disparition du bafou-bafouilleux, Ote, l'animal de compagnie de Jake Chambers, seul rescapé avec Roland Deschains du nettoyage aux grandes eaux dont a été victime le long-métrage ?

Certains auront beau dire qu'au delà de la déception, le film demeure tout à fait regardable, je leur répondrai que oui, c'est certain, mais qu'il lui manque tout le sel, toute la sève qui faisaient du roman original un voyage extraordinaire. Des personnages attachants dont on se fiche désormais de savoir quel sort leur sera attribué. Pire : le film est tellement mauvais qu'il ôtera sans doute à certains des nons-initiés, la volonté de se plonger dans l'ouvrage de Stephen King. Si l'on approfondit la chose, avec ce petit brin de paranoïa que l'on pourrait éventuellement développer devant un tel désastre, on pourrait aller jusqu'à émettre l'hypothèse que La Tour Sombre, le film n'est qu'une immense affiche publicitaire vivante consacrant avec mauvais goût, l’œuvre de toute une vie d'un écrivain terriblement productif.

Lorsque l'on retourne en arrière, que l'on suit la genèse du long-métrage, on se dit qu'il n'aurait pu en être autrement. Le projet courrait depuis maintenant dix ans. Tant de studios de production et de cinéastes se sont succédé que le résultat ne pouvait ressembler au final qu'à une œuvre bâtarde. Un budget de soixante millions de dollars pour un bénéfice de cinquante sur le sol américain. En comptant les recettes mondiales, le film n'a finalement remporté que le double de la mise de départ. Et même un peu moins d'ailleurs. Un sort accordé au film bien mérité. Le plus troublant dans toute cette histoire sont les enjeux qui furent placés au cœur du projet. Un projet de longue haleine donc, mais un résultat plus que médiocre. Si La Tour Sombre demeure bouleversant, ça n'est sans doute pas pour ses qualités narratives ou esthétiques mais bien pour l'immense et amère déception qu'il aura généré dans l'esprit des fans du monde entier. Triste dénouement...

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