L'homme derrière Z, L'Aveu, Le
Couperet, fait une petite pause en cette année 1986. Non pas
que le cinéaste originaire de Grèce ait mit de côté sa carrière
au cinéma mais l'intrigue de Conseil de Famille, qui
sort trois ans après l'histoire de Hanna K.,
jeune avocate installée à Jérusalem défendant pour sa première
affaire un réfugié palestinien, et deux années avant La
Main Droite du Diable
narrant l'intégration d'un agent du F.B.I dans le milieu du Ku Klux
Klan, paraît plus légère. En tout les cas, un récit qui ne se
prête en aucune manière à une quelconque polémique.
Au
centre de cette histoire tournant autour d'une famille de français
moyens, le chanteur Johnny Hallyday, qui prête ses traits à Louis,
le père, marié à Marianne (Fanny Ardant), la mère, lesquels sont
les parents de François (Laurent Romor puis Rémi Martin), le fils
et de Martine (Juliette Rennes puis Caroline Pochon), la fille. Louis
vient de sortir de prison où il a purgé une peine de cinq ans pour
cambriolage avec Maximilien Faucon (Guy Marchand), son plus vieil
ami. Dès leur sortie, les deux hommes ne pensent qu'à une chose :
retourner à leurs activités de malfaiteurs. Le point de vue choisi
par le cinéaste Costa-Gavras est celui du fils, qui parvenu à l'âge
adulte raconte l'histoire de cette famille peu commune, de sa plus
tendre enfance jusqu'à ce moment décisif où il décidera de voler
de ses propres ailes, se détachant ainsi de l'emprise de son père
qui veut que son fils prenne la relève.
Tout
commence par l'admiration d'un fils pour son père. Le jeune François
se souvient davantage des années de prison qu'à effectué géniteur
que du mensonge proféré par sa mère qui pour protéger ses deux
enfants préféra inventer une histoire bien différente de la
réalité. Fanny Ardant, c'est cette jeune mère aimante, protégeant
son fils et sa fille des dangers inhérents au métier qu'exercent
Louis et Max. Johnny Hallyday se défait un instant de son image de
rockeur charismatique en débarquant en survêtement. Pas de quoi
affoler les midinettes, d'autant plus que dans le rôle de l'époux
amoureux de sa femme, les baisers échangés lors de leurs
retrouvailles ne sont pas vraiment convaincants. Mais on oublie assez
vite ces petits détails et même si le chanteur est bien meilleur
dans la profession qui l'a rendu célèbre dans notre pays que comme
acteur, il ne se débrouille finalement pas si mal que cela par la
suite. Vient ensuite Guy Marchand. Moins séducteur qu'à
l'accoutumée, il conserve toujours cette collante étiquette de
beauf qui lui sied à ravir au cinéma. Fanny Ardant dénote quelque
peu dans cette étrange famille de cambrioleurs directement ou
indirectement impliqués. Une beauté froide, très classe, sans
doute mystérieuse. Une impression qui demeure davantage ancrée
après le passage oublié dans la demeure familiale entretenue par un
frère et sa progéniture dont la bourgeoisie dégoulinante fait
froid dans le dos.
Suivent
ensuite les jeunes Juliette Rennes et Laurent Romor qui davantage que
leur homologues plus âgés qui prendront la relève un peu plus loin
dans le récit demeurent impeccables. On s'attache assez rapidement à
ce frère et cette sœurs, très attachés l'un à l'autre,
Costa-Gavras évoquant même parfois une attirance de la part de
Martine dépassant les limites imposées par la raison. Conseil
de Famille est
une comédie, et pourtant, rares sont les opportunités où rire nous
sont offertes. Le film se révèle parfois plus triste que réellement
amusant. Johnny Hallyday ne cabotine jamais mais heureusement, la
fraîcheur de ses jeunes interprètes donne un coup de fouet à un
récit qui sinon, aurait eu tendance à s'enfoncer dans un certain
ennui. Les cambriolages n'étant finalement pas vraiment au centre de
l'intrigue, Costa-Gavras les filme assez mollement et ne leur prête
pas suffisamment d'attention. On notera la participation de l'acteur
Fabrice Luchini
dans le rôle de l'avocat véreux. Au final, Conseil
de Famille est
une œuvre sympathique mais qui ne transcende jamais le genre. Une
petite chronique familiale qui fait tout de même pâle figure dans
la filmographie de son auteur...
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