Qu'il est dur de vivre en
communauté. Victor, son épouse Jeanne et leur gamine vont très
vite s'en rendre compte. Sur le chemin du retour des vacances, ils
s'arrêtent en bord de route pour rendre visite à jean-Paul, ancien
professeur de yoga et vieil ami de Jeanne. En compagnie de Gaya,
Philippine, Patrice, François et bien d'autres, celui-ci a créé
une communauté dont la principale cause est de manifester contre le
projet de construction d'un parc aquatique en pleine nature. Bien que
Victor aie du mal à se faire aux habitudes érigées par Jean-Paul,
et surtout Gaya qui malgré ses principes, se comporte parfois en
véritable despote ne souffrant d'aucune forme d'opposition, il
accepte de rester quelques jours sur demande de Jeanne. Alors que la
communauté reçoit régulièrement la visite d'une compagnie de CRS
chargée de les chasser, un événement dont la portée est mondiale
va venir bousculer l'ordre établi. La jeune Maéva, fille de
Jean-Paul, reçoit l'une des toutes dernières informations reléguées
par les réseaux sociaux : le monde vit un véritable fléau :
Une pandémie a décimé la totalité de l'humanité, et les membres
de la communauté semblent être les derniers survivants. De ce fait
tragique vont naître au sein de cette dernière, des conflits qui
peut-être, vont la mener à sa fin...
Problemos,
c'est un peu la version moderne des Babas-Cool que
François Leterrier réalisa trente-six ans auparavant. Après Seuls
Two et La Tour de Contrôle Infernale, c'est le
troisième long-métrage que l'acteur-réalisateur Eric Judor
interprète et met en scène lui-même. Une communauté
paisible, avec des valeurs prônant le retour à la nature, évacuant
ainsi toute forme de technologie (tablettes, ordinateurs et
téléphones portables sont proscrits à l'intérieur même de la
communauté). Douches froides, culture de fruits et légumes, séances
de discussion et résistance face à l'oppression des autorités.
Mais pas seulement. Car en un peu moins d'une heure trente, Eric
Judor dresse une liste (non exhaustive) de critiques. Une vision du
communautarisme périmée où les valeurs ne tiennent pas longtemps
face à certains manques. De la dualité entre le choix du retour à
la nature et le confort que certains entretiennent naît des tensions
que le cinéaste et acteur s'amuse à confronter. A ce titre,
l'actrice Blanche Gardin campe une Gaya admirable. Elle signe ici une
composition digne de celle qu'elle interprétait six ans en arrière
dans Low Cost de Maurice Barthélémy.
Bien que le film s'ouvre
sur un certains nombre d'ellipses, offrant ainsi de curieux
raccourcis, le film, peu à peu prend son rythme de croisière. Les
vannes fusent, toutes proportions gardées, comme au bon vieux
temps des Bronzés. La communauté que nous détaille
Eric Judor ressemble à une cocotte minute prête à exploser.
Youssef Hadji campe le rôle d'un ingénieur inventif, capable de
miracles en fouillant la décharge avoisinante. Un génie dans sa
catégorie mais, malheureusement, source de problèmes. Bun Hay Mean
est le chaman du groupe. Un type zen dont nous découvrirons bientôt
les véritables origines. Dorothée Pousséo est à l'image de Michel
Nabokoff. Ils portent à eux seuls les véritables intentions de la
communauté sans jamais défaillir un seul instant. L'humoriste Marc
Fraize nous fait le plaisir de sa présence en incarnant un Patrice
dépressif, impuissant mais déterminé. Eddy Leduc, est un ancien
jihadiste reconverti en punk (sans chien). Quant à Claire Chust,
dans le rôle de Maéva, elle incarne tout ce que représente la
jeunesse actuelle. Tellement aveuglée par les télés-réalités
qu'elle a choisi de s'y évader pour échapper à la dure réalité
du monde qui l'entoure. Au milieu de tout cas, Eric Judor se fait
plaisir en écharpant chaque procédé, participant ainsi à une
véritable partie de ping-pong avec Blanche Gardin dont le personnage
possède également des ressources.
Les fans du duo Eric et
Ramzy seront très certainement comblés même si le second est aux
abonnés absents. Le film contient suffisamment de gags pour que
certains, au moins, fassent mouche. L’œuvre est plaisante à
suivre même si l'on est loin d'atteindre les cimes du genre. On
aurait peut-être aimé une vision un peu plus étendue du cataclysme
qui a renversé l'humanité mais Eric Judor a préféré jusqu'au
bout s'en tenir à sa communauté. D'où cette question :
y-aura-t-il une suite ?
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