Presque dix ans après la
sortie de l'excellent remake du chef-d’œuvre de Friedrich Wilhelm
Murnau , Nosferatu (Nosferatu,
Phantom der Nacht, réalisé par l'allemand Werner
Herzog en 1979), le producteur et réalisateur italien Augusto
Caminito décide de mettre en chantier une suite à cette superbe et
mortifère novélisation de l'un des plus grands films
expressionniste de toute l'histoire du cinéma. Un projet louable
mais dangereux. Comment, en effet, prétendre pouvoir élever une
œuvre à la hauteur des deux classiques dont elle certifie être la
suite ? Une idée forte, des possibilités multiples, mais à
l'écran, un résultat catastrophique. En partie responsable de ce
titanesque naufrage, Klaus Kinski. Le nosferatu de Werner Herzog
lui-même a saccagé le potentiel d'une œuvre qui au final n'est
plus qu'un nanar pitoyable dont la potentielle force a été anéantie
par le caractère houleux de ce personnage connu pour entrer des
rages folles sur les plateaux de tournage. Werner Herzog peut en
témoigner. Son excellent documentaire Mein Liebster Feind
retraçant ses différentes collaborations avec l'acteur également.
Nosferatu
a Venezia est tellement mauvais que, comment dire...
qu'on a l'impression parfois que la réalisation a été confiée au
cinéaste Lamberto Bava ! Celui qui officiellement a mis la
dernière main à une œuvre que plusieurs réalisateurs ont
abandonné en raison du comportement instable de la star allemande a
eu beau choisir d'habiller son long-métrage avec la dantesque et
symphonique partition musicale que Vangelis écrivit et produisit en
1985 (The Mask), rien n'y fait. De même, le
compositeur Luigi Ceccarelli tente d'intercaler ses propres
composition sans jamais atteindre la grâce et la force de celle du
grec.
Fini l'Allemagne.
Désormais, Nosferatu traîne son inquiétante silhouette à Venise,
durant son célèbre carnaval. Pourchassé par le professeur Paris
Catalano, il y a été aperçu près de deux-cent ans plus tôt. Le
chasseur de vampires s'étant mis en tête que Nosferatu désirait
mettre un terme à son existence, il fera tout pour y parvenir...
Wouaw ! Ça a de la
gueule, non ? Non, en effet, ce résumé n'en a pas. Ni le film
d'ailleurs. Ni l'ambiance qui, à part en d'infimes circonstances, ne
dégage jamais l'atmosphère délétère particulièrement
remarquable de l’œuvre de Werner Herzog dont Nosferatu
a Venezia
se prétend être la suite. Et dire qu'ils s'y sont mis à plusieurs.
Les cinéastes Maurizio Lucidi et Pasquale Squitieri tout d'abord,
qui abandonnèrent par la suite en raison d'un désaccord avec la
production. Puis c'est au tour de Mario Caiano de jeter l'éponge,
agressé par Klaus Kinski qui lui jette au visage un miroir, lui
hurlant dessus et l'insultant. C'est finalement le producteur du film
lui-même, Augusto Caminito, qui termine le boulot. Le chantier,
dirais-je. Aidé du cinéaste Luigi Cosi, l'auteur du cultissime
Contamination
en 1980. Le résultat à l'écran est désastreux. Vangelis a beau
être un compositeur brillant, sa musique ne colle pas tout à fait
aussi bien que celle de Popol Vuh. Celle de Luigi Ceccarelli encore
moins. Ce dernier échoue lamentablement dans sa tentative de coller
à l’œuvre du grec sans jamais y parvenir un seul instant. L'un des
faits les plus remarquables de ce Nosferatu
a Venezia
indigeste demeure sans doute dans l'apparence de Klaus
Kinsi/Nosferatu. N'ayant probablement pas envie d'abîmer ou de
perdre totalement sa belle chevelure blonde, l'acteur refuse
catégoriquement de se faire raser le crâne comme dans Nosferatu,
Phantom der Nacht.
Un traitement
capillaire
inavoué par Augusto
Caminito qui devra pourtant s'en contenter. Au final, celui que l'on
n'attendait pas (je parle du film) se révèle n'être rien d'autre
qu'un nanar, ponctué d'interminables scènes de carnaval et de
danses flamenco. Des passages inutiles mais qui, certainement, firent
office de remplissage à un film qui n'éxcède dans sa globalité,
pas les quatre-vingt dix sept minutes.
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