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vendredi 8 septembre 2017

Wojna swiatów - nastepne stulecie de Piotr Szulkin (1981) - ★★★★★★★★★☆



Iron Idem est un journaliste et un animateur télé adulé par le public qui reconnaît en lui un homme indépendant, courageux, et proche du peuple. Lorsque les martiens descendent sur Terre, sa grande liberté de ton est muselée par les autorités et par le patron de la chaîne qui lui impose malgré ses convictions d'écrire des textes allant dans le sens de ce qui demeure en réalité une invasion. Opprimé, le peuple n'a qu'une seule alternative : celle d'accepter les nouvelles règles en vigueur. La présence des extraterrestres vampirise les médias, ainsi que les autorités dont la plus commune des représentations, la Police, flirte avec l'ennemi d'un peuple qui doit accepter la présence de l'intrus en lui donnant son propre sang.
Si Idem refuse un temps de se plier aux nouvelles règles en vigueur, la disparition de son épouse orchestrée par la Police lui inflige l'obligation de tenir des promesses qui vont aller directement à l'encontre de ses valeurs. Pour lui, rien n'a de plus important désormais que de revoir sa femme. Et pour cela, il va dorénavant produire des discours rassurants, mais, mensongers à l'attention du peuple. Menant un combat personnel pour ne pas être définitivement dévoré par le remord et la honte, Idem devra tenir jusqu'au jour où il aura enfin la chance de revoir celle qu'il aime...

Second volet de la tétralogie du cinéaste polonais Piotr Szulkin consacré à des univers post-apocalyptique, Wojna swiatów - nastepne stulecie est une œuvre d'une puissance évocatrice phénoménale. Alors même que quelques mois plus tard la fédération de syndicats polonais fondée le 31 août 1980, Solidarność, sera désormais interdite, son film est un pamphlet ne s'autorisant aucun compromis sur l'état d'une nation s'évertuant à mentir au peuple par la voie du silence, mais également et surtout à travers le mensonge. Ici, ce sont directement les médias qui sont la cible de Piotr Szulkin. L'indépendance d'un journaliste mise à mal grâce aux pressions qui sont exercées sur lui. Face à une autorité mettant tout en œuvre pour accueillir à bras ouverts une race d'extraterrestres dont les intentions sont faussement avantageuses pour l'espèce humaine (les envahisseurs ne veulent en réalité que s'approvisionner en sang humain), une résistance souterraine met en œuvre les préparatifs d'un attentat qui devrait fort logiquement faire boule de neige.

Sauf que tout ne se déroule pas comme prévu dans l'univers du cinéaste polonais. Même les spectateurs (nous, en somme) sont trompés, certaines situation rendues alors caduques. Comme ce vieil homme un peu fou, seul à pouvoir être encore capable de renverser la vapeur. Le spectateur demeure tout comme lui ignorant de l'issue fatale de l'acte révolutionnaire qu'il s'apprête à accomplir. Notre héros quant à lui demeure muselé, souffrant dans son cœur, son âme et sa chair de ne pouvoir exprimer à sa juste valeur ce qu'il éprouve au fond de lui vis à vis de l'état de dépendance à l'envahisseur dans lequel se trouve sa nation.

Contrairement à Golem qui arborait une esthétique en sépia terriblement efficace servant un propos parfois surréaliste, Wojna swiatów - nastepne stulecie est visuellement moins percutant à l’œil nu, mais son propos, lui, va plus loin dans l'horreur. Nous ne sommes plus très loin des horreurs de la Shoah même si la distanciation créée par l'aspect science-fictionnel du film aide parfois à dédramatiser le propos. Si l'on n'assiste pas directement au massacre de notre humanité, les débordements de certains d'entre nous (censés représenter la sécurité du peuple humain), la collaboration, en rappellent certains aspects. Wojna swiatów - nastepne stulecie ressemble parfois à une énorme farce (parfaitement illustrée par l'affiche du film). C'est vrai, les martiens sont un peu ridicules, pas plus hauts qu'une rangée de pissotières, et l'épiderme entièrement peint en couleur argentée. Le point d'orgue demeure le simulacre final dont la portée crée un étrange sentiment d'intemporalité. Le réel se mêlant à la fiction. En tout cas, Piotr Szulkin parvient très clairement à faire circuler son message et son adaptation très libre de La Guerre des Mondes de H. G. Wells demeure une œuvre fort convaincante...

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