Iron Idem est un
journaliste et un animateur télé adulé par le public qui reconnaît
en lui un homme indépendant, courageux, et proche du peuple. Lorsque
les martiens descendent sur Terre, sa grande liberté de ton est
muselée par les autorités et par le patron de la chaîne qui lui
impose malgré ses convictions d'écrire des textes allant dans le
sens de ce qui demeure en réalité une invasion. Opprimé, le peuple
n'a qu'une seule alternative : celle d'accepter les nouvelles
règles en vigueur. La présence des extraterrestres vampirise les
médias, ainsi que les autorités dont la plus commune des
représentations, la Police, flirte avec l'ennemi d'un peuple qui
doit accepter la présence de l'intrus en lui donnant son propre
sang.
Si Idem refuse un
temps de se plier aux nouvelles règles en vigueur, la disparition de
son épouse orchestrée par la Police lui inflige l'obligation de
tenir des promesses qui vont aller directement à l'encontre de ses
valeurs. Pour lui, rien n'a de plus important désormais que de
revoir sa femme. Et pour cela, il va dorénavant produire des
discours rassurants, mais, mensongers à l'attention du peuple.
Menant un combat personnel pour ne pas être définitivement dévoré
par le remord et la honte, Idem devra tenir jusqu'au jour où il aura
enfin la chance de revoir celle qu'il aime...
Second volet de la tétralogie du cinéaste polonais Piotr Szulkin
consacré à des univers post-apocalyptique, Wojna swiatów -
nastepne stulecie est une œuvre d'une puissance évocatrice
phénoménale. Alors même que quelques mois plus tard la fédération
de syndicats polonais fondée le 31 août 1980, Solidarność,
sera désormais interdite, son film est un pamphlet ne s'autorisant
aucun compromis sur l'état d'une nation s'évertuant à mentir au
peuple par la voie du silence, mais également et surtout à travers
le mensonge. Ici, ce sont directement les médias qui sont la cible
de Piotr Szulkin. L'indépendance d'un journaliste mise à mal grâce
aux pressions qui sont exercées sur lui. Face à une autorité
mettant tout en œuvre pour accueillir à bras ouverts une race
d'extraterrestres dont les intentions sont faussement avantageuses
pour l'espèce humaine (les envahisseurs ne veulent en réalité que
s'approvisionner en sang humain), une résistance souterraine met en
œuvre les préparatifs d'un attentat qui devrait fort logiquement
faire boule de neige.
Sauf
que tout ne se déroule pas comme prévu dans l'univers du cinéaste
polonais. Même les spectateurs (nous, en somme) sont trompés,
certaines situation rendues alors caduques. Comme ce vieil homme un
peu fou, seul à pouvoir être encore capable de renverser la
vapeur. Le spectateur demeure tout comme lui ignorant de l'issue
fatale de l'acte révolutionnaire qu'il s'apprête à accomplir.
Notre héros quant à lui demeure muselé, souffrant dans son cœur,
son âme et sa chair de ne pouvoir exprimer à sa juste valeur ce
qu'il éprouve au fond de lui vis à vis de l'état de dépendance à
l'envahisseur dans lequel se trouve sa nation.
Contrairement
à Golem qui
arborait une esthétique en sépia terriblement efficace servant un
propos parfois surréaliste, Wojna swiatów -
nastepne stulecie est
visuellement moins percutant à l’œil nu, mais son propos, lui, va
plus loin dans l'horreur. Nous ne sommes plus très loin des horreurs
de la Shoah même si la distanciation créée par l'aspect
science-fictionnel du film aide parfois à dédramatiser le propos.
Si l'on n'assiste pas directement au massacre de notre humanité, les
débordements de certains d'entre nous (censés représenter la
sécurité du peuple humain), la collaboration, en rappellent
certains aspects. Wojna swiatów - nastepne stulecie
ressemble parfois à une
énorme farce (parfaitement illustrée par l'affiche du film). C'est vrai, les martiens sont un peu ridicules, pas
plus hauts qu'une rangée de pissotières, et l'épiderme entièrement peint en
couleur argentée. Le point d'orgue demeure le simulacre final dont
la portée crée un étrange sentiment d'intemporalité. Le réel se
mêlant à la fiction. En tout cas, Piotr Szulkin parvient très
clairement à faire circuler son message et son adaptation très libre de La Guerre des Mondes de H. G. Wells demeure
une œuvre fort convaincante...
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