Bien que demeurant la
meilleure des quatre suites au film original, Les Évadés de
la Planète des Singes fera
un score, dans les salles de cinéma américains, plutôt décevant.
Dix millions de recette, ça n'est pas mal en comparaison des deux
millions et quelques poussières investis dans le projet mais pas
suffisamment selon la production. Un tournage qui du moins se sera
déroulé dans des conditions bien meilleures que celles du précédent
volet, Le Secret de la Planète des Singes.
Si le succès n'est pas véritablement au rendez-vous, c'est sans
doute parce que les producteurs, convaincus que le public débarquera
en masse dans les salles obscure, ne s'est penchée suffisamment sur
la promotion du long-métrage de Don Taylor et que les adolescents,
ceux qui en partie constituaient jusqu'à maintenant le public ne
semble pas très émus devant le synopsis d'un troisième épisode
qui se penche avant tout sur les personnages de Zira et Cornelius et
abandonne la science-fiction et l'action des deux premiers opus.
Toujours
est-il que pour La Conquête de la Planète des
Singes,
on fait désormais appel au cinéaste J. Lee Thompson, lequel est
connu pour avoir notamment réalisé Les Cannons
de Navarone
et la première version des Nerfs à Vif.
De la série de films originaux dont la chronologie s'étant de 1968
à 1973, le réalisateur, scénariste et producteur britannique sera
le seul a avoir la charge d'en réaliser deux. Celui-ci, donc, mais
également le dernier, La Bataille de la Planète
des Singes.
Alors que le troisième volet ressemblait davantage à une histoire
d'amour débarrassé de l'action et de la science-fiction des deux
précédents, J. Lee Thompson fixe très vite ses objectifs : La
Conquête de la Planète des Singes sera
une œuvre engagée s'inspirant très fortement des Émeutes de Watts
qui eurent lieu entre le 11 et le 17 août 1965 et qui virent
s'affronter la communauté noire du quartier de Watts, dont la
majorité des habitants est noire, et les forces de l'ordre. Des
émeutes justifiées par l'absence de politique contre la ségrégation
raciale, l'élément déclencheur ayant été une dispute entre les
forces de l'ordre et trois membres d'une famille noire.J. Lee
Thompson en conservera la force politique.
Pourtant,
le script original, toujours écrit de la main de Paul Dehn et une
fois encore inspiré par le roman de Pierre Boule, concentrait son
intrigue autour du cirque et de son propriétaire, Armando (toujours
interprété par l'acteur Ricardo Montalban). Une sorte de Freaks,
la Monstrueuse Parade
version simiesque. Un cirque abritant notamment Milo, l'enfant de
Zira et Cornelius, lequel et d'autres, devaient subir les mauvais
traitements infligés par un maître du nom de Breck. Mais alors que
dans les grandes lignes ce script connaît de profondes
modifications, le personnage de Breck qu'interprétera l'acteur Don
Murray passera par plusieurs changements avant de devenir Gouverneur.
Zira et Cornelius morts dans le précédent épisode, leurs
personnages disparaissent fort logiquement dans cette nouvelle
mouture. Ce qui n'empêche pas l'acteur Roddy McDowall de reprendre
du service sous les traits de César (anciennement Milo), le fils du
couple singes. Si La Conquête de la Planète
des Singes n'est
peut-être pas la meilleure séquelle possible, le scénario de Paul
Dehn offre une alternative alléchante à l'épisode précédent.
Vingt
ans après les événements situés autour des
Évadés de la Planète des Singes,
un virus décime les populations canines et félines. Afin de
remplacer ces animaux de compagnie, il est décidé que les singes
prendront leur place. Malheureusement, en raison de leurs compétences
accrues en comparaison de celles des chats et des chiens, les
chimpanzés deviennent peu à peu les esclaves de leurs maîtres. En
découvrant le sort réservé à ses semblables, César, maintenant
âgé de vingt ans, décide de leur enseigner ce qu'il a acquis dans
le but bien précis de mener une révolte contre les humains...
Des
humains asservissant chimpanzés et Gorilles. Un état proche du
fascisme qui gangrena l'Europe durant la première moitié du
vingtième siècle et dont J. Lee Thompson use de certains aspect
iconographiques afin de décrire un monde à venir (celui du tout
début des années quatre-vingt dix, le film ayant été tourné
vingt ans auparavant) dans lequel hommes et femmes semblent avoir
perdu une part de leur humanité en infligeant à leurs animaux de
compagnie des traitements similaires à ceux dont fut notamment
victime la communauté noire durant les « traites
négrières »
qui s'étalèrent sur plusieurs siècles. Ça n'est donc pas par
hasard si, outre l'humaniste Ricardo Montalban, le seul véritable
exemple d'humanité demeure dans le personnage de MacDonald, rôle
interprété par l'acteur noir Hari Rhodes.
Le
ton est donné. Finit les spectacle familial des Évadés
de la Planète des Singes.
Milo, devenu une fois sa capture, César,
est débarrassé du regard attachant que possédaient déjà ses
parents. Roddy McDowall semble aussi à l'aise qu'à l’accoutumé
même si cette fois-ci, il se devra d'interpréter le rôle délicat
du meneur de la révolte. Après une première et longue partie
durant laquelle J. Lee Thompson nous inflige le traitement décadent
subit par des primates tenus en laisse, violemment éduqués et
parfois même torturés par une autorité dont l'appartenance avec
une certaine Schutzstaffel
(dont les membres furent connus sous le nom de SS) ne fait aucun
doute, le moment est venu pour César d'apprendre à ses congénères
comment trouver le moyen de se défaire des entraves qui les
retiennent et de prendre le pouvoir. S'il demeure un aspect du film
qui manque de sens et qui pourtant se révélait inévitable (surtout
au vu du faible budget dont les fonds maigrissent à vue d’œil au
fil des épisodes), c'est dans l'évolution des singes. Comment
expliquer qu'en 1991, les primates de La
Conquête de la Planète des Singes
se dressent déjà presque aussi droits que les hommes alors qu'il
leur faudrait normalement un nombre incalculable d'années pour en
arriver là ? Toujours est-il qu'à part ce détail qui n'a en
fait, plus vraiment d'importance, J. Lee Thompson en profite pour
lancer une charge virulente contre certains aspects de la société
américaine de l'époque et qui, malheureusement, n'a pas vraiment
changée depuis. Si La
Conquête de la Planète des Singes demeure
d'un intérêt certain, c'est à travers cette montée en puissance
du règne des primates, de la révolte qui en découle, et des portes
qu'il laisse ouvertes à une hypothétique suite... qui ne tardera
pas à être mise en œuvre puisque dès l'année suivante, J. Lee
Thompson rempilera pour le cinquième et dernier volet de la saga, La
Bataille de la planète des singes...
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