Cinq années avant
l'immense 2001, l'Odyssée de l'espace de Stanley
Kubrick, le cinéaste tchécoslovaque Jindřich Polák proposait une
expédition spatiale à bord du vaisseau Ikarie XB-1. Son but,
voyager jusqu'à l'étoile Alpha du Centaure afin d'approcher une
planète blanche découverte récemment et que les scientifique du
monde entier supposent pouvoir abriter des formes de vie. A bord du
vaisseau, une quarantaine de scientifiques de toutes origines tentent
de cohabiter. Alors que certains ont laissé compagnes et époux sur
Terre, d'autres sont partis en couple. L'un des membres féminin
devrait même d'ailleurs accoucher lors du voyage vers Alpha du
Centaure dont la durée a été estimée à vingt-huit mois.
La séparation d'avec
leurs proches a été difficile pour certains, d'autant plus que le
voyage provoque un curieux phénomène de distorsion du temps. En
effet, si le voyage ne dure que vingt-huit mois, sur Terre, quinze
années auront passé. L'un des astronautes en fera les frais
puisqu'au moment de quitter l'orbite terrestre, sont épouse restée
au sol lui apprendra qu'elle est enceinte de lui. Lors du voyage,
l'équipage du Ikari XB-1 croise la route d'une étrange navette que
deux des astronautes iront explorer. Plus tard, les quarante
passagers se retrouvent confrontés à une étoile noire dont les
répercussions vont se révéler dramatiques, chacun se demandant
alors si elle ne va pas remettre en question le but de leur voyage...
Il existe deux versions
de Ikarie XB-1. On ne parle pas ici de la version
tchécoslovaque réalisée par Jindřich Polák et d'un remake, mais
deux versions d'un même film, le second étant une réadaptation
produite pour le sol américain et qui change totalement le récit et
son issue. Nous sommes alors plus près d'une œuvre fantastique que
d'un simple film de science-fiction, faisant ainsi de Ikarie XB-1, un
clone au format long de la série Twilight Zone. Ici,
nous aborderons la version originale voulue par le tchécoslovaque.
Une expédition somme toute assez réaliste et finalement beaucoup
moins divertissante que les œuvres de science-fiction actuelle. Le
film demeure cependant passionnant à suivre et reste même après
plus cinquante ans, d'une grande modernité.
L'intrigue se déroule
très exactement deux-cent ans après la création du film, soit en
2163. Tout le confort terrestre est à disposition. Salle de
réception, salle de sport, salle de détente. Chambres
individuelles. La seule contrainte demeurant dans le fait de devoir
cohabiter avec des individus étrangers, de devoir partager leurs
humeurs, ou d'être contraints et forcés de se nourrir à l'aide de
gélules renfermant les principaux éléments nutritifs essentiel à
la survie des membres de l'équipage.
Distorsion temporelle,
recherche d'une vie extraterrestre, symptômes liés au confinement,
découverte et exploration d'une navette, rencontre avec le passé,
confrontation avec des objets stellaires. Tout semble avoir été dit
dans ce film qui pourtant n'excède pas les quatre-vingt deux minutes
dans sa version originale (la version américaine ayant en outre
expurgé l’œuvre d'une bonne dizaine de minutes). Le film est une
adaptation du roman The Magellan Nebula du polonais Stanislaw
Lem, auteur qui aborda le désespoir des limites humaines et la place
de l'humanité dans l'univers.
Filmé dans un superbe
noir et blanc et dans des décors de science-fiction typiques de
l'époque, Ikarie XB-1demeure
remarquablement prenant. Sans doute pas aussi rigoureux que le sera
cinq ans plus tard le film de Stanley Kubrick mais tout de même
aussi passionnant. Le septième a rendu hommage à l’œuvre de
Jindřich Polák en proposant une ressortie cinéma le 19 avril
dernier. A voir absolument...
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