C'est vrai, C'est beau la vie quand on y
pense.
Pour son onzième long-métrage en tant que réalisateur, le
cinéaste, scénariste, producteur et acteur français Gérard Jugnot
décide de l'aborder sous un angle chaleureux, sans même penser un
seul instant exploiter la part sombre de l'humanité. Sans même voir
dans le personnage de Hugo, ce petit voyou, cette petite frappe des
cités qu'il aurait pourtant été si facile pour lui de caricaturer.
Gérard Jugnot préfère y voir un jeune adulte au sortir de
l'adolescence. Pas tout à fait mature, mais apte à prendre des
décisions qui iront toutes, d'une manière ou d'une autre, dans le
bon sens. C'est aidé de Guy Laurent, Thibault Vanhulle et Romain
Protat que Gérard Jugnot écrit le scénario tiré d'une idée que
lui a inspiré sa propre imagination. Une belle histoire d'amitié.
Une rencontre. Quelques ficelles un peu usées (le coup de la voiture
de rallye à réparer) mais un cœur GROS comme ça. Jugnot aime les
marginaux (Une Époque
Formidable),
les flics maladroits (Pinot
Simple Flic),
les Directeurs des Ressources Humaines (Fallait
Pas !),
Et les coiffeurs breton (Meilleur
Espoir féminin).
D'ailleurs, ici, il y retourne. En Bretagne. Et pas tout seul. Non,
accompagné de Hugo, qui non content de vivre dans une cité, porte
le cœur du fils de Loïc le Tallec que Jugnot campe lui-même.
Lassé
de bosser pour un concessionnaire dont il possède des parts, il les
revend et part à la recherche de Hugo dont il ne connaît tout
d'abord pas l'identité. Il veut savoir qui porte le cœur de son
fils. Peut-être sera-ce aussi l'occasion pour ce père qui ne s'est
jamais trop occupé de son enfant, de rattraper ses erreurs avec
Hugo. Et cela tombe bien puisque le jeune homme vit avec sa
grand-mère. Se déplaçant jusqu'en Bretagne, patrie de Loïc, les
deux hommes vont apprendre à se connaître. A s'apprécier, certes.
Mais aussi, parfois, à se prendre la tête. Une belle amitié naît
pourtant entre ces deux individus que tout ou presque sépare. Si à
travers Hugo Loïc va tenter de rattraper ses erreurs passées, Hugo,
lui, sans le savoir, va peut-être enfin savoir ce que c'est que
d'être aimé, comme un fils...
Peut-être
pas aussi fort et chargé en émotions que Une
Époque Formidable,
C'est beau la vie quand
on y pense demeure
tout de même une belle surprise. La rencontre entre l'ancien, Gérard
Jugnot, et le petit nouveau, François Deblock. Même pas une dizaine
de films au compteur, cet interprète qui semble préférer le
théâtre au cinéma fera sûrement beaucoup parler de lui. De sa
première apparition auprès de Gérard Jugnot, presque
insignifiante, jusqu'aux échanges verbaux beaucoup moins drôles
survenant vers la fin, François Deblock campe un Hugo fort attachant
dont la verve arrache tout sur son passage. C'est
beau la vie quand on y pense est
une œuvre si optimiste que son auteur a préféré lui ôter tout ce
que l'on aurait pu redouter du personnage de Hugo. On ne sait si lors
de l'écriture, certains passages attendus ont été gommés par la
suite, mais on ne saura sans doute jamais, hors témoignage du
cinéaste, si à l'origine Gérard Jugnot avait de plus sombres
projets pour le personnage d'Hugo. Que sont donc devenus les
mystérieux projets entrepris par le jeune homme concernant la carte
bleue de son hôte ou son étrange comportement face au site vente de
voitures dont on devine qu'il projette de vendre celle de Loïc pour
se faire un peu d'argent ?
Jugnot
s'en fiche, et nous avec. On ne découvrira pas grand-chose de la
Bretagne à part quelques paysages forts sympathique et surtout un
village en Côtes-d'Armor, dans l'Ille-et-vilaine, à Toulon ainsi
qu'à La Seyne-sur-Mer. Gérard Jugnot a convié pour l'occasion
l'acteur Bernard Le Coq, la belle Gaia Weiss dont il s'agit ici du
cinquième long-métrage, son fils Arthur Jugnot pour deux scènes
irrésistibles de drôlerie, ainsi que Isabelle Mergault, seule
fausse note commise par le réalisateur alors que Josiane Balasko
s'imposait sans doute d'office. A part cela, C'est
beau la vie quand on y pense est
une comédie chaleureuse, pleine de bons sentiments. Des sentiments
qui ne versent jamais dans la guimauve tant l'acteur-réalisateur
parvient à saisir l'essentiel. Ah ! Une dernière chose, les
plus attentifs auront sans doute remarqué la photo de Gérard Jugnot
à l'époque où son personnage était censé être pilote de Rallye.
Je ne voudrais surtout pas dire de bétises mais il me semble qu'elle
provient du long-métrage que tourna Jugnot auprès d'Anémone en
1982, Le Quart d'Heure
Américain.
Si tel est le cas, c'aurait été une chouette idée que le
personnage du onzième long-métrage de Gérard Jugnot porte alors le
même nom... Non ?
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