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samedi 17 mai 2025

Gummo de Harmony Korine (1997) - ★★★★★★★★☆☆



De petits films en huit millimètres. En seize, parfois. Des documents personnels, une voix off étouffée, presque inaudible. Une cité dévastée par une tornade de force 5 le 3 avril 1974. Des survivants qui tentent aussi bien qu'ils peuvent de survivre depuis plus de vingt ans après la catastrophe. Un monde dont les curieuses règles semblent régies par les enfants et les adolescents. Les adultes s'y font rares, et lorsqu'ils pointent le museau, c'est pour agir de manière aussi peu constructive et mature que leur engeance. Gummo, ou l'art d'investir les terres du documentaire tout en proposant un spectacle de fiction radicalement différent de ce que l'on a l'habitude de voir. Un cinéma qui dérange, qui enfonce des portes sans annoncer sa présence dans des foyers cradingues, au mobilier hétéroclite et constitué des restes que la tornade a épargné vingt-trois ans plus tôt. Xenia, petite ville de l'Ohio. Ou du moins ce qu'il en reste. Entre images d'archives nous montrant l'horreur des faits relatés, chiens emberlificotés dans des antennes satellites, cadavres humains encore tout frais et témoignages crus et sans filtres d'une jeunesse à la dérive, le premier film du cinéaste et scénariste Harmony Korine est une expérience très particulière, sans doute exempt de toute forme de divertissement, désuète dans son approche « adolescente », mais c'est certain, diablement envoûtante.
Marquant l'entrée de son auteur au panthéon des cinéaste cultes, Gummo est libre, trash, émouvant, drôle, ou parfois même antipathique. Il interroge sur la situation d'une population laissée à l'abandon, à une jeunesse en proie au désespoir et à un monde des adultes qui n'est plus là afin d'éduquer sa progéniture sur ce qu'il est bon ou pas d'exercer comme activité. Il devient alors normal de tuer les chats errants. A coups de fusil, par noyade ou de quelque manière que ce soit, pour survivre. Pour revendre la viande à un commerçant qui en échange offrira de quoi subvenir aux besoins de certains habitants de Xenia. Du moins pendant un temps. Un peu de cash, ou de nourriture.

Solomon, Tummler, Bunny Boy, Darby, Dot, Helen, ou bien Huntz, tels sont les personnages de Gummo. Jacob Reynolds, Nick Sutton, Lara Tosh, Jacob Sewell, les frères Guzak, Jason et Casey... des interprètes inconnus du grand public pour une œuvre qui n'a alors, vraiment plus rien à voir avec le spectacle navrant d'une jeunesse américaine dorée et grandissant dans le confort d'immenses demeures bourgeoises de certains quartiers huppés des États-Unis.
Le film de Harmony Korine ne s'embarrasse d'aucune forme de censure et nous invite à un voyage où certaines valeurs n'ont plus court. La sexualité, certains la découvrent dans les bras d'une prostituée occasionnelle « maquée » par son propre compagnon, lequel ferme les yeux sur la relative jeunesse de certains clients, dont un Solomon qui n'est pas encore entré dans le monde des adultes. On croise en autres personnages, deux frangins connus pour avoir tué leurs parents et qui se battent devant la caméra pour une simple paire de baskets. Deux sœurs aux mœurs étranges qui, n'ayant pas le moindre sou, opèrent une modification mammaire aussi touchante que grotesque. Ici, un groupe constitué d'une petite dizaine d'individus regroupés dans une cuisine où « la mise à mort » d'une chaise succédera à un concours de bras de fer. Là, le témoignage d'une adolescente attardée aimant les enfants et traînant dans ses bras une poupée.
Harmony Korine a sélectionné toute une série de minuscules sketches tournés dans certains des quartiers les plus pauvre de Nashville. Tournant son œuvre dans des conditions parfois intolérables, l'équipe dont le cinéaste s'entoure alors est contrainte de participer à un tournage auquel lequel des milliers de cafards s'invitent. Totalement improvisé, Gummo offre une totale liberté à ses interprètes. C'est sans doute d'ailleurs parce qu'il a choisi de les laisser faire ce qu'il voulaient que le cinéaste est parvenu à les rendre crédibles et émouvants. Concernant la présence d'animaux dont le sort est parfois très regrettable, il ne s'agit fort heureusement que de prothèses. Aucun chat ne semble donc avoir été victime de maltraitance. La bande originale quant à elle est constituée de titres pop (Madonna, Roy Orbinson, de chansons populaires (Buddy Holly) et de quelques titres de black metal ravageurs. Gummo est une expérience unique à découvrir de toute urgence. Un bel exemple de cinéma-vérité...

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