Lorsque Brian De Palma réalise
"Phantom Of The Paradise" en 1974, il a déjà derrière lui quelques films
à son actif dont un certain "Soeurs de Sang", hommage vibrant à son
cinéaste fétiche Alfred Hitchcock qu'il prendra comme référence dans
beaucoup d'autres de ses films à venir tels que "Blow Out" (remake du
classique "Blow Up") ou encore "Body Double". En 1976, il réalisera même
le film qui fera découvrir au monde entier l'immense écrivain
fantastique Stephen King avec la très fidèle adaptation de son tout
premier roman "Carrie au Bal du Diable".
Dans "Phantom Of The
Paradise", De Palma s'inspire de trois mythes fantastiques qu'il mêle
avec brio. Tout d'abord celui du "Fantôme De L’Opéra" de Gaston Leroux
qu'il adapte librement et de façon magistrale, faisant de son fantôme un
homme trompé et manipulé par un homme, propriétaire du "Paradise",
avare de célébrité et de reconnaissance, mais aussi et surtout un
fantôme amoureux d'une jeune chanteuse qui préférera se tourner vers
l'odieux manipulateur sans doute par ambition, du moins le croit-on
pendant un temps. De palma mêle ensuite deux autres mythes bien célèbres
de la littérature fantastique, celui de "Faust" ainsi que du "Portrait
de Dorian Gray".
Swan, est propriétaire d'un théâtre qui cherche à
tout prix la musique qui servira au lancement du "Paradise". Malgré un
visage angélique, Swan personnifie le mal à l'état pur. Un mal avec
lequel il a, il y a de très nombreuses années, fait un pacte pour que
son reflet dans le miroir vieillisse à sa place.
Winslow Leach,
compositeur de génie, viendra passer une audition pour l'ouverture du
"Paradise" et Swan, interpellé par son interprétation de l'une de ses
compositions au piano, fera tout pour s'approprier l'intégralité de
l'opéra que Leach a mis tant de temps à composer. Winslow lui, ne désire
qu'une chose: être engagé par Swan tout en étant l'interprète exclusif de
son opéra, chose que ne peut concevoir le propriétaire des lieux.
Swan parviendra à prendre possession de l'opéra de Leach par l'entremise de son "bras droit" Beef. Débutera alors un combat entre l'homme qui composa un opéra magnifique, celui qui lui vola et entre lesquels une jeune femme s’immisça...
En chef d'orchestre talentueux, Brian
De Palma fait d'un récit mille fois adapté un film somptueux à la mise
en scène magistrale et aux décors psychédéliques et dantesques. La
musique, elle, est composée par Paul Williams qui interprète le rôle de
Swan. De Palma dévoile une technique qui bientôt deviendra sa marque de
fabrique : le splitscreen qui permet de partager l'image en plusieurs
sections, ce qui permet aux spectateurs de voir certaines scènes sous
différents angles. Un procédé qui atteindra son apogée lors du film
"Snake Eyes" et notamment la scène d'ouverture en plan-séquence qu'il tournera beaucoup plus tard. "Phantom Of The
Paradise", avant d'être un formidable film fantastique est d'abord une
comédie musicale très réussie. La partition de Paul Williams participe d'ailleurs grandement du fait que l'on prend beaucoup de plaisir à suivre le film. Ce dernier fut souvent comparé à un autre classique, "The Rocky
Horror Picture Show" qui, très souvent encore dans certaines salle de
cinéma américaines est diffusé tard le soir.
Le film de De Palma est lui très court, moins d'une heure trente, mais la mise en scène force le respect, notamment dans le dernier quart d'heure durant lequel les événements se précipitent et s'enchainent à une allure folle. Encore un film essentiel donc.
Peut-être le plus grand film de son auteur...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire