Dernier article consacré
au cinéaste américain Larry Cohen, La Vengeance des Monstres
(Island of the alive : It’s alive III) est également
le dernier volet de la trilogie consacrée aux bébés monstres.
Treize ans après l'original et huit après sa suite, que reste-t-il
d'une œuvre qui déjà à l'époque souffrait de défauts
rédhibitoires ? En fait, pas grand chose si ce n'est un grand
déballage de scènes qui n'ont souvent pas grand chose à voir les
unes avec les autres. Larry Cohen n'est désormais plus que le
producteur exécutif (la production étant assurée par Paul Kurta)
d'une licence en fin de vie qui cherche à reprendre un peu de
vigueur en établissant le domaine de ses créatures sur une île
déserte. Un petit coin de paradis pour ces enfants malmenés par la
presse et par les autorités mais qui retrouvent malgré tout un peu
d'espoir grâce à quelques rares individus. C'est ainsi que l'on
retrouve pour la troisième fois l'acteur Michael Moriarty dans une
œuvre signée Larry Cohen. Avec davantage de cheveux sur le caillou,
il interprète le rôle d'un père dont la femme a elle aussi enfanté
un monstre. Toujours aussi hideuses, la créature imaginée par le
maquilleur Rick Baker a gagné des gallons supplémentaires dans le
domaine de la laideur.
Désormais, il ne s'agit plus de montrer des bébés monstrueux
quelques jours après leur naissance mais des enfants à la
croissance rapide et âgés de cinq ans. Autant d années à
vivre reclus sur une île, et malgré leur bas âge, capables de
procréer. Et c'est d'ailleurs ce qu'il ne se gêneront pas de faire.
Aux côtés de Michael Moriarty, on découvre avec étonnement la
présence de l'actrice américaine Karen Black qui fit vivre des
jours heureux à un grand nombre de longs-métrages, tous genres
confondus. Du film catastrophe
(747 en Péril), au film de science-fiction politique
(Capricorn One),
en passant par l'épouvante pure (le chef-d’œuvre de Dan Curtis
Burnt Offerings).
Avec
La Vengeance des Monstres,
l'aura de l'actrice dégringole dangereusement. On ne sait pas
vraiment si elle y est simple serveur, entraîneuse, ou tapineuse.
D'une blondeur qui la confine parfois au rôle de poule vulgaire, on
se demande ce qu'est venue faire la star dans ce petit budget sans
grand intérêt. Larry Cohen tourne à la dérision un sujet auquel
avait pourtant tenté à l'origine de prendre le plus grand soin.
Tout commence par un procès pas tout à fait digne de Perry Mason
mais presque. Ou comment convaincre que tuer les vilaines créatures
n'est peut-être pas la solution. Ensuite, c'est direction l'île en
question. Un havre de paix pour les anciens bébés-tueurs devenus
des adultes précoces mais par pour la majorité de ceux qui
aimeraient y fouler le sol. Des chasseurs d'hommes. Pardon!
D'enfants. Et un Michael Moriarty accompagné de plusieurs
scientifiques et d'un flic qui cabotine exagérément, au désagrément
d'une femme qu'il drague ouvertement.
On
se surprend à sourire. Car si même l'acteur n'est pas des plus
épatant, ses répliques de séducteurs raté sont parfois amusantes
et créent une rupture avec une scène ayant précédé celle située
sur un bateau. Un passage embarrassant d'ailleurs. Assez dérangeant
lors duquel il est rejeté par une prostituée qui voit en cet homme
dont l'épouse a donné naissance, un individu porteur d'une maladie.
Sans faire preuve d'aucun tact, la jeune femme dégage notre
sympathique héros de sa chambre. Assez troublant. Michael Moriarty
ne se départissant jamais de son sourire, même dans les pires
situations (on se demande d'ailleurs dans quelle mesure ce
comportement est dû à son interprétation et non pas à son piètre
jeu d'acteur), on oublie assez vite ce passage dénué d'humanité
pour se concentrer sur une intrigue parfois confuse (passages entre
des scènes situées sur un bateau et celles d'un bar). Des
courses-poursuites dont le point de chute s'avère être une plage
sur laquelle plusieurs individus vont tenter de violer Ellein (Karen
Black). Larry Cohen se disperse un peu trop. Des scènes pas si
inutiles que ça puisqu'elles permettent tout de même de maintenir
le rythme. Jusqu'à un final qui aurait dû être émouvant mais qui,
permettez-moi de le dire, confine au grotesque. Il était donc temps
pour les bébés de Larry Cohen d'aller se coucher et moi, de mettre
un terme au cycle lui étant consacré...
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