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mardi 24 janvier 2017

The Fly de Kurt Neumann (1958) - ★★★★★★★☆☆☆



François Delambre reçoit un coup de téléphone de sa belle-sœur Hélène. Affolée, celle-ci lui affirme avoir tué son époux. N'en croyant pas ses oreilles, Delambre décide de se rendre sur les lieux du meurtre et constate avec effroi que le visage de son frère est passé sous une presse. André Delambre était un savant qui travaillait depuis longtemps sur un projet consistant à téléporter des objets d'une cabine de téléportation vers une autre. Après avoir essuyé un premier échec lors de la tentative de téléportation de son propre chat, l'expérience demeure ensuite une réussite lorsqu'il fait de même avec un cobaye. Testant sur lui-même sa machine, un événement apparemment anodin va avoir des conséquences désastreuses.

Premier volet d'une trilogie qui sera donc suivi par  Return of the Fly en 1959 et Curse of the Fly en 1965, The Fly de Kurt Neumann, s'il est depuis quelques décennies connu de la grande majorité des fans de science-fiction, c'est, au delà de ses qualités, avant tout parce que le célèbre cinéaste canadien David Cronenberg en a réalisé un remake flamboyant et surpassant de loin l'original en 1986. La version de 1958 est originaire des États-Unis mais se déroule à Montréal au Canada, et met en place une intrigue bien différente de ce qu'en fera plus tard Cronenberg. Le cinéaste Kurt Neumann installe la sienne alors même que l'expérience a déjà été menée. André y forme avec Hélène un couple marié, parents d'un jeune fils et propriétaire d'un chat qui fera les frais des expériences du savant. David Cronenberg développe à sa manière une romance qui connaîtra des heures sombres et plongera son film dans une tragédie à plusieurs visages.


En 1958, c'est certain, les moyens techniques n'étant pas ceux qu'ils deviendront trente ans plus tard, Kurt Neumann n'a pas de quoi laisser libre court à une imagination aussi débridée que celle de David Cronenberg. La transformation de son scientifique ne passe malheureusement pas par toutes les étapes qui font de celle vécue par Seth Brundle (le héros de la version de 1986), un véritable calvaire. Adaptant une nouvelle parue dans la revue de charme Playboy et écrite par Georges Langelaan (l’œuvre est disponible chez nous dans un ouvrage réunissant également la nouvelle Temps Mort de ce même auteur), le cinéaste américain nous projette dans un long-métrage policier matiné de mystère puisque si l'on fait abstraction du remake et de toute forme de résumé, on s'étonne du comportement de l'épouse qui cherche absolument à mettre la main sur une mouche dont la particularité est d'avoir la tête ainsi qu'une patte blanches.
Événement qui donne d'ailleurs lieu à un étrange manège narratif (involontaire?) puisqu'Hélène, affolée à l'idée que quelqu'un puisse écraser celle-ci, affirme pourtant plus tard à son beau-frère François (l'acteur Vincent Price) qu'il faut absolument la tuer !!!

Revenons sur la sommairité des effets-spéciaux. Si en comparaison de ceux du remake ils paraissent au premier abord bien faibles, le principal atout du film de Kurt Neumann n'est justement pas à chercher de ce côté là, mais plutôt autour du mystère qui entoure le décès du scientifique. Cronenberg ayant éludé cet aspect du récit, il a tout loisir d'expérimenter les effets d'une expérience désastreuse sur le corps, l'esprit et le couple. L'apparition d'André Delambre dans sa forme monstrueuse est cultivée durant un temps jusqu'à ce que nous soit révélé son nouveau visage. Un peu ridicule aujourd'hui (et pourtant bien plus proche de l'esthétique d'une véritable mouche que chez Cronenberg), on imagine pourtant à l'époque l'effroi du public.
Petit détail (insignifiant?), les mouvements opérés par le visage de l'acteur se cachant sous le costume de la mouche (l'acteur David Hedison) et reflétant bien ceux d'un diptère. Comme le fera David Cronenberg, Kurt Neumann développe autant que le script le lui permet, la dualité entre l'homme et la mouche dans ce combat que le scientifique mène avec son membre « Brachyceréen ». The Fly version 1958 a vieillit, certes, mais sans lui, sans doute pas de Mouche version Cronenberg. Il demeure cependant un excellent film de science-fiction qui parmi d'autres sont devenus au fils du temps de véritables classiques du genre...

1 commentaire:

  1. Ah bin, tu m'apprends quelques choses : je ne savais que "La Mouche" (version 58) était le premier volet d'une trilogie ! Et c'est bien dommage, car j'avais bien aimé ce volet, bien différent du pseudo-remake de Cronenberg (le coup de génie de Cronenberg est d'avoir fait de la mouche un être unique, une synthèse entre l'humain et la mouche - ce qui est plus cohérent malgré tout).

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