François Delambre reçoit
un coup de téléphone de sa belle-sœur Hélène. Affolée, celle-ci
lui affirme avoir tué son époux. N'en croyant pas ses oreilles,
Delambre décide de se rendre sur les lieux du meurtre et constate
avec effroi que le visage de son frère est passé sous une presse.
André Delambre était un savant qui travaillait depuis longtemps sur
un projet consistant à téléporter des objets d'une cabine de
téléportation vers une autre. Après avoir essuyé un premier échec
lors de la tentative de téléportation de son propre chat,
l'expérience demeure ensuite une réussite lorsqu'il fait de même
avec un cobaye. Testant sur lui-même sa machine, un événement
apparemment anodin va avoir des conséquences désastreuses.
Premier volet d'une trilogie qui sera donc suivi par
Return of
the Fly en 1959 et Curse of the Fly en 1965,
The Fly de Kurt Neumann, s'il est
depuis quelques décennies connu de la grande majorité des fans de
science-fiction, c'est, au delà de ses qualités, avant tout parce
que le célèbre cinéaste canadien David Cronenberg en a réalisé
un remake flamboyant et surpassant de loin l'original en 1986. La
version de 1958 est originaire des États-Unis mais se déroule à
Montréal au Canada, et met en place une intrigue bien différente de
ce qu'en fera plus tard Cronenberg. Le cinéaste Kurt Neumann
installe la sienne alors même que l'expérience a déjà été
menée. André y forme avec Hélène un couple marié, parents d'un
jeune fils et propriétaire d'un chat qui fera les frais des
expériences du savant. David Cronenberg développe à sa manière
une romance qui connaîtra des heures sombres et plongera son film
dans une tragédie à plusieurs visages.
En 1958,
c'est certain, les moyens techniques n'étant pas ceux qu'ils
deviendront trente ans plus tard, Kurt Neumann n'a pas de quoi
laisser libre court à une imagination aussi débridée que celle de
David Cronenberg. La transformation de son scientifique ne passe
malheureusement pas par toutes les étapes qui font de celle vécue
par Seth Brundle (le héros de la version de 1986), un véritable
calvaire. Adaptant une nouvelle parue dans la revue de charme Playboy
et écrite par Georges Langelaan (l’œuvre est disponible chez nous
dans un ouvrage réunissant également la nouvelle Temps
Mort de ce même auteur), le cinéaste
américain nous projette dans un long-métrage policier matiné de
mystère puisque si l'on fait abstraction du remake et de toute forme
de résumé, on s'étonne du comportement de l'épouse qui cherche
absolument à mettre la main sur une mouche dont la particularité
est d'avoir la tête ainsi qu'une patte blanches.
Événement
qui donne d'ailleurs lieu à un étrange manège narratif
(involontaire?) puisqu'Hélène, affolée à l'idée que quelqu'un
puisse écraser celle-ci, affirme pourtant plus tard à
son beau-frère François (l'acteur Vincent Price) qu'il faut
absolument la tuer !!!
Revenons
sur la sommairité des effets-spéciaux. Si en comparaison de ceux du
remake ils paraissent au premier abord bien faibles, le principal
atout du film de Kurt Neumann n'est justement pas à chercher de ce
côté là, mais plutôt autour du mystère qui entoure le décès du
scientifique. Cronenberg ayant éludé cet aspect du récit, il a
tout loisir d'expérimenter les effets d'une expérience désastreuse
sur le corps, l'esprit et le couple. L'apparition d'André Delambre
dans sa forme monstrueuse est cultivée durant un temps jusqu'à ce
que nous soit révélé son nouveau visage. Un peu ridicule
aujourd'hui (et pourtant bien plus proche de
l'esthétique d'une véritable mouche que chez Cronenberg), on
imagine pourtant à l'époque l'effroi du public.
Petit
détail (insignifiant?), les mouvements opérés par le visage de
l'acteur se cachant sous le costume de la mouche (l'acteur David
Hedison) et reflétant bien ceux d'un diptère. Comme le fera David
Cronenberg, Kurt Neumann développe autant que le script le lui
permet, la dualité entre l'homme et la mouche dans ce combat que le
scientifique mène avec son membre « Brachyceréen ».
The Fly version
1958 a vieillit, certes, mais sans lui, sans doute pas de Mouche
version Cronenberg. Il demeure cependant un excellent film de
science-fiction qui parmi d'autres sont devenus au fils du temps de
véritables classiques du genre...
Ah bin, tu m'apprends quelques choses : je ne savais que "La Mouche" (version 58) était le premier volet d'une trilogie ! Et c'est bien dommage, car j'avais bien aimé ce volet, bien différent du pseudo-remake de Cronenberg (le coup de génie de Cronenberg est d'avoir fait de la mouche un être unique, une synthèse entre l'humain et la mouche - ce qui est plus cohérent malgré tout).
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