Rémi vit avec son épouse
Martine, et sa belle-fille Marion. Lorsque Martine meurt dans un
accident de voiture, Rémi doit annoncer à Marion que sa mère est
morte. Puis l'adolescente âgée de 14 doit choisir alors d'aller
vivre avec son père Charly, ou de rester avec Rémi, son beau-père.
Vivant avec ce dernier depuis les huit dernières années, Marion
désire continuer à vivre ainsi. Mais Charly ne lui laissant pas le
choix, la jeune fille est forcée de quitter l'appartement de Rémi
et d'aller s'installer chez son père. Mais un jour, elle fugue et
revient chez son beau-père les bras chargés de bagages. Marion et
Rémi n'ont rien dans la vie en dehors de l'attachement qu'ils
éprouvent l'un pour l'autre. Elle est collégienne, lui, un petit
pianiste minable qui travaille dans un piano-bar. Bientôt Rémi perd
son boulot. Marion, elle, est beaucoup moins studieuse depuis que ses
pensées se dirigent toutes vers son beau-père. Car oui,
l'adolescente est amoureuse de ce dernier. Rémi a beau repousser les
avances de sa belle-fille, il ne peut nier sa propre attirance pour
elle...
Deux ans après avoir
tourné le monumental Buffet Froid, le cinéaste
français Bertrand Blier tourne Beau-Père en 1981. Il
retrouve pour la troisième fois l'un de ses acteurs fétiches,
Patrick Dewaere, mais cette-fois ci, sans son acolyte Gérard
Depardieu. Pour ce nouveau film, l'auteur des Valseuses
et de Calmos semble avoir envie de revenir sur un sujet
qu'il avait partiellement traité avec Préparez vos Mouchoirs.
Si pour ce dernier, le sujet de l'amour entre un adulte et un enfant
ne servait qu'à l'aboutissement de son personnage féminin dans son
désir d'être mère, cette fois-ci, nous y sommes en plein dedans.
Comme trois ans en arrière, c'est une absence, un manque qui paraît
être l'objet de ce désir interdit que le cinéaste va, une fois
encore, traiter avec la plus grande des sensibilités.
Face à Patrick Dewaere,
la toute jeune Ariel Besse qui a l'époque n'a que quinze ans, soit
un de plus seulement que celui de Marion, son personnage. Entre cette
année 1981 et l'année suivante, la jeune actrice ne tournera que
trois films (celui-ci, ainsi que On s'en Fout... Nous on s'Aime
et Mora) puis... plus rien. Pourtant, Ariel Besse donne
une interprétation tout à fait remarquable de son personnage
d'adolescente confrontée à la mort de sa mère et s'attachant plus
que de raison à son beau-père. Aux côtés de ce formidable duo, on
retrouve l'acteur Maurice Ronet, dans le rôle du père biologique,
Maurice Risch et Geneviève Mnich dans ceux du couple d'amis de Rémi,
ainsi que Nathalie Baye, Nicole Garcia, et Macha Méril pour des
rôles moins importants et pourtant, d'une importance fondamentale.
Fondamentale puisque
c'est à travers leur regard que l'on saisit l'essence même de cette
histoire d'amour qui ne pourra choquer que les biens pensants de tous
poils. Les personnages de Simone, Nicolas, et de Charlotte (pourtant
eux-même parents de très jeunes enfants), tout en comprenant, mais
sans jamais juger, ce qui se trame entre Rémi et Marion,
« autorisent », du moins dans cette fiction, une
relation « contre-nature » entre une gamine à peine
formée et son beau-père. Patrick Dewaere est bouleversant dans sa
manière d'aborder ce rôle difficile. Jamais vulgaire, jamais
voyeuriste, la caméra se déplace avec lenteur, épousant chaque mot
prononcé par le duo Dewaere-Besse. Alors même qu'un tel sujet
demeurerait insensé de nos jours au cinéma, Bertrand Blier nous
conte une histoire belle et tragique à la fois. Deux âmes perdues
qui s'aiment en secret, dans le péché et le mensonge. Bien moins
cynique qu'à son habitude (Buffet Froid en est un
modèle), le cinéaste signe une fois encore un grand film. Moins
immédiat que certaines de ses œuvres, mais à la force d'évocation
puissante et sublimée par, ne l'oublions pas, la superbe partition
musicale de Philippe Sarde (Le Locataire)...
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