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dimanche 22 janvier 2017

Beau-Père de Bertrand Blier (1981) - ★★★★★★★★☆☆



Rémi vit avec son épouse Martine, et sa belle-fille Marion. Lorsque Martine meurt dans un accident de voiture, Rémi doit annoncer à Marion que sa mère est morte. Puis l'adolescente âgée de 14 doit choisir alors d'aller vivre avec son père Charly, ou de rester avec Rémi, son beau-père. Vivant avec ce dernier depuis les huit dernières années, Marion désire continuer à vivre ainsi. Mais Charly ne lui laissant pas le choix, la jeune fille est forcée de quitter l'appartement de Rémi et d'aller s'installer chez son père. Mais un jour, elle fugue et revient chez son beau-père les bras chargés de bagages. Marion et Rémi n'ont rien dans la vie en dehors de l'attachement qu'ils éprouvent l'un pour l'autre. Elle est collégienne, lui, un petit pianiste minable qui travaille dans un piano-bar. Bientôt Rémi perd son boulot. Marion, elle, est beaucoup moins studieuse depuis que ses pensées se dirigent toutes vers son beau-père. Car oui, l'adolescente est amoureuse de ce dernier. Rémi a beau repousser les avances de sa belle-fille, il ne peut nier sa propre attirance pour elle...

Deux ans après avoir tourné le monumental Buffet Froid, le cinéaste français Bertrand Blier tourne Beau-Père en 1981. Il retrouve pour la troisième fois l'un de ses acteurs fétiches, Patrick Dewaere, mais cette-fois ci, sans son acolyte Gérard Depardieu. Pour ce nouveau film, l'auteur des Valseuses et de Calmos semble avoir envie de revenir sur un sujet qu'il avait partiellement traité avec Préparez vos Mouchoirs. Si pour ce dernier, le sujet de l'amour entre un adulte et un enfant ne servait qu'à l'aboutissement de son personnage féminin dans son désir d'être mère, cette fois-ci, nous y sommes en plein dedans. Comme trois ans en arrière, c'est une absence, un manque qui paraît être l'objet de ce désir interdit que le cinéaste va, une fois encore, traiter avec la plus grande des sensibilités.

Face à Patrick Dewaere, la toute jeune Ariel Besse qui a l'époque n'a que quinze ans, soit un de plus seulement que celui de Marion, son personnage. Entre cette année 1981 et l'année suivante, la jeune actrice ne tournera que trois films (celui-ci, ainsi que On s'en Fout... Nous on s'Aime et Mora) puis... plus rien. Pourtant, Ariel Besse donne une interprétation tout à fait remarquable de son personnage d'adolescente confrontée à la mort de sa mère et s'attachant plus que de raison à son beau-père. Aux côtés de ce formidable duo, on retrouve l'acteur Maurice Ronet, dans le rôle du père biologique, Maurice Risch et Geneviève Mnich dans ceux du couple d'amis de Rémi, ainsi que Nathalie Baye, Nicole Garcia, et Macha Méril pour des rôles moins importants et pourtant, d'une importance fondamentale.

Fondamentale puisque c'est à travers leur regard que l'on saisit l'essence même de cette histoire d'amour qui ne pourra choquer que les biens pensants de tous poils. Les personnages de Simone, Nicolas, et de Charlotte (pourtant eux-même parents de très jeunes enfants), tout en comprenant, mais sans jamais juger, ce qui se trame entre Rémi et Marion, « autorisent », du moins dans cette fiction, une relation « contre-nature » entre une gamine à peine formée et son beau-père. Patrick Dewaere est bouleversant dans sa manière d'aborder ce rôle difficile. Jamais vulgaire, jamais voyeuriste, la caméra se déplace avec lenteur, épousant chaque mot prononcé par le duo Dewaere-Besse. Alors même qu'un tel sujet demeurerait insensé de nos jours au cinéma, Bertrand Blier nous conte une histoire belle et tragique à la fois. Deux âmes perdues qui s'aiment en secret, dans le péché et le mensonge. Bien moins cynique qu'à son habitude (Buffet Froid en est un modèle), le cinéaste signe une fois encore un grand film. Moins immédiat que certaines de ses œuvres, mais à la force d'évocation puissante et sublimée par, ne l'oublions pas, la superbe partition musicale de Philippe Sarde (Le Locataire)...

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