Précédé d'une fumeuse
réputation, The Untold Story du hongkongais Herman Yau
est également l'un des plus célèbres représentant de la catégorie
3. Cette dernière est l'équivalent, chez nous, d'une interdiction
aux moins de dix-huit ans. Ou plutôt d'une interdiction aux moins de
seize ans depuis que les barèmes ont été revus à la baisse il y a
maintenant un certain nombre d'années. Sensé s'inspirer d'un fait
divers authentique, Herman Yau réalise une œuvre en effet
particulièrement violente. Une œuvre gore qui s'éloigne pourtant
très nettement des classiques du genre par son aspect sérieux. Il
faut entendre par là, l'accomplissement de meurtres épouvantables
filmés sans une once d'humour. Ce dernier, on le retrouve cependant
au contact d'une police particulièrement inefficace dont la plupart
de ses éléments vaquent à peu près à toutes les occupations sauf
la principale : leur métier de flic. Plus préoccupés par les
putes que leur supérieur ramène au bureau, les policiers chargés
de l'enquête sur la découverte d'un sac-poubelle rempli de membres
de plusieurs cadavres traînent les pieds ;
Les flics, chez Herman
Yau, sont forts en gueule, machos, immatures et peu enclins à faire
ce pour quoi ils sont rémunérés. Heureusement qu'à leur côté
demeure Bo, seule femme à bord, et l'officier Lee, les seuls
capables de maintenir un semblant d'activités policières. Comme
pour punir cette police inopérante dans ses fonctions, le cinéaste
hongkongais punit ses membres en leur faisant participer à un repas
cannibale involontaire de leur part. Seuls Bo et Lee sont épargnés.
A côté de ça, pas très
loin d'un commissariat endormi, sème la mort Wong Chi Hang,
autoproclamé propriétaire d'un restaurant acquis lors d'une partie
de majhong qui aurait cependant mal tourné huit ans plus tôt.
Si dans les faits, les
actes abominables perpétrés par ce tueur qui n'inspire pas la
moindre empathie sont en effet inexcusables, ceux dont font preuve
les policiers n'ont quant à eux rien d'innocent. Au contact du
monstre qui a sévit à plusieurs reprises, la police se déchaîne
sur un individu dont ils aimeraient faire avouer les meurtres.
Enfermé dans la même cellule que le frère d'une de ses victimes,
le tueur enfin mis sous les verrous s'attaque avec la complicité des
autres détenus (la cellule est en fait un dortoir), Herman Yau ne
nous épargne rien. Ça frappe dur, sec, et le sang pisse à
profusion.
Si les premiers meurtres
demeurent relativement timides dans leur acte final (bien que
violente, la détermination du tueur dans sa manière de se
débarrasser des corps est filmée hors champ), The Untold
Story ne s'assagit en aucun cas lorsque le tueur est enfin
derrière les barreaux. Herman Yau enfonce le clou en montrant une
Autorité au moins aussi coupable que l'homme qui a tué. Dans sa
pratique de mise en œuvre pour faire avouer au tueur ses méfaits,
elle se révèle d'une efficacité redoutable et d'une violence hors
norme. Pour n'épargner personne, le cinéaste propose même au corps
médical de participer au jeu cruel (en un mot, torture) consistant à
empêcher Wong Chi Hang de dormir afin de l'affaiblir jusqu'à ce
qu'il avoue.
The Untold Story
est
une œuvre particulièrement efficace et qui n'épargne là encore,
personne. Quel que soit l'âge ou le sexe de ses victimes, le tueur
n'en laisse réchapper aucune. De la vieille femme s'enquérant de
nouvelles concernant son fils, jusqu'aux jeunes enfants de sa
première victime, Wong Chi Hang tue sans état d'âme. Dans le rôle
du tueur, l'acteur Anthony Wong. Une énorme paire de lunettes, un
regard halluciné et une grimace permanente lui barrant le visage,
voici ce qui décrit assez bien le personnage. Un type parfaitement
antipathique. Dont le sort importe peu malgré la gêne occasionnée
lors de certaines séquences (la tentative de suicide est assez
inconfortable). Assez glauques, l'impact des scènes d'horreur est
désamorcé à l'aide d'un humour plutôt médiocre et franchement
peu amusant. L'humour hongkongais sans doute... The
Untold Story,
c'est la certitude pour ceux qui recherchent une œuvre à sensation,
de trouver de quoi se mettre sous la dent. Un film qui dans son genre
est presque une parfaite réussite...
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