Lorsque les étudiants américains Patricia et Alex
arrivent avec le dernier métro jusqu'à la station de métro Russel
Square à Londres, ils découvrent dans un escalier menant jusqu'à la surface, le
corps d'un homme gisant au bas des premières marches. Persuadée que
l'homme est peut-être victime d'une crise diabétique, Patricia
fouille les vêtements de l'homme et découvre son identité. Il
s'agit de James Manfred, un haut fonctionnaire de l'état. Mais alors
qu'ils avertissent un agent situé à la surface du métro,
lorsqu'ils retournent tous ensemble auprès du corps, ce dernier a
disparu. Témoignant dès le lendemain auprès de l'inspecteur
Calhoun, ce dernier découvre que James Manfred n'est pas le premier
à disparaître dans les environs de Russel Square. En menant sa
propre enquête, il va découvrir que l'individu responsable de la
disparition du haut fonctionnaire est l’œuvre du descendant
d'ouvriers appartenant à une entreprise chargée de construire une
station de métro ayant été, quatre-vingt ans plus tôt, les victimes
d'un éboulement que les autorités de l'époque ont choisi de ne
pas secourir...
Raw Meat,
ou Death Line, ou plus près de chez nous, Le
Métro de la Mort, bien que réalisé par le cinéaste
américain Gary Sherman, a été tourné à Londres, dans le métro
de Piccadilly line. La courte présence de l'acteur britannique
Christopher Lee ne signifiant pas que l’œuvre plonge ses
protagoniste dans le style gothique cher à la célèbre firme
Hammer, Raw Meat s'inscrit
davantage dans un univers urbain qui nous est proche. Celui d'un
métro londonien, s'il ne ressemble plus tout à fait à celui
d'aujourd'hui (le film date de 1972), est plus proche de notre monde
actuel que des récits situés au cour du dix-neuvième siècle.
Face
à un couple d'étudiants, dont une Patricia Wilson (Sharon Gurney)
beaucoup plus impliquée par cette affaire dont se désintéresse
dans un premier temps son compagnon Alex Campbell (l'acteur David
Ladd, lui aussi comme le cinéaste Gary Sherman, d'origine
américaine), un Donald Pleasance dans le rôle d'un inspecteur
Calhoun diablement cynique et ce, en toutes occasions. Si Raw
Meat démarre
comme un film policier relativement classique, l’œuvre va peu à
peu se transformer en un cauchemar urbain et une critique féroce
terriblement glauques. Le peu de cas dont fait preuve l’État après
la catastrophe qui a coûté la vie à des ouvrier(e)s quatre-vingt
ans plus tôt trouve un écho saisissant dans le portrait de ce
survivant, rejeton d'une famille laissée pour morte et qui pour
survivre n'a eu d'autre choix que de pratiquer le cannibalisme.
Les
lents travellings décrivant le quotidien sordide de cette créature
déshumanisée et incapable de prononcer d'autres mots que ceux
répétés inlassablement par les conducteurs de rames nous plongent
dans un univers morbide, fait de cadavres purulents suspendus aux
murs tels les masques d'une parade grotesque et sordide. Des rats,
animaux de compagnie forcés, des milliers de vers se nourrissant des
restes de viande putrides, et une rouille gagnant du terrain depuis
des décennies. Gary Sherman, deux années avant seulement, et loin
du pays d'adoption de Tobe Hooper (le papa de Massacre à la
Tronçonneuse), signe un long-métrage dont l'aspect morbide et
dérangeant n'est pas encore une habitude pour le public. Tout comme
les effets gore, particulièrement réussis pour l'époque, et qui
nous changent des quelques centilitres de sang qui nous étaient
proposés jusque là.
Non
seulement Raw Meat est
un film d'horreur très efficace, mais également une œuvre emplie
d'un humour très noir et de quelques répliques merveilleusement
bien senties à l'image du duel verbal opposant un court moment les
deux immenses acteurs que furent Donald Pleasance et Christopher Lee.
En tout cas, un film à découvrir de toute urgence. Le chaînon
manquant entre le gothique de la Hammer et la vague de shockers qui
déferla quelques années plus tard sur le territoire américain...
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