Il n'en a peut-être pas
l'apparence, mais réjouissez-vous chers fidèles lecteurs, de
pouvoir découvrir cet article consacré à un obscure long-métrage
signé par un réalisateur originaire de Los Angeles qui n'en signa
durant sa carrière de cinéaste que quatre, et pas un de plus.
Surtout connu pour avoir signé le très indigeste Howard...
une Nouvelle Race de Héros, Willard Huyck fut aussi et
surtout le géniteur d'un Messiah of Evil proprement
hallucinant. Que ce soit au sens propre comme au figuré puisque son
œuvre n'a toujours pas trouvé d'équivalent réel depuis sa sortie.
Tout au plus pourrions-nous remonter dix ans en arrière, c'est à
dire le 26 septembre 1962, date de sortie de l’œuvre culte de Herk
Harvey, Carnival of Souls.
Messiah of Evil
n'est
ni un film de fantômes, ni un film de zombies à proprement parler,
et pourtant, quelques éléments viennent étayer ce dernier aspect :
en effet, les âmes tourmentées qui traînent leur silhouettes dans
les rues abandonnées de la ville côtière de Point
Dune ont ceci en commun avec les morts-vivants de George Romero
qu'ils demeurent presque impossibles à « détruire » et
se nourrissent de chair humaine.
Mais contrairement au
message écologique véhiculé par La Nuit des Morts-Vivants
qui veut que l'utilisation de produits hautement radioactifs aient
des conséquences terribles sur l'intégrité physique de nos morts,
ceux de Messiah of Evil sont
les victimes d'une légende remontant un siècle en arrière et dont
l'un des signaux refait surface de nos jours, et ce, justement dans
cette petite ville de Point Dune où la belle Arletty espère
retrouver son père dont certaines lettres au contenu inquiétant ont
rendue anxieuse la jeune femme. Très vite, nos repères sont
bousculés à travers des rencontres parfois furtives (le clochard
qui conseille à Arletty de tuer son père lorsqu'elle l'aura
retrouvé) et parfois permanente comme le personnage de Tom qui ne
cessera de lui coller aux basques. Tandis qu'il nous laissait au
départ une bien curieuse impression, on souffle, rassurés désormais
de le voir s'enquérir de la santé d'une jeune femme laissées seule
dans une ville aux allures inquiétante.
La
ville côtière n'est peut-être pas le décor le plus angoissant de
Messiah of Evil
(quoique le cinéma et le supermarché apportent une valeur ajoutée
à l'effroi que l'on ressent lors de la visite nocturne des deux
copines de Tom), mais il demeure le théâtre d'événements qui
n'ont nullement besoin d'en faire des tonnes pour semer un sentiment
d'angoisse bien réel. L'un des environnements les plus
singulièrement effrayants du film demeure dans la galerie recouverte
de peintures « arty »
anxiogènes. Il aura suffit de quelques trompes l’œil et surtout
d'une galerie de portraits semblables aux « fantômes »
dispersés puis regroupés la nuit dans les rues de Point Dune pour
nous filer une trouille bleue. Des peintures hyper-réalistes si bien
agencées que l'on a en permanence l'impression d'être défiés du
regard par tel ou tel visage blafard.
D'ailleurs,
comme pour appuyer le propos, Willard Huyck filme justement l'une de
ses héroïne ne sachant plus comment s'endormir puisque quel que
soit sa manière de reposer son visage sur l'oreiller, elle est
systématiquement « agressée » par le regard mort de
l'un des personnages peints sur les murs de la galerie. Messiah
of Evi
diffuse lentement son nauséeux propos comme le ferait un cauchemar
dont nous ne parviendrions pas à nous extraire. Ce film de 1972
s'insinue immédiatement dans notre esprit et laisse une trace
indélébile, de celles qui s'inscrivent face à des œuvre
conquérant des terres encore inexplorées. Messiah
of Evi n'est
rien de moins qu'un chef-d’œuvre halluciné. Un cauchemar fait les
yeux totalement écarquillés. Et si l'interprétation est
perfectible, la mise en scène de son auteur est si bien construite
qu'elle parvient à faire oublier les menus défauts qui pourraient
l'émailler. A voir absolument...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire