Détroit. Une ville qui
se dépeuple et des quartiers laissés à l'abandon. C'est dans ce
cadre austère que prend place le récit de Don't Breathe.
Un titre qui colle parfaitement à cette « relecture
virtuose du Sous-Sol de la Peur»
comme
l'affirme Alexandre Poncet du magazine
Mad Movies.
Un cauchemar urbain. Un huis-clos étouffant, morbide et diablement
maîtrisé par un Fede Alvares qui déjà nous avait laissé une très
bonne impression avec son remake du classique
Evil Dead
de Sam Raimi.
Don't Breathe,
c'est tout d'abord trois amis. Trois jeunes cambrioleurs qui pour
quitter Détroit et rejoindre la Californie décident de tenter un
dernier coup dans une demeure située aux confins d'une ville
fantôme. Rocky rêve de quitter son sordide quotidien et d'en
extraire sa petite sœur. Alex, lui, est le fils d'un homme
travaillant dans le domaine de la sécurité. Plutôt pratique
lorsqu'il s'agit de passer outre les systèmes installés par ce
dernier dans les demeures de riches propriétaires. Quant à Money,
c'est le compagnon de Rocky. Pas le plus intéressants des
protagonistes, mais de toute manière, le cinéaste lui règle son
compte assez rapidement. Il se détache des trois personnages, des
comportements divers. Entre la prudence de l'un et l'irrespect de
l'autre (Money pisse sur la moquette des maisons qu'il « visite »).
On distingue très vite qui seront les héros.
Face à nos trois protagonistes, une maison entourée d'habitations
désertées, un chien vraiment hargneux, et son propriétaire, un
ancien soldat rendu aveugle durant la guerre et ayant perdu sa fille
lors d'un grave accident de voiture. Un scénario des plus basique me
direz-vous ? Oui... mais non. Si en théorie on se retrouve face
à un home-invasion classique, quelques ressorts permettent de le
différencier d'une grande majorité des productions du genre.
Tout d'abord, Fede Alvarez met en scène des personnages qui ne sont,
chacun à leur manière, jamais véritablement blancs comme neige.
Dès le départ, le cinéaste nous renvoie en pleine gueule un fait
avéré : celui qu'un soldat ne peut être tout à fait
immaculé. Et pourtant, si une certaine idée de la guerre peut nous
venir à l'esprit ne serait-ce qu'un instant, on demeure encore bien
loin de la vérité. L'aspect social étant évacué après seulement
quelques minutes de métrage (et d'ailleurs, qui s'en soucie vraiment
?). Le génie des scénaristes Fede Alvarez et Rodo Sayagues est
d'avoir fait du soldat un homme atteint de cécité. Non seulement la
maison devient un piège, un univers dans lequel celui qui voit
demeure finalement l'individu le moins enclin à se repérer dans des
couloirs mal éclairés (pour ne pas dire pas du tout). Tandis que le
propriétaire, tel le soldat dans la jungle, est chez lui, et connaît
donc par cœur chaque pièce, chaque coursive et sait à quelle place
se situe chaque objet. On pourrait le croire affaibli, et d'ailleurs,
parfois il l'est réellement. Mais forcé de protéger ses biens et
de surtout garder secret le mystère entourant la pièce qui se cache
derrière une porte solidement scellée, le voilà de nouveau dans la
jungle. Mais ici, pas de végétation, mais des pièces, nombreuses,
peut-être moins d'ailleurs qu'il nous semble mais la caméra passant
de l'une à l'autre et l'obscurité faussant notre perception des
lieux, on a réellement l'impression d'une bâtisse immense. Un
labyrinthe dont les diverses issues demeurent inaccessibles.
Don't Breathe est
divertissant, doté d'une énergie galvanisante, angoissant,
opressant, et aussi rude que l'excellent Green
Room
de Jeremy Saulnier sorti le 27 avril dernier. Le plus stéréotypé
(et par conséquent, le plus agaçant) des personnages étant donc
très rapidement
« évacué »,
l'intrigue tourne autour de Rocky, d'Alex et de l'Aveugle.
Respectivement Jane Levy (qui interprétait déjà le rôle de Mia
dans Evil Dead
cuvée 2013, Dylan Minnette (surtout habitué aux
séries télévisées) et Stephen Lang (Avatar, la
série Terra Nova). Un trio à l'interprétation au
plus juste de ce que l'on pouvait attendre de chacun d'eux, la palme
revenant à Stephen Lang, tour à tour victime, agresseur, pour enfin
révéler son vrai visage, celui que vous découvrirez en visionnant
le film. Malgré toutes les éloges que l'on pourrait porter sur ce
film, il demeure quelques agaçantes imperfections dont l'une n'est
pas des moindres puisqu'elle concerne la crédibilité de certains
événements. Je veux bien que la mode soit aux héros
indestructibles mais tout de même. Se prendre deux balles de 9mm,
puis une grande paire de cisailles dans le ventre avant de tomber de
plusieurs mètres de hauteur en traversant une véranda et s'en
relever, cela fait peut-être un peu beaucoup pour un seul
personnage. Quant aux twists, s'il sont plutôt bien menés, ils
demeurent cependant en trop grand nombre. Certains s'en satisferont
certainement quand d'autre s'en fatigueront peut-être... Don't
Breathe demeure malgré ces menus défauts un film qui en a
dans le ventre. Un film à ne surtout pas manquer et à vivre... dans
le noir le plus complet...
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