On le sait, les
saint-bernard sont de très gros, mais très sympathiques chiens de
montagne. Connus pour leur intelligence, l'homme a réussi à en
faire d'efficaces sauveteurs en cas d'avalanches. Cujo lui aussi est
un affectueux saint-bernard. Mais alors qu'un jour il poursuit un
lapin jusque dans une grotte, il est mordu par une chauve-souris
enragée. Et là, les choses vont changer. Le gentil saint-bernard va
se transformer en une créature effroyable. Un monstre des
placards libéré dans la ferme de ses propriétaires. Toutes les
peurs du jeune Tad Trenton vont prendre ici la forme de ce chien aux
yeux injectés de sang et à la gueule dégoulinante de bave lorsque
sa mère et lui vont se retrouver piéger dans leur voiture tombée
en panne dans la propriété des Camber. Donna Trenton n'avait pas
prévu d'être condamnée avec son fils à rester enfermés dans la
voiture familiale, sans presque rien à boire et un soleil tapant sur
le capot du véhicule. Dehors, Cujo, transformé pour l'occasion en
chien de l'enfer, veille. Non pas sur sa famille dont le fils et la
mère son partis une semaine en vacances et le père dont le cadavre
se décompose dans la demeure d'un ami après avoir été victime de
son propre chien, mais sur Donna et Tad.
Cujo n'a aucune empathie
pour cette mère de famille et son enfant. Il attend d'eux un faux
pas, une erreur d'évaluation pour assouvir son irrépressible besoin
de mordre et de tuer.
Le cinéaste Lewis Teague
l'a bien compris : il a entre les main un scénario simple mais
dont l'efficacité peut se révéler diablement redoutable. Adapté
de l'oeuvre littéraire éponyme de Stephen King, Cujo n'a pas pour
héros un jeune enfant doté de pouvoirs mais bien un chien qui tient
entre les crocs, celui de vie et de mort sur tous ceux qui pénètrent
son territoire. S'il n'y a pas d'âge pour découvrir Cujo,
tous ceux qui croient encore que le monstre des placards n'est pas
qu'une illusion créée par leur imaginaire risquent d'être déçus.
Car il existe bien. Et même si cette fois-ci, Stephen King lui a
fait prendre l'apparence d'un chien, on peut le retrouver représenté
sous n'importe quelle forme. Un monstre personnifié ici également
sous les traits de l'ancien amant de Donna, et qui tente toujours de
nuire au couple qu'elle forme avec Vic, son époux.
Plus qu'un simple film
d'épouvante, Cujo met en place une stratégie basée
sur le mensonge. Donna couche avec Steve Kemp. Donc, Donna ment et
trompe Vic. Tad a peur du monstre qui se tapie dans l'ombre de sa
chambre. Vic tente de rassurer son fils sur l'inexistence de ce
monstre. Une créature qui prend la forme de Cujo. Et donc, dans
l'esprit de Tad, son père l'a trompé et donc, lui ment. L'abandon
est également la source de nombreux ennuis qui malheureusement vont
mener à des tragédies. Joe Camber, abandonné durant une semaine
par sa femme et son fils partis chez la sœur de celle-ci va mourir
des morsures infligées par son propre chien. Quant à Vic, en
abandonnant son épouse adultère et par là-même son fils Tad, il
les condamne à une mort presque certaine.
Principalement interprété
par l'une des grandes dames du cinéma fantastique et d'horreur (Dee
Wallace que l'on a pu voir notamment dans La Colline a des Yeux
de Wes Craven, Hurlements de Joe Dante ou bien E.T.
L'Extra-Terrestre de Steven Spielberg) et par le tout jeune
Danny Pintauro qui personnifie totalement l'innocence, Cujo
est surtout admirablement mis en scène par un Lewis Teague capable
de transformer un sympathique saint-bernard en une bête de
cauchemar. Le film devait à l'origine être réalisé par le
cinéaste Peter Medak qui signait trois ans plus tôt
l'extraordinaire The Changeling mais c'est finalement Lewis Teague
qui eut la responsabilité d'adapter l'une des œuvres littéraires
de Stephen King. Il demeure une différence essentielle entre le
roman de l'écrivain et son adaptation cinématographique qui se
situe à la toute fin. Sans trop vouloir en dévoiler pour ceux qui
n'auraient pas encore découvert le film, disons Stephen King a
imaginé une fin beaucoup plus noire et cruelle que Lewis Teague. Je
vous laisse deviner laquelle...
Le roman de Stephen King, à l'époque où j'étais un vrai fan du romancier, ne m'avait pas trop plu... peut-être à cause de sa fin justement (il paraît que King avait reçu des menaces de mort pour avoir imaginé une telle fin). Du coup, je n'ai jamais voulu voir le film, même si je savais que la fin était différente (je crois que ce qui m'avait déplu dans le roman, c'est plutôt l'absence de "fantastique" proprement dit, malgré l'histoire du tueur en série qui, laisse-t'on entendre dans le roman, se serait en quelque sorte réincarné en Cujo, mais sans approfondir).
RépondreSupprimerEn revanche, on s'est maté The Dead Zone de Cronenberg, il y a quelques jours : à l'époque, j'avais été fort déçu par l'adaptation, je sortais du roman ; ici, sans avoir relu le roman, j'ai apprécié le film, qui est un peu à part dans la filmographie de Cronenberg, bien moins percutant que "Vidéodrome" ou "Scanner" mais agréable à regarder.
impressionnant de réalisme ! et pas de CGI !
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