Alors qu'il vient
d'assassiner l'agent de police l'ayant surpris en train de voler de
l'acier sur un chantier de construction, Lou Bloom lui vole sa
montre, et part revendre son butin au propriétaire d'une casse qui
refuse ensuite de l'embaucher sous prétexte qu'il n'emploie pas de
voleurs. Une nuit, alors qu'il se trouve au volant de sa voiture, Lou
tombe sur un accident de la route. Une femme est coincée à bord de
son véhicule en proie aux flammes. Heureusement pour elle, deux
pompiers parviennent in extremis à l'extraire de l'engin. Mais ce
qui attire davantage Lou, c'est la présence de deux cameramen qui
filment la scène se produisant sous leurs yeux. Lou, qui cherche
encore du travail vient de trouver sa voie : il se rendra à son
tour sur les lieux d'accidents. Mais pour cela, il va devoir se
procurer une caméra, mais aussi et surtout un scanner lui permettant
d'écouter la fréquence utilisée par la police afin d'être prévenu
des scènes de crimes les plus intéressantes à exploiter selon lui.
Dès sa première
réalisation, un banal fait divers tourné avec un petit caméscope
et ayant fait une victime par balles, Lou revend la vidéo qu'il a
tourné à la directrice d'une petite chaîne de télévision locale.
C'est un succès. Nina propose à Lou de travailler pour elle. Avec
l'argent gagné grâce à son petit film, Lou s'offre une vraie
caméra et commence à roder la nuit, le scanner branché sur le
réseau policier. Avide d'images à sensation, Lou cherche à mettre
en scène chacun de ses tournages. Il va même jusqu'à embaucher
Rick, jeune sans domicile fixe qui accepte de travailler pour lui
pour la modeste somme de trente dollars par nuit...
Dan Gilroy est avant tout
un scénariste. Après avoir participé à l'écriture de films tels
que Chasers de Dennis Hooper en 1994 ou The Fall
de Tarsem Singh en 2006, il réalise avec Night Call,
son premier long-métrage. Principalement interprété par
l'excellent acteur Jake Gyllenhaal, le film n'est pas qu'un thriller
efficace mais aussi et surtout une formidable critique du média télé
et de ses dérives en matières de surexpositions audiovisuelles
concernant des faits divers souvent tragiques et sanglants.
L'acteur incarne un
personnage égocentrique, formidablement sûr de lui, instruit et se
cultivant à l'aide de l'outil le plus moderne de notre temps :
Internet. Il est surtout l'un des plus fameux sociopathes que le
septième art ait engendré depuis des décennies. Un monstre sans
humanité. S'il on peut lui prêter parfois une moralité qui lui est
propre, il semble en réalité en être presque totalement dénué.
Tout semble lui être dû. Jusqu'au succès rencontré par la
directrice des programme Nina (Rene Russo). Étonnamment, et alors
que bon nombre de cinéastes n'ont jamais véritablement cherché à
écarter les spectateurs de leur position de voyeurs, ici, c'est le
dégoût suprême qui prévaut sur la tentation de se délecter des
horreurs affligeantes que met en scène le personnage de Lou.
On n'est pas loin de
l'atmosphère lugubre de Michael Man (Manhunter). La
presque totalité de l’œuvre est filmée de nuit, dans une cité
éclairée par les seuls néons des devantures des magasins. Aminci,
Jake Gyllenhaal n'a jamais été aussi flippant que dans Night
Call,
avec ce sourire de gamin que l'on avait déjà découvert dans
l'extraordinaire Donnie Darko de Richard Kelly. La ville de Los
Angeles est pour son personnage un terrain de jeu immense. Un enfant
à la moralité douteuse que personne (ou presque) ne viendra
pourtant remettre en question. Le film de Dan Gilroy est un uppercut
prit en pleine face. Un monument à l'opacité rare, nanti d'un
humour jamais véritablement rassurant...
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