Lorsque Félix et Raoul
font connaissance au comptoir d'un café, le premier vient de
recevoir la visite d'un huissier et de déménageurs qui ont
scrupuleusement vidé son appartement. En effet, depuis trois ans, il
n'a pas une seule fois versé la pension alimentaire de son
ex-femme. Quand à Raoul, lassé de vivre avec Odette, il a
claqué la porte derrière lui. Noyant leur chagrin dans l'alcool,
les deux hommes font la connaissance d'un VRP qui leur propose de
monter jusqu'en Bretagne afin d'y vanter les mérites d'un vin
produit par les caves du Gai Vendangeur.
Félix et Raoul acceptent
mais rien ne se passe comme prévu. Ils font chou blanc et ne
parviennent pas à vendre la moindre bouteille de vin. Par chance,
ils vont rencontrer une gentille et jolie jeune bretonne prénommée
Éliane. Acceptant de prendre la route avec les deux VRP, c'est grâce
à elle que les ventes s'envolent. Jouant de sa beauté, elle
hypnotise les acheteurs potentiels tandis que Raoul et Félix leur
font signer des contrats de vente. Malheureusement, les clients ne
sont pas les seuls à tomber sous le charme d’Éliane. Félix et
Raoul eux aussi sont troublés, et des tensions naissent entre les
deux hommes...
Çà n'empêche pas les sentiments est le premier
long-métrage du musicien, écrivain et réalisateur Jean-Pierre
Jackson. Si son nom ne vous dit rien, il ne s'agit pourtant pas d'un
personnage anecdotique puisque outre sa participation aux événements
de Mai 68, il a, en terme de cinéma, eu une importance considérable
en matière de distribution de films underground puisqu'il distribua
les films du « pro-mammaire »
Russ Meyer, de quelques-unes des œuvres les plus trash de John
Waters et même le cultissime Basket
case de Frank Henenlotter.
Pour
son premier long-métrage, Jean-Pierre Jackson offre au duo de
comiques Chevalier est Laspalès leur premier véritable rôle
d'importance au cinéma. S'il ne s'agit pas d'une comédie
irrésistiblement drôle,Çà
n'empêche pas les sentiments
demeure frais et agréable à regarder. Avec un Philippe Chevalier en
personnage un peu ringard, stéréotypé, face à un Régis Laspalès
original, poète, mais parfois étrange (toujours ce regard de
pervers et cette voix lancinante qui en font un personnage tour à
tour amusant ou inquiétant). Autour des deux hommes, quelques
figures bien connues de l'humour français :
Luis
Rego, qui suivit durant un temps le célèbre groupe Les
Charlots, l'excellente humoriste
Sylvie Joly, disparue l'année dernière, Jackie Berroyer, Agnès
Soral, et même le trop rare et toujours savoureux Jean-François
Derec. Si donc Çà n'empêche pas
les sentiments n'est pas à
proprement une pure comédie (la pellicule étant emprunte d'une
certaine forme de mélancolie), on appréciera certains dialogues qui
font parfois irrésistiblement penser à du Audiard.
Même
si les deux principaux interprètes ne sont pas des acteurs de grande
envergure, ils demeurent si attachants qu'on leur pardonne les
faiblesses de leur interprétation. La note de fraîcheur est
apportée quant à elle par l'actrice Cécile Bois qui depuis 1992
tourne surtout pour le petit écran bien qu'elle ait tout de même
jusqu'à aujourd'hui joué dans une dizaine de long-métrages, prise
en main par certains cinéastes de renom ( au hasard, Claude Berri et
Alain Corneau). Le film de Jean-Pierre Jackson est donc une
sympathique comédie...
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