Rose Elliot est installée
dans un immeuble de New-York qu'elle découvre à travers un ouvrage
avoir été construit pour l'une des trois mères des Enfers, la
Mater Tenebrarum. Écrit par un alchimiste et architecte du nom
d'Emilio Varreli, Le Tre Madre précise que deux autres
demeures ont été bâties pour les deux sœurs de la Mater Varreli,
la Mater Suspiriorum à Fribourg et la Mater Lacrimarium à Rome.
Inquiète de devoir partager la demeure en compagnie de l'une des
trois sœurs maléfiques, Rose écrit à son frère Mark qui vit à
Rome et dans laquelle elle lui demande de bien vouloir la rejoindre
chez elle.
Étudiant la musique
auprès de son amie Sara, Mark emporte avec lui la lettre que lui a
envoyée sa sœur dans l'amphithéâtre, mais l'oublie à la fin des
cours. Heureusement pour lui la lettre tombe entre les mains de Sara
qui la retrouve à ses côtés. La jeune femme est préoccupée
depuis qu'elle a osé lire le contenu de la lettre. Alors qu'elle a
l'intention de la remettre à son destinataire, Sara est tuée par un
mystérieux inconnu qui déchire le mot et éparpille les morceaux à
proximité de son cadavre. Mark se décide finalement à prendre le
train pour New-York afin d'y retrouver sa sœur Rose...
Initiée trois ans plus
tôt avec l'un de ses grands classiques, Suspiria, la
trilogie des Trois Mères de l'Enfer de Dario Argento
se poursuit donc en 1980 avec le second volet, Inferno.
Bien qu'il lui soit inférieur, ce second volet vaut tout de même
détour, ce qui ne sera certainement pas le cas du dernier, intitulé
La Troisième Mère, et souvent considéré comme l'un
des pires films de son auteur. Tout comme dans Suspiria,
l'intrigue d'Inferno se joue dans un milieu urbain
continuellement plongé dans des halos lumineux faisant une grande
place aux couleurs primaires rouge, bleue et jaune. Si l'oeuvre
demeure bien dans le genre Giallo, Dario Argento y imprime cette
fois-ci un climat fantastique représenté par cette légende qui
voudrait qu'un alchimiste ait fait construire trois demeures pour
trois sœur diaboliques.
S'ensuit donc une série
d'événements portés par la grâce d'une esthétique parfois
extraordinaire (la scène du puits vers le début du film) et de jeux
de lumières caractéristique de l’œuvre du cinéaste italien.
Reprenant certaines idées du premier chapitre (la pluie, le design
général ainsi que l'incendie concluant le film), la partition
musicale d'Inferno n'a par contre pas été cette
fois-ci composée par l'illustre groupe italien Goblin mais par Keith
Emerson (claviériste des célèbres groupes Emerson, lake &
Palmer et Nice), le reste étant assuré par l'apport de l'opéra de
Verdi, Nabucco, qui sublime certains passages d'un œuvre qui
demeure cependant inégale.
Inferno ne
compte pas de héros à proprement parler, chaque personnage
finissant irrémédiablement par tomber entre les griffes de
l'assassin (Dario Argento continue d'ailleurs ici de tenir l'arme
blanche afin de sublimer chaque acte meurtrier). Plusieurs meurtres
sont mis en scène de manière à ce que l'assassin soit précédé
par des hordes d'animaux comme en veulent pour preuve la scène des
chats ou celle des rats. On retrouve également l'actrice (et
compagne du cinéaste à l'époque) Daria Nicolodi dans le rôle
d'Elise Stallone Van Adler, surjouant comme à son habitude.
D'ailleurs, à ce propos, on remarquera l'étrange manière qu'a
Dario Argento de mettre en scène ses personnages. Toujours un peu
théâtral, parfois agaçant, l'immobilisme permanent des interprètes
lors des moments de tension donne à l'ensemble l'aspect d'une pièce
de théâtre parfois un peu ridicule. Ce qu'il manque à Inferno,
c'est un peu de finition.
Alors que d'un point de
vue technique et esthétique, le film est irréprochable, on sent
qu'il y a eu un peu de laisser-aller d'un point de vue scénaristique.
Quelques éléments restent flous, et même si l'on est face à une
œuvre fantastique et donc par définition surnaturelle, on aurait
aimé que certaines scènes aient plus de sens, ou du moins qu'elles
soient abordées avec davantage de conscience professionnelle.
Toujours est-il qu'Inferno reste une honnête
production signée par l'un des maîtres italiens du genre...
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