De la fiction...
Nathalie travaille dans
une boutique de vêtements du Sentier à Paris. La jeune femme rêve
de cinéma et collectionne les aventures au bras de personnages aisés
dont elle note consciencieusement le numéro de téléphone dans un
carnet qu'elle conserve précieusement. Elle vit avec Éric, son
compagnon. Un jeune homme impulsif qui jusqu'à maintenir pouvait
compter sur son père pour l'approvisionner en argent. Mais ce
dernier lui coupe les vivres et Éric doit trouver un moyen d'en
gagner au plus vite. Le couple vit aux côtés de Bruno. Un
sympathique garçon mais plutôt amorphe et peu cultivé. Il a beau
trouver du travail, il est incapable de le conserver. Les deux mâles
du trio réfléchissent alors à une solution pour se faire de
l'argent. C'est alors qu'ils convainquent Nathalie d'utiliser son
carnet d'adresse afin de voler les riches hommes d'affaires qu'elle
fréquente. Elle servira d’appât, profitant de l'insouciance de
ceux-ci pour faire pénétrer chez eux ses deux compagnons afin de
soutirer de grosses sommes d'argent.
Les premiers essais sont
infructueux. Le trio est d'abord un quatuor complété par Patricia.
Mais cette dernière étant peu fiable, elle est très vite écartée.
Lorsque enfin la trinité tombe sur une proie de choix, un avocat,
c'est pour constater qu'il ne porte sur lui qu'une toute petite somme
d'argent. De plus, Éric fait une erreur qui le convainc de la
nécessité de tuer leur victime. Bruno a alors la charge d'éliminer
l'avocat qui meurt alors sous les coups du jeune homme.
Une fois l'appartement de
la victime quitté, le trio part dépenser l'argent gagné dans une
boite de nuit. Le lendemain matin, Nathalie constate qu'il n'en reste
rien. Pour les trois amis, il est évident qu'il va leur falloir très
vite trouver une nouvelle proie s'ils veulent pouvoir réaliser un
jour leur rêve : partir vivre aux États-Unis...
L’appât, de
Bertrand Tavernier, c'est Marie Gillain (Le Dernier Harem). La
jeune actrice campe le rôle difficile d'une jeune femme dont les
rêves utopiques font perdre toute raison au point d'accepter un jeu
monstrueux aux côtés de deux hommes, Olivier Sitruk (Passeurs de
Rêves) et Bruno Putzulu (Petits Désordres Amoureux).
D'une certaine manière, la bascule semble est justifié au travers
d'une scène durant laquelle elle réalise que les hommes qu'elle
aborde sont des menteurs qui n'éprouvent pour elle qu'un intérêt
professionnel tout relatif. La jeune femme est belle, sexy, et tous
ces hommes ne veulent qu'une chose : la mettre dans leur lit.
Alors, leur voler un peu de l'immense fortune qu'ils doivent cacher
chez eux à l'abri d'un coffre-fort, pourquoi pas ?
Le film démontre que le
pouvoir exercé par un homme au caractère bien trempé sur un esprit
faible et sur une jeune femme amoureuse peut mener à l'acceptation
de projets aussi fous que le meurtre. Le plus saisissant dans l’œuvre
de Bertrand Tavernier, c'est cet attachement qu'il crée entre le
spectateur et ce trio maléfique et amoral qui pourtant demeure fort
sympathique. De jeunes individus interprétés de manière juste par
un trio d'acteurs talentueux.
… à la réalité
L’appât
s'inspire très clairement d'un fait divers célèbre survenu en
France dans les années quatre-vingt. Si Tavernier change les noms,
sa source d'inspiration est bien l'affaire du Trio Diabolique parmi
les membres duquel la jeune et jolie Valérie Subra fut un élément
décisif. Elle séduit les hommes riches, Laurent Hattab et Jean-Rémy
Sarraud, eux, s'infiltrent dans l'appartement de leur proie et la
tuent après leur avoir extorqué de l'argent. Le trio tuera par
deux fois avant d'être arrêté alors qu'il s’apprêtait à
remettre ça.
N'ayant pas directement
participé aux meurtres, Valérie Subra subira pourtant la même
peine que ses deux compagnons, soit la réclusion à perpétuité
accompagnée d'une période incompressible de dix-huit ans. Depuis,
les trois ont été libérés. Subra est mariée et vit désormais à
l'étranger...
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