Michel
est infographiste, marié à Rachelle et passionné par
l'Aéropostale. Il travaille pour le compte de Rémi auquel il doit
rendre un projet de maquette en trois dimensions. Lors d'une réunion,
les deux hommes ainsi que leur collaborateurs jettent au hasard de
leurs recherches sur Internet des exemples de palindromes. Tous, sauf
Michel qui plus tard en trouvera un : Kayak. Mais plus important
est la ressemblance de cette embarcation avec le fuselage des avions
auxquels il voue une véritable passion.
Michel
décide donc d'en acheter un sans en dire un mot à Rachelle.
Recevant l'objet en kit, il le monte seul, puis l'installe sur le
toit de leur demeure et s'entraîne dans le vide à pagayer. Michel
prend quelques jours de congés puis, accompagné par Rachelle, il
prépare une traversée de plusieurs dizaines de kilomètres le long d'une rivière. Après s'être dit au revoir, les époux
partent chacun de leur côté, Michel parcourant le lit de la
rivière. Quatre kilomètres après le départ, il décide de
s'arrêter pour la nuit à venir. Il rencontre la jeune Mila qui lui
conseille de demander à Lætitia afin de trouver un emplacement pour
installer sa tente.
Michel
qui ne pensait rester dans le coin que l'espace d'une nuit va être
irrémédiablement ramené vers la propriété de Lætitia, se
rapprochant peu à peu de celle-ci, et sympathisant avec les habitués
du coin...
Dernier
long-métrage en date de Bruno Podalydès, Comme
un Avion ne
décevra pas les amateurs de l'univers si particulier du cinéaste.
Ceux qui n'en sont pas coutumiers, du moins, une partie d'entre eux
(les plus impatients), risquent de ne pas tenir plus de quinze ou
vingt minutes d'un film qui s'ouvre sur une ambiance des plus
monotone, assez représentative du quotidien de notre héros
interprété par le cinéaste lui-même. Ce serait une erreur
impardonnable lorsque l'on sait combien l’œuvre recèle par la
suite de moments extrêmement plaisants.
Comme
un Avion
est traversé par une poésie presque permanente et par une
succession de scènes aussi bluffantes de simplicité que
d'ingéniosité. On y découvre des personnages attachants campés
par des acteurs formidables dont Agnès Jaoui n'est pas des moindre.
Si le personnage de Michel n'est pas au premier abord des plus
attachant ni des plus convivial, il exerce pourtant autour de lui une
attraction qui rend le sourire à des être déchirés soit par la
mort d'un conjoint, soit par une séparation. On retrouve l'éternel
frangin du cinéaste, Denis Podalydès, la jolie Vimala Pons dans le
rôle de Mila, le toujours savoureux Michel Vuillermoz dans celui de
Christophe, le « peintre »
atteint de poliomyélite, mais aussi Pierre Arditi en pêcheur
grincheux.
Comme un clin d’œil aux palindromes, la musique du Prélude en do mineur BWV 847 de Bach accompagne le rêve où Michel se voit piloter sa maquette d'avion. Est-ce un hasard ? parce-que les 9 premières notes de la mélodie de ce prélude ( DO MIb RE MIb DO MId RE MIb DO) sonnent comme aussi un palindrome).
Comme
un Avion
sent la campagne. Le vent souffle sur les draps séchant au soleil. A
la terrasse de Lætitia, on boit le pastis frais, arrosé de glaçons.
L'univers de ses personnages demeure hors du temps. Il y fait
tellement vivre que l'on se prend à rêver d'y avoir la place si
privilégiée de Miche. Les débuts moroses du début laissent peu à
peu la place à l'humour et au surréalisme. Le film fourmille de
petites scènes irrésistiblement drôles (la tente Quechua se
refermant et réintégrant toute seule son fourreau pour ne citer
qu'elle). On en ressort heureux d'avoir assisté à un tel spectacle.
Ici, pas de grands effets. Rien que de grandes idées servies par un
cinéaste et des interprètes talentueux...
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