Paul et Hélène font
route à bord de leur véhicule lorsqu'ils sont percutés en pleine
rue, un soir, par une jeune prostituée poursuivie par trois hommes
qui lui veulent visiblement du mal. Prête à accueillir la jeune
femme à bord de la voiture, Hélène constate que Paul est d'un tout
autre avis. Il bloque l'ouverture des portières et démarre alors
même que la prostituée est rattrapée par les trois hommes qui la
passent à tabac sous les yeux effarés d'Hélène. Paul dirige sa
voiture jusqu'à une station de lavage fin de faire disparaître les
traces de sang laissées par la jeune femme et le couple rentre chez
lui comme si de rien n'était.
Mais si lui parvient à
reprendre le court de sa vie normale, Hélène à quant à elle des
remords. Ainsi, elle téléphone et se renseigne auprès des urgences
afin de savoir où a été transportée la jeune femme. Une fois le
nom de l’hôpital mentionné, elle s'y précipite afin de rendre
visite à la blessée tombée depuis, dans le coma. Chaque jour,
Hélène va veiller sur celle qui se fait appeler Noémie. De son
réveil, jusqu'à ses premières paroles, prenant ainsi le risque de
tomber nez à nez avec ceux qui ont mis Néomie dans cet état.
Les deux femmes vont
apprendre peu à peu à se connaître, se liant même d'amitié au
point d'échauder un plan afin de faire tomber le réseau de
maquereaux lancés à la poursuite de Noémie. Mais rien n'est facile
lorsque l'on fait partie d'une famille dont les préoccupations sont
tout autres...
Lorsque l'on découvre
Chaos de Coline Serreau, il est étonnant de
s'apercevoir qu'il ne s'agit ni de son premier, ni de son second film
mais bien de son huitième long-métrage. Car si la femme qui se
cache derrière des merveilles telles que Romuald et Juliette,
La Crise ou La Belle Verte profite une
fois encore de son sujet pour œuvrer dans le social, on s'étonne de
n'y entendre aucun dialogue de la force d'écriture de celle des
films cités juste au dessus.
La cinéaste met en
parallèle l'histoire de deux femmes qui n'ont certainement pas la
vie dont elles rêvaient. Entre Hélène (Catherine Frot), épouse
d'un chef d'entreprise (Vincent Lindon), mère d'un fils copie
conforme d'un époux qui n'a d'intérêt que pour son travail, et
Noémie/Malika (Rachida Brakni), fille d'un père qui la réservée à
un homme beaucoup plus âgé qu'elle mais qui prendra la fuite afin
d'échapper à son triste sort avant d'en connaître un autre tout
aussi peu enviable en tombant dans la drogue et la prostitution.
Chaos
fourmille de bonnes idées et de bonnes intentions. Et comme a l'air
de l'affirmer cette œuvre jusque dans son titre, le monde dans
lequel nous vivons n'est que désordre. Comme l'est le scénario
aussi touffu que (volontairement?) désordonné. Si l'on peut
s'étonner de n'y trouver là, rien d'autre qu'un rapport avec une
première et maladroite tentative, c'est parce que les
invraisemblances sont légion. Entre une Noémie qui raconte,
flash-back à l'appui, comment piéger de riches milliardaires, et ce
coup de foudre de la part d'un Vincent Lindon qui jusqu'ici ne
s'intéressait qu'à son boulot, Chaos est maladroit
dans sa façon d'aborder certaines thématiques tandis que d'autres
paraissent avoir été réfléchies avant d'être mises en images (la
condition des femmes musulmanes dans les quartiers difficiles).
Le film se découpe
véritablement en trois parties. On distingue la première qui met en
scène le duo formé par Vincent Lindon et Catherine Frot, déjà au
bord de l'implosion et qui éclate véritablement avec l'apparition
de Noémie/Rachida. La seconde développe les rapports entre ces deux
femmes que tout semblait pourtant séparer, avec la vision
sous-jacente de leurs familles respectives. La dernière partie
demeure sans doute la plus farfelue du récit. Noémie n'est plus une
simple prostituée d'origine maghrébine arrachée au milieu social
qui était le sien jusqu'à la terrible décision de son père de la
donner à un homme beaucoup plus âgé qu'elle. Elle se transforme en
une escort-girl manigançant un stratagème efficace (mais peu
crédible) afin de soutirer des richesses de vieux milliardaires.
Tout devient encore plus grotesque lorsque le personnage de Paul
tombe raide dingue de cette jeune femme s'évanouissant à ses côtés
au milieu d'un couloir d'aéroport. Impossible d'y croire un seul
instant. C'est même tellement risible que l'on ne peut réagir
autrement qu'en se disant que tout a été mûrement réfléchi par
la réalisatrice/scénariste elle-même. Coline Serreau semble donc
se jouer des spectateurs et elle y réussit très bien. Au final,
Chaos restera comme un bon film, pas le meilleur de son
auteur, mais très frais tout de même. Il a de plus permis à
l'actrice Rachida Brakni de remporter plusieurs récompenses dont le
César du meilleur espoir féminin...
Oh, et il y a aussi ce passage où Rachida Bakani explique qu'elle s'est rendue à une antenne du MRAP ou SOS Racisme et que l'employé lui reproche de livrer un témoignage que l'on qualifierait, à notre époque, d'islamophobe (le terme a été créé, d'ailleurs, pour dénigrer les discours féministes dans une théocratie du Proche-Orient)
RépondreSupprimerUn film brillant , déroutant et très universel dans son sujet ! Catherine Frot, Rachida Brakni et Vincent Lindon y sont formidables et Coline Serreau réalise là un de ces meilleurs films !
RépondreSupprimer