Parce qu'il a allumé un
feu, causant de graves blessures sur l'un de ses camarades, sa mère
à le devoir de venir récupérer son fils Steve. Un adolescent
violent qui a parcouru écoles spécialisées et centre
d'hébergements mais qui devant l’inefficacité des traitements et
devant son comportement dangereux ne peut demeurer davantage en
institution. Exubérante et quelque peu immature, sa mère Diane
vient donc récupérer son fils et décide le garder auprès de lui.
En 2015, lors des
élections, un nouveau gouvernement est élu au Canada, qui met très
vite en place le projet de loi S-14 permettant aux parents d'enfants
dotés de troubles comportementaux et ne pouvant subvenir seuls à
leur éducation de les envoyer d'une simple signature dans un
établissement spécialisé.
Pourtant, malgré le
comportement parfois très inquiétant de Steve, Diane s'y refuse,
mettant sa vie en danger. Impulsif et incapable de se maîtriser sans
un traitement médical, le jeune garçon et sa mère vont pourtant
faire la connaissance de Kyla, la voisine d'en face, mère d'une
petite fille et épouse d'un ingénieur en informatique. Bègue, elle
n'a jamais quitté le confort de leur demeure depuis qu'ils sont
venus s'installer dans le quartier trois ans plus tôt. Institutrice,
elle confie à ses nouveaux voisins qu'elle a pris une année
sabbatique sans en préciser les raisons.
Diane a besoin de
travailler pour les faire vivre elle et Steve. Un jour, alors qu'elle
part postuler pour un emploi, elle demande à Kyla d'accepter durant
son absence de donner quelques cours à Steve...
Mommy,
cinquième film de Xavier Dolan, est si profond et si captivant,
qu'écrire dessus sans déformer le propos et les intentions du
cinéaste, ainsi que le ressenti du spectateur peut se révéler une
tentative risquée. Comme précisé en préambule, l’œuvre se
déroule dans un Canada imaginaire. Dans un format vidéo étriqué
qui contrairement aux a priori, pourrait desservir le film durant
quelques courtes minutes, Mommy est une œuvre qui dans
l'apparente simplicité du jeu de ses interprètes et de la mise en
scène de Xavier Dolan se révèle d'une ampleur incroyable.
Film qui se vit, se
respire même au delà du cadre imposé par son réalisateur, Mommy
ne se raconte pas vraiment. Il ne s'agit même pas d'un exutoire à
notre propre existence et n'est par définition pas vraiment
divertissant. Il demeure cependant la juste expression d'une angoisse
actuelle qui touche sans doute beaucoup de familles mono-parentales.
Les personnages dégagent
un amour immense les uns pour les autres. C'est un tourbillon de
sentiments qui vous prennent aux tripes, à la gorge, et finissent de
vous achever alors même que le générique de fin est encore loin.
Ce qui partait pour être le film d'un duo (les extraordinaires
Antoine-Olivier Pilon et Anne Dorval) va se muer peu à peu en un
trio dont l'actrice Suzanne Clément n'est pas des plus futile. Tout
comme pour ses compagnons d'aventure, le personnage qu'elle incarne a
tout autant d'importance. Cela démontre la maîtrise du cinéaste
concernant ses personnages. Au delà même de cette comédie qui se
mue parfois en un drame des plus poignant, magnifiquement servi par
la musique de Noia, Xavier Dolan ne se contente pas de personnages
superficiels. En les enfermant, en les cerclant de ces larges bandes
noires, il nous rapproche un peu plus d'eux. Le spectateur entre en
contact direct avec l'intimité de ces trois individus pour lesquels
l'on tombe inévitablement sous le charme.
Outre la musique écrite
spécialement pour ce film, on peut entendre quelques classiques de
la pop internationale en général et fort logiquement, la voix de
Céline Dion, le film et les personnages étant d'origine canadienne.
Des choix qui pourraient parfois paraître étonnants (le film date
de 2014) mais qui permettent sans doute de respirer parfois un grand
bol d'air car le film demeure parfois émotionnellement difficile à
supporter. Mommy est sans doute l'un des plus grands films qu'ait
généré la première moitié des années 2010, et un vrai coup de
cœur ici. Attendez-vous à vous souvenir longtemps de Diane, Steve,
et Kyla...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire