De la fiction...
Après avoir travaillé
dans plusieurs grandes maisons comme bonne, Christine Papin est
employée chez Mme Lancelin qui vit auprès de son époux et de leur
fille Geneviève. La jeune femme parvient après quelque temps à
faire embaucher sa sœur cadette Léa. Une situation qui ravit
Christine qui rêve de pouvoir l'arracher à leur mère avec laquelle
elle entretient des rapports compliqués. En effet, plus jeune, et
alors qu'elle exprimait le désir d'entrer au couvent, elle se voit
réprimander par sa mère à laquelle elle répond par la suite
vouloir retrouver son père parti sur le front. C'est là que sa mère
la menace de prévenir la police et de le faire enfermer au retour de
la guerre, lui qu'elle accuse d'être un violeur. C'en est trop pour
Christine et les rapports entre mère et fille ne seront plus jamais
les mêmes.
Alors, lorsque Léa, bien
des années plus tard, entre aux services des Lancelin, les deux
sœurs sont heureuses. Malgré l'intransigeance de leur employeur,
Christine et Léo ont droit à quelques moments de tranquillité et
dorment dans la même chambre, sous les toits de la luxueuse demeure
des Lancelin. Christine ne vivant qu'à travers sa sœur, Léa
accapare toutes ses pensées. Se rendant elle-même malade au point
d'être tétanisée par l'angoisse, Christine va commettre
l'impensable, un soir, alors qu'elle et Léa se croyaient seules chez
les lancelin...
Cinq ans après l'immense
La Cérémonie de Claude Chabrol avec les non moins
extraordinaires Sandrine Bonnaire et Isabelle Huppert, le cinéaste
Jean-Pierre Denis donne une vision beaucoup plus proche du fait
divers célèbre au cœur duquel furent présentées Christine et Léo
Papin. Les Blessures Assassines n'est pas une œuvre de
divertissement. Elle s'attache avec beaucoup de réalisme et de
pudeur à décortiquer le récit d'un drame qui selon le déroulement
de l'intrigue apparaissait comme inévitable.
L'un des principaux
atouts du film de Jean-Pierre Denis est de justement révéler tout
ce que le procès des sœurs Papin avait jugé bon d'ignorer. De
l'enfance des deux héroïnes, et notamment celle de Christine,
jusqu'au mensonge de la mère au sujet du père et que l'on jugera ou
non comme l'événement marquant dans l'existence de la jeune femme,
ce qui expliquera sans doute son désir de protéger sa sœur Léa.
Qui mieux que Sylvie Testud aurait pu relever ce challenge
difficile, aux côtés d'une Julie-Marie Parmentier elle aussi
fantastique dans le rôle de Léa ?
A lire froidement le
récit des événements dans un quelconque ouvrage, rien n'aurait pu
nous bouleverser autant que l'admirable interprétation des deux
actrices merveilleusement mises en scène par Jean-Pierre Denis.
L'histoire des sœurs Papin fut maintes fois abordée en
littérature et au cinéma. Jean-Pierre Denis en donne une vision
juste et profondément humaine. Comme le sont justement ces deux
sœurs liées par l'amour dans tout ce qu'il peut exprimer de beau et
de sincère, nous les rendant attachantes même après leurs méfaits.
Les Blessures Assassines est
une merveille à ranger précieusement aux côtés de l’œuvre de
Claude Chabrol...
... à la réalité
Christine
Papin est née en 1905. Sa jeune sœur Léo, en 1911. connues sous le
nom des Sœurs Papin, elles se rendirent célèbres en tuant leurs
employeurs, une mère et sa fille. Contrairement au film de
Jean-Pierre Denis qui demeure assez sobre, les événements qui
surgirent dans la demeure des Lancelin le jeudi 2 Février 1933
furent d'une exceptionnelle violence, le médecin légiste chargé
d'examiner les corps les ayant décrit comme de la bouillie
sanglante. Les deux victimes furent énucléées, frappées à coups
de couteaux et de marteaux avant d'être « ciselées »
comme des lapins. Chrstine et Léa furent retrouvées par la police
assises au fond du lit dans lequel elles dormaient après le travail.
Lors du procès, Christine fut condamnée à mort avant d'être
graciée. Elle écopa finalement d'une peine de travaux forcés à
perpétuité. Sombrant dans la folie, elle fut internée à l'asile
public d'aliénés de Rennes où elle mourut en 1937. Léa quant à
elle fut condamnée à dix années de travaux forcés et retrouva sa
mère avec laquelle elle vécu jusqu'à la mort de celle-ci. Léa
s'installe alors dans un couple qui l'accueille et la fait passer
pour la troisième grand-mère de leurs enfants. Elle y meurt le 24
juillet 2001 à l'âge de 89 ans.
Documentaire sur l'affaire des Sœurs Papin
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