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mardi 26 janvier 2016

Les tueurs qui inspirent le 7ème art: Christine et Léa Papin - Les Blessures Assassines de Jean-Pierre Denis (2000)



De la fiction...

Après avoir travaillé dans plusieurs grandes maisons comme bonne, Christine Papin est employée chez Mme Lancelin qui vit auprès de son époux et de leur fille Geneviève. La jeune femme parvient après quelque temps à faire embaucher sa sœur cadette Léa. Une situation qui ravit Christine qui rêve de pouvoir l'arracher à leur mère avec laquelle elle entretient des rapports compliqués. En effet, plus jeune, et alors qu'elle exprimait le désir d'entrer au couvent, elle se voit réprimander par sa mère à laquelle elle répond par la suite vouloir retrouver son père parti sur le front. C'est là que sa mère la menace de prévenir la police et de le faire enfermer au retour de la guerre, lui qu'elle accuse d'être un violeur. C'en est trop pour Christine et les rapports entre mère et fille ne seront plus jamais les mêmes.

Alors, lorsque Léa, bien des années plus tard, entre aux services des Lancelin, les deux sœurs sont heureuses. Malgré l'intransigeance de leur employeur, Christine et Léo ont droit à quelques moments de tranquillité et dorment dans la même chambre, sous les toits de la luxueuse demeure des Lancelin. Christine ne vivant qu'à travers sa sœur, Léa accapare toutes ses pensées. Se rendant elle-même malade au point d'être tétanisée par l'angoisse, Christine va commettre l'impensable, un soir, alors qu'elle et Léa se croyaient seules chez les lancelin...

Cinq ans après l'immense La Cérémonie de Claude Chabrol avec les non moins extraordinaires Sandrine Bonnaire et Isabelle Huppert, le cinéaste Jean-Pierre Denis donne une vision beaucoup plus proche du fait divers célèbre au cœur duquel furent présentées Christine et Léo Papin. Les Blessures Assassines n'est pas une œuvre de divertissement. Elle s'attache avec beaucoup de réalisme et de pudeur à décortiquer le récit d'un drame qui selon le déroulement de l'intrigue apparaissait comme inévitable.
L'un des principaux atouts du film de Jean-Pierre Denis est de justement révéler tout ce que le procès des sœurs Papin avait jugé bon d'ignorer. De l'enfance des deux héroïnes, et notamment celle de Christine, jusqu'au mensonge de la mère au sujet du père et que l'on jugera ou non comme l'événement marquant dans l'existence de la jeune femme, ce qui expliquera sans doute son désir de protéger sa sœur Léa. Qui mieux que Sylvie Testud aurait pu relever ce challenge difficile, aux côtés d'une Julie-Marie Parmentier elle aussi fantastique dans le rôle de Léa ?

A lire froidement le récit des événements dans un quelconque ouvrage, rien n'aurait pu nous bouleverser autant que l'admirable interprétation des deux actrices merveilleusement mises en scène par Jean-Pierre Denis. L'histoire des sœurs Papin fut maintes fois abordée en littérature et au cinéma. Jean-Pierre Denis en donne une vision juste et profondément humaine. Comme le sont justement ces deux sœurs liées par l'amour dans tout ce qu'il peut exprimer de beau et de sincère, nous les rendant attachantes même après leurs méfaits. Les Blessures Assassines est une merveille à ranger précieusement aux côtés de l’œuvre de Claude Chabrol...


... à la réalité

Christine Papin est née en 1905. Sa jeune sœur Léo, en 1911. connues sous le nom des Sœurs Papin, elles se rendirent célèbres en tuant leurs employeurs, une mère et sa fille. Contrairement au film de Jean-Pierre Denis qui demeure assez sobre, les événements qui surgirent dans la demeure des Lancelin le jeudi 2 Février 1933 furent d'une exceptionnelle violence, le médecin légiste chargé d'examiner les corps les ayant décrit comme de la bouillie sanglante. Les deux victimes furent énucléées, frappées à coups de couteaux et de marteaux avant d'être « ciselées » comme des lapins. Chrstine et Léa furent retrouvées par la police assises au fond du lit dans lequel elles dormaient après le travail. Lors du procès, Christine fut condamnée à mort avant d'être graciée. Elle écopa finalement d'une peine de travaux forcés à perpétuité. Sombrant dans la folie, elle fut internée à l'asile public d'aliénés de Rennes où elle mourut en 1937. Léa quant à elle fut condamnée à dix années de travaux forcés et retrouva sa mère avec laquelle elle vécu jusqu'à la mort de celle-ci. Léa s'installe alors dans un couple qui l'accueille et la fait passer pour la troisième grand-mère de leurs enfants. Elle y meurt le 24 juillet 2001 à l'âge de 89 ans.

Documentaire sur l'affaire des Sœurs Papin 

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