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vendredi 20 novembre 2015

Les tueurs qui inspirent le 7ème art: Martha Beck et Raymond Fernandez "Alléluia" de Fabrice du Welz (2014) - ★★★★★★★★★☆



La passion naît presque immédiatement dans le cœur de Gloria. Intense, immédiate, animale et sauvage. La force des premières images de cette rencontre improbable entre une jeune femme d'origine espagnole déçu e d'un homme dont elle est divorcée et d'un autre, nouveau dans sa vie, dont les intérêts sont tout autres a quelque chose de miraculeux. Comme l'émotion palpable et l'attachement du spectateur pour ces deux personnages naufragés le sont quand dans la plupart des œuvres du même genre c'est le détachement qui prédomine par manque de temps, de moyens ou de talent, nous laissant dans une indifférence totale. Celui qui use de sa belle prose pour séduire sa dernière proie et lui faire cracher quelques billets révèle un visage bien différent et un comportement fait de prostration et de crédulité, pantalon sur les genoux, lorsqu'il assiste sans moyen d'agir ou de participer au meurtre particulièrement sauvage du personnage de Marguerite campé par Édith Le Merdy. 
Si le film est parfois filmé dans des tons presque crus et monochromes valsant entre bleu électrique et rouge carmin, la dite scène, jouée dans une cave humide, image granuleuse et halo de lumière laiteux viennent appuyer le propos sordide de ce meurtre sauvage signifiant l'exclusivité de Gloria sur le corps et l'esprit de celui dont elle est FOLLEment amoureuse. Celle qui jusqu'alors nous avait exhibé ses faiblesses, entre pleurs incontrôlés, cris hystériques presque enfantins et capricieux, et naïveté assumée lors de ses retrouvaille avec Michel (prodigieusement interprété par l'éblouissant acteur Laurent Lucas), nous montre un tout autre visage. Elle arbore en effet le visage en tout point semblable à celui de Frank Zito dans le Maniac de William Lustig, et même si les deux personnages n'ont que très peu de rapports (et même voire aucun), c'est la même folie qui se dessine dans leurs yeux durant cet instant terrible où ils commettent ces actes jusqu’au-boutistes de meurtres. 


C'est pour Gloria aussi sans doute l'occasion d'affirmer sa position en tant que maîtresse exclusive de Michel, amant effaré par la scène à laquelle il vient d'assister. La scène est longue, et dure sûrement aussi longtemps qu'un acte réel de meurtre par strangulation. Et pour rendre la chose encore plus difficile à regarder, le cinéaste belge Fabrice du Welz appuie le propos en accentuant les bruits dérangeants dispensés par cette femme qui agonise sur le sol de sa propre cave.

"Tu te rends compte de ce que tu viens de faire Gloria ?" Premiers mots de Michel, suivis de "T'as conscience qu'elle allait nous donner l'argent, que c'était une question de jours ?".

Le moment ne serait pas si tragique qu'on en viendrait presque à rire. Car après la seconde phrase (alors qu'à l'issue de la première on croit encore noter un semblant d'humanité chez l'amant), Fabrice du Welz met en avant les principaux enjeux de cette relation. Plus encore que le meurtre, c'est l’appât du gain qui prévaut sur tout le reste. Que Gloria tue n'a plus vraiment d'importance tant qu'elle attend que la victime ait confié son argent à ses deux insoupçonnés futurs bourreaux...


Si cet article n'explore que le second acte d'une œuvre qui en compte quatre, ça n'est que pour mieux conserver toute la substance d'un film qui revient sur un fait divers horrible survenu à la toute fin des années 40 et dont les auteurs sont les célèbres meurtriers Martha Beck et Raymond Fernandez. Alors que la première devait être la prochaine proie du second qui escroquait ses victimes, celui-ci tombe amoureux de la jeune femme. Martha Beck finit par participer aux activités criminelles de Fernandez. Si certains aspects diffèrent de l'histoire vraie, Alléluia compte pas mal de points en commun avec le récit de Beck et Fernandez. Les noms diffèrent mais les agissements sont similaires. A la différence près que Gloria (l'éblouissante Lola Duenas) est celle qui dans le film commet les meurtres. Les noms ne sont pas les mêmes mais l'adaptation est assez fidèle. La musique de Vincent Cahay appuie aussi bien l'aspect sordide de certaines situations et la poésie macabre qui s'en dégage. Manuel Dacosse assure quant à lui une photographie superbe. Dix ans après son très réussi Calvaire, Fabrie du Welz signe son quatrième et indéniablement meilleur film. Une œuvre qui sera nominée dans différents festivals et notamment à Canne dans la sélection de la Quinzaine des Réalisateurs et le Festival International du Film de Toronto. Un chef-d’œuvre et un classique qui laisse une marque indélébile dans l'esprit de celui qui l'explore...

Le vrai visage de la mort


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