Dans
un monde aux allures de fin du monde, un ancien clown (campé par
Dominique Pinon) arrive au bas d'un immeuble autour duquel ne semble
subsister qu'un vaste brouillard à travers lequel on devine les
restes de fondations que l'homme a bâtit dans le passé. Un lieu de
perdition situé dans un futur proche et improbable. Engagé comme
homme à tout faire dans ce vieil immeuble qui rappelle vaguement
ceux que l'on rencontre dans le Paris d'aujourd'hui, le vieux clown
devra résister à la terrible machination fomentée contre lui.
Les
apparences sont trompeuses, du moins pour un temps car le rôle de
notre petit homme ira bien au delà du simple réparateur ou peintre
en bâtiment. Très vite il prendra des risques insensés à l'image
de cette scène à travers laquelle il tente de "sauver la vie"
d'un petit colis dont une famille à l'agonie s'empare avant que le
livreur n'arrive à reprendre le dessus allant même jusqu'à menacer
le pauvre clown de son arme à feu, ce dernier n'étant en rien
responsable de la situation. Le colis sera remis entre les mains de
sa destinataire, fille du boucher et future muse de notre héros.
Alors tout semble reprendre son cours. La vie des occupants semble
réglée comme du papier à musique, tels ces deux frangins,
fabricants artisanaux de boites à "meuuuuh", ce vieil
homme vivant seul avec ses grenouilles et ses escargots, baignant
dans une eau déguelasse se reposant sur fond de chants militaires,
ou encore cette femme aux apparats de bourgeoise qui s'invente des
techniques de suicide parfaitement rocambolesques mais qui finissent
toujours à l'eau (c'est le cas de le dire)....Alors que tout ce
petit monde parait vivre ou mieux, survivre dans l'attente, le
boucher lui, prépare quelque chose c'est certain.
Par
la force des choses, et dans un futur qui ne semble plus souffrir
d'aucune moralité, les habitants du vieil immeubles sont tous
devenus anthropophages et le boucher est leur fournisseur en viande.
Tous cannibales sauf l'une de locataires: la fille du boucher. Et
c'est à elle que l'ancien clown devra sa survie. Une étrange
histoire d'amour bancale qui les verra liés l'un à l'autre mais
aussi et surtout à une bien curieuse organisation vivant dans les
égouts et qui viendra leur porter secours à la fin lorsque
l'immeuble entier sera réuni afin d'en finir une bonne fois pour
toute avec leur proie récalcitrante.
La
grande force de ce film est cette folie permanente qui transpire dans
chaque scène, tel ce passage mémorable ou Dreyfus et Viard,
allongés sur un sommier couinant, semblent mener la danse tel un
métronome dans ce vieil immeuble dans lequel chaque habitant vit au
grès de leurs secousses orgiaques, menant le tempo comme le ferait
un couple de chefs d'orchestre. Les cadrages, les gros plans, les
travellings, tout concours à faire de ce Delicatessen
un film réellement à part dans le septième art. L'image, sublime
comme à son habitude et la photographie de Darius Khondji sont à
l'image du reste: tout simplement bluffantes. Le scénario de Gilles
Adrien est un modèle d'originalité quand à la musique de Carlos
D'Alessio elle ponctue de façon discrète les moments clés du
film...
Bizarre : je ne me rappelle pas l'histoire (donc je la redécouvre ici comme quelque chose d'inédit), alors que je garde en mémoire la très belle photographie, évidemment, les mimiques des personnages, et une certaine étrangeté qui m'avaient fait adorer ce film, ainsi que le suivant, La Cité des Enfants Perdus (première découverte de Jeunet). Par la suite, j'ai tenté "Amélie Poulain" et ça n'a vraiment pas pris avec moi...je ne l'ai jamais terminé. Quant au long dimanche de fiançaille, je ne dois pas être allé plus loin que la bande annonce.
RépondreSupprimer