De la fiction...
La banlieue. Une sortie
d'usine. Dernier jour d'école. Un bar, le soir. Ses habitués. Et
Pierre Lantier qui ne se rend pas au rendez-vous que lui a donné
l'un de ses collègues de travail. Le jeune homme roule lentement à
bord de sa Renault orange avant de proposer à une fillette de
l'aider à retrouver son petit caniche noir. Vêtu d'une veste à
carreaux rouge que reconnaîtra bientôt le principal témoin, un
immigré, Lantier est contacté par la police qui voit en lui un
témoin potentiel dans la disparition d'Arlette avant d'être
finalement accusé puis arrêté. Lantier, parle, avoue l'enlèvement
puis le meurtre. La gamine et retrouvée morte et défigurée dans
une ancienne usine d'incinération des ordures ménagère.
La presse s'empare de
l'affaire. Et un juge d'instruction est saisi. Commence alors pour
l'accusé et les principaux acteurs du drame, une enquête
minutieuse...
La Machine date de
1977 et pourtant, depuis presque quarante ans, rien n'a vraiment
changé. L'année précédant la sortie du film, la France connaît
l'effroi au travers d'une sordide affaire de pédophilie. Celle du
jeune Philippe Bertrand, huit ans, tué par le « célèbre »
Patrick Henry. Le cinéaste Paul Vecchiali, également producteur
indépendant et écrivain réalise une œuvre forte, poignante, et
qui attache une grande importance au réalisme des faits.
Le film de Vecchiali
décortique de A à Z le cheminement d'une affaire criminelle.
L'enlèvement, la découverte du corps, sans passer par tout ce que
peut avoir de sordide le meurtre de l'enfant qui ne sera décrit que
dans les rapports de police et dans les interventions de la presse
papier et télévisée. Des domaines qui n'avaient pourtant pas
l'insensibilité d'aujourd'hui et qui savaient peut-être encore dans
une certaine mesure « se tenir » et respecter la douleur
des parents. Une juge d'instruction prend la relève. Témoignage
bouleversant des parents de la fillette. De l'immigré qui a
découvert le corps. Des habitués du bar où avait ses habitudes le
criminel. Réactions des habitants de la région qui sans même se
poser la question sur la légitimité de la peine de mort demandent que le tueur paie de sa vie le meurtre de la petite Arlette.
Les médias s'invitent
chez le parents d'Arlette donc, mais chez la mère de Pierre Lantier
également. On tente de trouver des raisons à son acte. Un père qui
battait sa mère devant son fils et qui depuis a quitté la demeure
familiale. Pierre a le visage angélique de celui que l'on ne
soupçonne pas. Ses collègues, ses quelques amis le confirment. Une
psychiatre examine l'assassin. Ministres et garde des sceaux
n'attendent même pas les résultats et le condamnent devant les
caméras à la peine de mort.
C'est d'ailleurs autour
de celle-ci que va s'articuler le film. On en oublierait presque la
victime. Le public rêve de lyncher le monstre. D'autres veulent une
justice exemplaire. Une manière un peu différente et hypocrite d'en
arriver au même résultat.
La Machine est une
œuvre très forte. Éminemment instructive. La Machine,
c'est cette instruction qui ne laisse la place à aucun hasard. C'est
aussi quelque part l'apparente froideur du tueur qui ne montre pas
avant le procès la moindre émotion, ou encore l'acharnement des
médias à faire du tueur un monstre, cultivant ainsi la haine des
citoyens...
… à
la réalité
A
Troyes, Patrick Henry enlève le jeune Philippe Bertrand le 30
janvier 1976 alors qu'il sort de l'école. C'est ainsi que débute
l'une des affaires policière les plus sordides de l'histoire
criminelle française. Le kidnappeur demande alors une rançon, mais
la police, en planque est repérée par le malfrat et celui-ci
s'enfuit à bord de son véhicule dont les autorités parviennent
tout de même à noter le numéro de la plaque d'immatriculation. Il
est arrêté mais nie avoir commis l'enlèvement. Il ose même avouer
devant les médias que « le
criminel mérite la peine de mort pour s'en être pris à un
enfant ». Patrick Henry
est filé par la police et c'est alors que sa photo est diffusée
dans tous les hôtels qu'un propriétaire reconnaît en cet homme
l'un de ses clients. Lorsque la police débarque dans la chambre
qu'il loue, elle découvre le corps du petite Philippe caché sous le
lit de Patrick Henry. Dès lors, ce dernier est arrêté. Il va être
le sujet d'une haine féroce de la part du public qui va demander sa
tête. La peine de Mort sera d'ailleurs le point central de toute
cette affaire dont bon nombres se souviennent encore aujourd'hui...
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