En
Écosse, des hommes disparaissent, victimes d'enlèvements. La
responsable, une jeune femme qui pour ne pas éveiller les soupçons
s'assure de n'enlever que des hommes de passage ou sans famille. Un
motard suit celle qui se fait appeler Laura. Cette dernière ne
ressent aucune émotion et l'homme s'assure qu'il n'en va pas
autrement. Lorsque Laura piège un individu, elle l'invite à venir
chez elle. L'homme se déshabille alors et suit la jeune femme dans
une pièce immense et sombre dont le sol finit par se dérober sous
les pieds de la victime. Recherchée par des hommes malveillants,
Laura continue à traquer de potentielles proies tandis qu'elle
commence à ressentir ses premières émotions. Des sentiments qui
risquent de mener la jeune femme à sa perte...
Atypique,
barré, sensuel et morbide, voici sans doute ce qui définit le mieux
Under The Skin du britannique Jonathan Glazer. Le cinéaste a
surtout beaucoup tourné pour la publicité et à réalisé une
petite dizaine de clips vidéos pour Radiohead, Jamiroquai, Richard
Ashcroft ou encore Massive Attack. Son troisième long-métrage est
une expérience intense, qui risque de faire autant d'émules que de
septique. Œuvre de science-fiction, Under The Skin ne
ressemble en rien à ce que l'on a l'habitude de voir au cinéma, si
ce ne sont quelques productions, elles aussi atypiques. Il y a dans
l’œuvre de Jonathan Glazer, une forte sensibilité pour tout ce
qui touche au social. D'ailleurs, la jeune Laura (Scarlett Johansson)
ne rencontre-t-elle pas que des laissés pour compte, des âmes
perdues ? Sauf qu'ici, le rôle de cette jeune femme on ne peut
plus ambigu n'est pas très bien défini. Et même si le titre du
film donne malheureusement une idée assez précise d'un sujet dont
on commence à facilement deviner les contours, la première moitié
du film crée un climat angoissant parfaitement bien entretenu par la
photographie de Daniel Landin et la bande-son de Mica Levi.
Il
y a du Zulawski (Possession) et du Harry Bromley Davenport
(X-Tro). Mais le film, l'exemple qui sert majoritairement de
référence ici est le Hidden de Jack Sholder. Pourtant, le
traitement y est radicalement différent. On plonge dans un abîme
sans fond. Jonathan Glazer débarrasse son œuvre des futilités du
roman de Michel Faber dont il s'inspire pour n'en conserver que
substantielle moelle. Under The Skin est un film fascinant,
qui explose les barrières de la compréhension et finit de nous
achever dans un visuel aussi personnel et énigmatique qu'une
peinture monochrome. On ne s'étonnera pas d'y croiser le chemin de
Scarlett Johansson, actrice capable de jouer dans des œuvres aussi
différentes que la comédie dramatique Lost In Translation,
la science-fiction « anticipative » The Island ou même
le film de super héros Avengers. Under The Skin est un
film entièrement dédié à la plastique de cette superbe créature.
Et pour mieux accentuer le phénomène de séduction, Glazer
l'entoure de visage inconnus, casqués, déformés, ou simplement mis
à l'écart dans une certaine pénombre.
Le cinéaste a également la
riche idée de rester sans réponses concernant quelques points
essentiels, alimentant ainsi notre imagination. A l'image de cette
étrange demeure qui cache en son sein une bien curieuse entité
digérant littéralement les victimes de Laura. L'invasion commence
ici de bien belle manière. Une œuvre forte à ranger aux cotés de
L'Invasion des Profanateurs de
Philip Kaufman...
Fred et moi l'avons regardé hier soir : deux avis bien différents - Fred a détesté et j'ai adoré. Evidemment, si on ne s'en tient qu'au scénario, y a pas énormément à en retirer (un peu comme l'odeur de la papaye verte), si on s'en tient à l'atmosphère, à la photographie et au cadre, c'est une toute autre dimension. Merci d'en avoir parlé en tout cas, sans ça, je serais passé à côté.
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