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samedi 9 mai 2015

Under The Skin de Jonathan Glazer (2013)



En Écosse, des hommes disparaissent, victimes d'enlèvements. La responsable, une jeune femme qui pour ne pas éveiller les soupçons s'assure de n'enlever que des hommes de passage ou sans famille. Un motard suit celle qui se fait appeler Laura. Cette dernière ne ressent aucune émotion et l'homme s'assure qu'il n'en va pas autrement. Lorsque Laura piège un individu, elle l'invite à venir chez elle. L'homme se déshabille alors et suit la jeune femme dans une pièce immense et sombre dont le sol finit par se dérober sous les pieds de la victime. Recherchée par des hommes malveillants, Laura continue à traquer de potentielles proies tandis qu'elle commence à ressentir ses premières émotions. Des sentiments qui risquent de mener la jeune femme à sa perte...

Atypique, barré, sensuel et morbide, voici sans doute ce qui définit le mieux Under The Skin du britannique Jonathan Glazer. Le cinéaste a surtout beaucoup tourné pour la publicité et à réalisé une petite dizaine de clips vidéos pour Radiohead, Jamiroquai, Richard Ashcroft ou encore Massive Attack. Son troisième long-métrage est une expérience intense, qui risque de faire autant d'émules que de septique. Œuvre de science-fiction, Under The Skin ne ressemble en rien à ce que l'on a l'habitude de voir au cinéma, si ce ne sont quelques productions, elles aussi atypiques. Il y a dans l’œuvre de Jonathan Glazer, une forte sensibilité pour tout ce qui touche au social. D'ailleurs, la jeune Laura (Scarlett Johansson) ne rencontre-t-elle pas que des laissés pour compte, des âmes perdues ? Sauf qu'ici, le rôle de cette jeune femme on ne peut plus ambigu n'est pas très bien défini. Et même si le titre du film donne malheureusement une idée assez précise d'un sujet dont on commence à facilement deviner les contours, la première moitié du film crée un climat angoissant parfaitement bien entretenu par la photographie de Daniel Landin et la bande-son de Mica Levi.

Il y a du Zulawski (Possession) et du Harry Bromley Davenport (X-Tro). Mais le film, l'exemple qui sert majoritairement de référence ici est le Hidden de Jack Sholder. Pourtant, le traitement y est radicalement différent. On plonge dans un abîme sans fond. Jonathan Glazer débarrasse son œuvre des futilités du roman de Michel Faber dont il s'inspire pour n'en conserver que substantielle moelle. Under The Skin est un film fascinant, qui explose les barrières de la compréhension et finit de nous achever dans un visuel aussi personnel et énigmatique qu'une peinture monochrome. On ne s'étonnera pas d'y croiser le chemin de Scarlett Johansson, actrice capable de jouer dans des œuvres aussi différentes que la comédie dramatique Lost In Translation, la science-fiction « anticipative » The Island ou même le film de super héros Avengers. Under The Skin est un film entièrement dédié à la plastique de cette superbe créature. Et pour mieux accentuer le phénomène de séduction, Glazer l'entoure de visage inconnus, casqués, déformés, ou simplement mis à l'écart dans une certaine pénombre.

Le cinéaste a également la riche idée de rester sans réponses concernant quelques points essentiels, alimentant ainsi notre imagination. A l'image de cette étrange demeure qui cache en son sein une bien curieuse entité digérant littéralement les victimes de Laura. L'invasion commence ici de bien belle manière. Une œuvre forte à ranger aux cotés de L'Invasion des Profanateurs de Philip Kaufman...



1 commentaire:

  1. Fred et moi l'avons regardé hier soir : deux avis bien différents - Fred a détesté et j'ai adoré. Evidemment, si on ne s'en tient qu'au scénario, y a pas énormément à en retirer (un peu comme l'odeur de la papaye verte), si on s'en tient à l'atmosphère, à la photographie et au cadre, c'est une toute autre dimension. Merci d'en avoir parlé en tout cas, sans ça, je serais passé à côté.

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