L'inspecteur Amaldi mène
une enquête des plus délicate. Un tueur en série décime hommes et
femmes et prélève sur eux des parties de leur anatomie. Aidé par
l'inspecteur Freese, il se lance à la poursuite de ce tueur
insaisissable qui sème la mort jusque dans un champ où trois
nouvelles victimes sont découvertes.
Témoignant en la faveur
de l'enquête, un policier proche de la retraite et atteint d'une
tumeur incurable pense savoir qui est responsable de cette série de
meurtres sordides. Tombant sous le charme d'une jeune étudainte en
anthropologie harcelée par un inconnu au téléphone, l'inspecteur
Amaldi commence à entrevoir dans l'enquête dont il la charge et son
désir d'aider la jeune femme, un exutoire au drame dont une ancienne
petite amie et lui ont été les victimes alors qu'ils n'avaient que
seize ans...
Plus qu'un cinéaste ou
un auteur, c'est tout un genre qui semble avoir inspiré le
réalisateur de ce Occhi di cristallo, Eros Puglielli. Les
origines italiennes légitimant naturellement cette source
d'inspiration au cinéaste, celui-ci utilise les codes dont s'est
maintes fois servi le genre pour illustrer son propos. Des codes
scrupuleusement respectés, ce qui n'a pas empêché le cinéaste d'y
apporter une certaine modernité.
Certains visuels ainsi
que la gestion du mouvement rappellent indéniablement le polar
américain des années quatre-vingt dix (le cinéma de David Fincher
n'est pas loin). Le scénario, bien qu'assez basique finalement est
géré de manière plutôt astucieuse et cache sa fragilité derrière
une mise en scène et une interprétation plus que satisfaisantes.
Plus encore, c'est l'ambiance parfaitement retranscrite à l'écran
qui font de ce Occhi di cristallo plutôt abouti.
Si le giallo a connu son
heure de gloire dans les années quatre-vingt et même plus encore
dans les années soixante-dix, le film de Eros Puglielli, réalisé
en 2004, prouve que le genre en a encore sous le pied. Le plus
perturbant, peut-être, est caché dans ce mélange, non, pas des
genres, mais des styles. On sent bien la présence des acteurs
d'origine italienne et leur jeu parfois outré, mais il y a dans
cette manière peu commune pour le cinéma transalpin de filmer à
l'américaine, comme un étrange arrière-gout.
Des mouvements de caméra « rasante » et
parfois même victime de tremblements incontrôlés. Ces petits
détails font la différence et font, surtout, beaucoup sourire. On a
donc là, droit à une œuvre signée par un véritable amoureux du
cinéma noir américain dans ce qu'il a de plus contemporain, ce qui,
à charge, le décrédibilise d'un point de vue de la personnalité
même du cinéaste qui ne fait donc pas de Occhi di cristallo
un produit cent pour cent extrait de sa seule imagination, mais une
sorte de melting pot (inspiré) tout de même suffisamment
convaincant pour donner envie aux spectateurs de s'y plonger corps et
âme.
On notera la propension
qu'à le cinéaste à gaver son œuvre d'un flot d'hémoglobine
qui, même si elle a toujours été l'apanage du genre giallo, nourri
ici richement Occhi di cristallo...
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