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mardi 12 mai 2015

Occhi di cristallo de Eros Puglielli (2004)



L'inspecteur Amaldi mène une enquête des plus délicate. Un tueur en série décime hommes et femmes et prélève sur eux des parties de leur anatomie. Aidé par l'inspecteur Freese, il se lance à la poursuite de ce tueur insaisissable qui sème la mort jusque dans un champ où trois nouvelles victimes sont découvertes.

Témoignant en la faveur de l'enquête, un policier proche de la retraite et atteint d'une tumeur incurable pense savoir qui est responsable de cette série de meurtres sordides. Tombant sous le charme d'une jeune étudainte en anthropologie harcelée par un inconnu au téléphone, l'inspecteur Amaldi commence à entrevoir dans l'enquête dont il la charge et son désir d'aider la jeune femme, un exutoire au drame dont une ancienne petite amie et lui ont été les victimes alors qu'ils n'avaient que seize ans...

Plus qu'un cinéaste ou un auteur, c'est tout un genre qui semble avoir inspiré le réalisateur de ce Occhi di cristallo, Eros Puglielli. Les origines italiennes légitimant naturellement cette source d'inspiration au cinéaste, celui-ci utilise les codes dont s'est maintes fois servi le genre pour illustrer son propos. Des codes scrupuleusement respectés, ce qui n'a pas empêché le cinéaste d'y apporter une certaine modernité.
Certains visuels ainsi que la gestion du mouvement rappellent indéniablement le polar américain des années quatre-vingt dix (le cinéma de David Fincher n'est pas loin). Le scénario, bien qu'assez basique finalement est géré de manière plutôt astucieuse et cache sa fragilité derrière une mise en scène et une interprétation plus que satisfaisantes. Plus encore, c'est l'ambiance parfaitement retranscrite à l'écran qui font de ce Occhi di cristallo plutôt abouti.

Si le giallo a connu son heure de gloire dans les années quatre-vingt et même plus encore dans les années soixante-dix, le film de Eros Puglielli, réalisé en 2004, prouve que le genre en a encore sous le pied. Le plus perturbant, peut-être, est caché dans ce mélange, non, pas des genres, mais des styles. On sent bien la présence des acteurs d'origine italienne et leur jeu parfois outré, mais il y a dans cette manière peu commune pour le cinéma transalpin de filmer à l'américaine, comme un étrange arrière-gout. 

Des mouvements de caméra « rasante » et parfois même victime de tremblements incontrôlés. Ces petits détails font la différence et font, surtout, beaucoup sourire. On a donc là, droit à une œuvre signée par un véritable amoureux du cinéma noir américain dans ce qu'il a de plus contemporain, ce qui, à charge, le décrédibilise d'un point de vue de la personnalité même du cinéaste qui ne fait donc pas de Occhi di cristallo un produit cent pour cent extrait de sa seule imagination, mais une sorte de melting pot (inspiré) tout de même suffisamment convaincant pour donner envie aux spectateurs de s'y plonger corps et âme.

On notera la propension qu'à le cinéaste à gaver son œuvre d'un flot d'hémoglobine qui, même si elle a toujours été l'apanage du genre giallo, nourri ici richement Occhi di cristallo...


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