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mardi 2 décembre 2014

Trois Films Sinon Rien : Une Journée Bien Remplie de Jean-Louis Trintignant (1972), Rubber de Quentin Dupieux (2010), Killers de Kimo Stamboel, Timo Tjahjanto (2014)


Au programme, une comédie noire française, une œuvre surréaliste franco-angolaise, et un thriller asiatique...

Un boulanger part en compagnie de sa mère éliminer les neuf jurés qui ont fait condamné on fils à la peine de mort. C'est le point de départ d'une œuvre signée Jean-Louis Trintignant. Le premier des deux seuls films que l'acteur français à réalisé. Sur un sujet qui devrait à priori servir de base pour un drame ou un thriller, le cinéaste réalise une petite comédie fort sympathique principalement interprétée par l'excellent Jacques Dufilho. Une journée bien remplie porte excessivement bien son nom puisque préparés depuis des mois, la série de meurtres à laquelle on assiste est perpétrée en l'espace de quelques heures seulement. Le film est très peu bavard et les agissements du tueur sont accompagnés d'une multitudes d'airs de musique classique.
On louera le talent de Trintignant pour une mise en scène plutôt réussie quand on sait que le bonhomme réalise là son tout premier film. On n'a pas le temps de s'ennuyer. Entre les meurtres, leur préparation et l'humour, le cinéaste injecte à Une journée bien remplie quelques moments forts comme une course-poursuite dans les rues d'un vieux village de France et se permet même de maintenir un réel suspens lorsque survient l'un des derniers meurtres dont la victime est un italien parti chassé. Une journée bien remplie réserve donc son lot de surprises et de situations cocasses. Il s'agit là d'une belle réussite dans des domaines aussi divers que le policier et bien sûr, la comédie noire. Un film que tout cinéphile se fera le devoir de regarder une fois au moins...

Le cas Rubber quand à lui, est un peu particulier. Réalisé par Quentin Dupieux (l'homme qui se cache derrière le producteur de musiques électroniques Mr Oizo), le film met en scène un pneu qui prend vit dans le désert californien et part tuer tous ceux qui le dérange dans sa quête. En effet, le pneu, après avoir croisé une jolie jeune femme, ne désire plus qu'une seule chose : la retrouver, et pourquoi pas, la conquérir. Le cinéaste installe un groupe de spectateurs au somment d'une colline pour assister au récit concernant son pneu. Dans un format plus court comme le moyen ou même le court métrage, Rubber aurait peut-être pu devenir un grand classique du surréalisme. Sauf que la trop grande simplicité du scénario le font très vite tourner en rond. En effet, l'ennui arrive assez vite et ce, malgré la beauté de certaines images qui n'arrivent cependant pas à nous faire oublier la pauvreté de cette histoire, il faut l'avouer, pourtant totalement décalée.

Il faut tout de même louer le courage de Quentin Dupieux qui ose proposer une histoire pour le moins improbable. N'oublions pas non plus la poésie qui parcourt certains plans comme ces chaises qui barrent la route au début du film. Ou bien cette rupture dans le récit lorsque l'un des flics demande à ses subalternes de cesser de jouer la comédie.
Rubber est déroutant, ennuyeux, laissant perplexe, mais surtout, oui surtout, un véritable OFNI cinématographique...


Killers nous vient d'Indonésie et du Japon. Réalisé par Kimo Stamboel et Timo Tjahjanto, le film met en parallèle l'histoire de deux hommes que tout sépare. D'un côté, il y a Nomura. Jeune homme brillant, travaillant dans la finance, propriétaire d'une maison luxueuse, ce jeune homme a un certain succès auprès des femmes. Pourtant, il ne peut s'empêcher de les tuer et de les filmer avant de diffuser sur internet les vidéos de ses méfaits. D'un autre côté, il y a Bayu, jeune journaliste a qui rien ne réussit. Divorcé, il est victime un soir d'un chauffeur de taxi véreux qui en veut à son argent. Forcé par les événements à devenir un meurtrier, il va se faire le justicier d'une affaire qu'il n'a pu aider à résoudre. Lui-même va mettre en ligne ses meurtres, ce qui va pousser les deux hommes à faire connaissance. Killers diffuse pendant plus de deux heures un climat d'une exceptionnelle noirceur.
La violence elle-même est extrême. L'univers dans lequel vivent nos héros n'est que brutalité. Entre prostitution, familles décomposées et justice à refaire, Nomura et Bayu n'ont d'autre solution que régler leurs comptes par eux-mêmes. Même si les héros agissent parfois de manière semblable en plongeant les mains dans le sang, leur portrait est diamétralement opposé. Le film est un petit bijou que la durée n'handicape à aucun moment. Accompagné par une musique sublime, le chaotique et sanglant destin des personnages s'en trouve sublimé, donnant à Killers le parfum d'un poème sanglant. A ne pas mettre tout de même devant tous les yeux...

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