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mercredi 22 octobre 2014

Massacre à la tronçonneuse: 40ème anniversaire (1ère partie)



Attention! cet article comporte une grande somme de spoils et est avant tout dédié aux grands fans de la première heure et à tous ceux qui ont déjà vu le film...


Pour fêter les 40 bougies de l’œuvre mythique de Tobe Hooper, celle-ci se voit remastérisée au format 4K (Le terme 4K fait référence à la définition (finesse, précision) de l'image : dans la norme initiale, une base formée de 4 096 pixels — ce qui est aussi la taille de kibioctets — en format 16/9, soit deux fois plus de pixels en hauteur et en largeur par rapport à la norme Full HD, ce qui en fait une image ayant quatre fois plus de pixels (en fait 3 840 × 2 160 pixels contre 1 920 × 1 080 en full HD) soit, à finesse égale, une image quatre fois plus grande. Wikipedia). Les magazines s'empresse de révéler la précieuse information et certains en font la couverture de leur plus récente parution, à l'image de l'excellent Mad Movies qui nous offre quatorze pages consacré à ce qu'il est convenu de considérer comme LE film d'épouvante par excellence. Le magazine nous propose toute une série de témoignage dont deux des plus intéressants: Tobe Hooper, le réalisateur lui-même, et René Château qui a participé durant de longues années à la reconnaissance de cette œuvre ultime que tous ceux qui ne l'ont toujours pas vu vont pouvoir rattraper leur retard. Le moyen ultime de leur faire découvrir (et pourquoi pas reconnaître) l'importance de ce film...



Spoilons un peu...

Les premières images de Massacre A La Tronçonneuse ressemblent à celles de ces œuvres qui promettent le témoignage fictif d’événements terribles s'étant déroulés dans le sud des États-Unis, et très exactement au Texas. Un nom qui sonne dan notre contrée comme un voyage ou une promesse d'évasion particulièrement inquiétants. Nous nous imaginons tout et n'importe quoi sur cette région. Les moins informés d'entre nous doivent avoir encore du mal à imaginer l'aérospatiale et la biotechnologie implantée dans un décor que l'on imagine parcouru de grandes plaines, sources de nourriture pour de grands élevage de bovins. Ces mêmes créatures que l'on imagine vivre dans d'immenses fermes perdues, propriétés de culs-terreux aux mœurs particulièrement douteuses. Si l'intrigue de Massacre A La Tronçonneuse se déroule effectivement dans cette région, peut-être est-ce parce que cette dernière est auréolée d'une réputation particulière ? Ou bien parce que l'équipe de tournage est entièrement originaire de la région ? Toujours est-il que la source d'inspiration, le tueur nécrophile (mais pas du tout en série comme le supposent certains) Ed Gein vivait quand à lui à Plainfield. Petite bourgade du nord des États-Unis. Un garçon gentil, effacé, et un peu dérangé auquel sa maman inculquait de fausses valeurs morales et qui à la mort de cette dernière à tué deux femmes et en a déterré plus d'une trentaine d'autres dans les cimetières de la région.  

Une ouverture crépusculaire

Une ouverture donc, qui laisse la place à un écran devenu tout noir parcouru par une série de flashs d'appareils-photos nous montrant deux cadavres pourrissant. S'ensuit un travelling arrière en contre-plongée nous montrant ces mêmes corps exhibés près d'une tombe dans une posture profanatrice du plus bel effet. Une musique étrange. Qui le restera de bout en bout et une radio émettant l'information qui nous intéresse ici, ainsi qu'une fumée (sable?) qui accentue l'atmosphère lugubre que l'on a le droit d'exiger dans ce type de lieu.  




Quelqu'un s'est-il déjà demandé qui pouvait être celui ou celle qui prenait ces fameuses photos des cadavres ? Et pourquoi pas cet auto-stoppeur fou que nos prochaines victimes vont bientôt malencontreusement prendre à bord de leur van ? Il fait déjà très chaud, une moiteur déjà palpable, accentuée par un générique à la bande-son expérimentale et cacophonique qui sublime (?) toute une série d'éruptions solaires.  
Puis une Lune, prémices de toute l'horreur à venir. Pleine et généreuse. Naturelle et qui va bientôt exposer à nos yeux de voyeurs ébahis un monstre de course-poursuite...

Un tatou, mort, écrasé par un soleil implacable, et, en arrière-plan, l'image floue d'un van vert qui s'arrête au bord de la route. Deux filles et trois garçons, dont l'un est handicapé. Un boulet, un poids, qui va le devenir bientôt davantage encore. S'il n'avais pas ce fichu caractère et ce « courage » dont il va montrer très vite les limites, il pourrait presque devenir attachant. Nous sommes bien dans les années soixante-dix : pattes d'éph, favoris, chemises à fleurs. Et puis surviennent les premiers autochtones. Chapeaux de cow-boys, santiags, le dépaysement n'est pas encore total. Il va bientôt nous submerger mais pour l'instant, Tobe Hooper et son équipe nous l'infligent en douceur. Un cimetière, le même que plus tôt. On sait pourquoi Sally, son frère Franklin et leurs trois compagnons sont venus s'enterrer dans ce trou perdu. Pas pour y faire la fête, non, pour s'assurer que le corps des ancêtres n'a pas été exhumé. S'il y a un vieux cow-boy alcoolique pour déblatérer d'inquiétantes prévisions, c'est pour Franklin. D'ailleurs, durant une grande partie du film, on se demande parfois si ce dernier n'est pas responsable des tragédies qui vont se succéder. Le quintette reprend la route, serré dans un van pas très confortable. Le soleil tape fort dehors et les auréoles de sueur sont davantage marquées que tout à l'heure. Au passage d'un abattoir, Franklin se fait plus bavard, contant les pratiques un peu morbides des bouchers qui y travaill(ai)ent. 

Première rencontre avec les autochtones de la région


Un auto-stoppeur marche sur le bord de la route et le voilà embarqué à bord du van. Les filles font la moue, les garçons aussi d'ailleurs. Il y a comme une lueur de regret dans leur regard, expression qui va s'accentuer au fil des minutes, voire des secondes, surtout lorsque le dingue, ancien boucher au chômage, va se saisir du couteau de Franklin et se taillader la main avec. Merde ! Le gars se trimballe avec un vieil appareil-photo sur lui. Bien que l'atmosphère tendue soit rendue à la perfection au point que l'on y soit collés comme une mouche à merde sur un étron, on ne peut éloigner de son esprit l'image de ces cadavres photographiés juste avant le générique. Si l'auto-stoppeur n'a pas encore montré de signe de violence gratuite, on imagine déjà, et bien avant les personnages eux-même, des possibilités qu'il a de rentrer dans un état de pure folie. Edwin Neal, qui interprète le rôle de ce dingue, est à ce titre totalement crédible. Et même, si au moment il est armé du couteau de Franklin, une arme aux dimensions proprement ridicules vu que le bonhomme est seul devant cinq jeunes gens, on se dit que le pauvre Franklin, placé dans la ligne de mire du taré n'a que peu de chance de s'en sortir s'il venait à l'auto-stoppeur l'envie d'en dessouder un ou deux. Une fois de plus, c'est le handicapé qui en prend plein la gueule. Une petite saignée, et voilà que par miracle, la bande réussi à se débarrasser de l''encombrant passager. C'est à ce moment très précis que l'on reprend son souffle pour la première fois et que l'on se rend compte de l'imprégnation qu'a pu exercer ce doux moment de terreur que l'on a pu vivre. Tobe Hooper jette quelques indices notoires, comme cette photo que l'auto-stoppeur prend, cette empreinte de sang qui laisse sur la portière du van et qui laissent présager du pire. Tout est fait pour que le spectateur soit mis en condition. Ce fameux indigène que l'on imagine vivre là-bas, le voilà enfin personnifié.



[CUT] 
  
Histoire d'un accouchement difficile...

Massacre A La Tronçonneuse fête donc ses quarante ans cette année. 1974, date de sa sortie théorique, le film n'aura connu les honneurs des salles françaises que par trois fois, en 75, 76 et 79. Huit ans, c'est le nombre d'années qu'il aura fallut attendre pour le voir au cinéma et encaisser un choc visuel qui devait être à l'époque encore plus fort qu'aujourd'hui, tant le cinéma, depuis, nous a offert l'occasion d'assister à des horreurs viscéralement saisissantes. Le film écopera d'une interdiction totale avant que Jack Lang, alors ministre de la culture, n'ait l'intelligente idée de faire sauter cette très gênante barrière. René Château, cet homme précieux qui lança grâce à cette œuvre la cultissime collection « Les Films Que Vous Ne Verrez Jamais A La Télévision » afin de rentabiliser l'acquisition du film de Hooper, le propose directement à la vente en VHS. Une manière pour le public de ne pas avoir à attendre tant d'années pour ressentir le malaise que procurent Massacre A La Tronçonneuse et sa famille de dégénérés...


Aparté...

Lorsque l'on n'a que douze ou treize ans au beau milieu des années quatre-vingt, que l'espoir de pouvoir entrer dans une salle de cinéma pour y contempler cet obscur objet du désir est vain et qu'il n'y a aucun vidéoclub pour vous proposer le film à un prix encore décent, il n'y a pas mille solution pour se le procurer. La chance, parfois, sonne à votre porte. Il suffit de lui ouvrir, de l'accompagner en ville, et de la suivre jusqu'à cet endroit où vous avez l'habitude de dénicher des objets parfois inattendus: le marché.
Très peu d'argent en poche (lorsqu'encore, vous avez la chance d'en avoir au moins un peu sur vous), et pas d'idée précise sur ce que vous allez chercher, vous flâner le long des étals. Ça sent bon le fromage, la saucisse et la volaille rôtie. Il y a du bruit partout où que vous tendiez l'oreille. De la musique là-bas, vers votre droite, et à gauche, un type qui gueule en essayant de refourguer aux ménagères des éplucheurs miraculeux. Et puis en face, il y a un immense étal recouvert de cassettes vidéos et audios, de vieux livres de poche abîmés et de disques vinyles. Parmi tout ce que son propriétaire a à vendre, il y a bien quelques chose que vous allez lui prendre. Il faudra être patient, fouiner durant de longues minutes jusqu'à trouver LA perle rare.

Après avoir parcouru des yeux et des doigts des dizaines, des centaines d'articles, l'un d'eux vous "accroche". La VHS d'un film d'horreur coincée entre un porno et une comédie.
Vous ne lisez les magasines spécialisés dans le cinéma fantastique et d'horreur que depuis peu et pourtant, vous avez déjà entendu parler de ce film: Massacre A La Tronçonneuse. Pour être tout à fait honnête, vous n'avez encore jamais espéré le voir au cinéma. Le titre pompeux ne vous donnait déjà alors, pas envie de voir des œuvres aux titres aussi racoleurs.
Pourtant, si Mad Movies, ce magasine pour lequel vous vouez un véritable culte, en parle si bien, c'est parce qu'il doit être important de le découvrir, ici, et maintenant. Quelle vaine. Vos parents ont cheté un magnétoscope il n'y a pas plus d'un mois en arrière. Vous vous saisissez de la jaquette, la retournez dans tous les sens, pas moyen de connaître son prix. "30 francs" vous souffle à l'oreille le vendeur. Vous souriez jusqu'aux oreilles car vous savez que vous aller pouvoir acquérir cet objet de curiosité. Une fois la cassette en main, vous n'avez plus d'autre raison de vivre que de pouvoir l'enfourner dans la gueule du magnétoscope et de découvrir ce qui justifie autant d'éloges de la part d'un magasine en qui vous avez toute confiance. Mais ça, c'est une autre histoire.

Fin de l'aparté...

Quarante ans... trop tard?


Maintenant que Massacre A La Tronçonneuse va enfin ressortir sur les écrans de cinéma, la nouvelle génération va-t-elle saisir toute la teneur du contenu de l’œuvre de Tobe Hooper? Quand on lit que certains ont hurlé de peur devant la projection de Paranormal Activity et que d'autres ne comprennent pas quel puissance peut avoir un classique tel que le Maniac de William Lustig, on peut se demander quel vont être leurs réactions. Ce grain, cette folie... Aujourd'hui, ces aspects sont devenus tellement banals dans le cinéma d'horreur, que seule l'accumulation d'atrocités peuvent avoir encore un impact sur la conscience des adolescents d'aujourd'hui. Faut-il le rappeler? Massacre A La Tronçonneuse n'est pas un film gore ni un film d'horreur dans la mouvance classique. Il s'agit d'un film d'épouvante, un survival, à la manière de La Dernière Maison Sur La Gauche et La Colline A Des Yeux de Wes Craven. Des œuvres, qui, en évitant toute surenchère inutile, parviennent à rendre réaliste les événements auxquels on assiste en tant que spectateurs. Il faut espérer d'ailleurs que l'image de la version remastérisée ne soit pas trop "nettoyée" du grain et des poussières qui font une partie de son charme.

à suivre...




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