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mercredi 25 juin 2014

Les tueurs qui inspirent le 7ème art: Harry Powers - The Night of the Hunter de Charles Naughton (1955)



De la fiction...

En prison, dans les années trente, le révérend Harry Powell, enfermé pour le vol d'une voiture, partage sa cellule avec Ben Harper, un homme coupable d'un double homicide. Harry prend trente jours. Ben, lui, est condamné à mort. Le meurtrier a dérobé dix-mille dollars lors d'un hold-up. Il a confié l'argent à ses deux jeunes enfants, John et Pearl, et leur a fait promettre de garder le secret avant d'être menotté et emmené par la police. Harry tente de faire parler son codétenu. Mais Ben tient bon. Il emporte avec lui dans la tombe, le secret de la cachette qui renferme l'argent de la banque.

Harry, lui, qui a fait ses trente jours de prison, quitte l'établissement pénitencier avec une obsession : mettre la main sur les dix-mille dollars. Pour cela, il se rend dans la petite ville où vivent les deux enfants de Ben, ainsi que leur mère, Willa. Le prêcheur parvient à se faire accepter par les habitants du village. Willa elle-même se laisse séduit par le charisme se cet individu qui se prétend homme d'église. Seul le petit John est méfiant. Il croit lire dans le regard de Harry, les véritables raisons de sa venue ici. Et le jeune enfant a bien raison de se méfier. Car après avoir réussi à épouser Willa, Harry va parvenir à avoir une telle emprise sur elle qu'elle ne parviendra plus à discerner le vrai du faux. Entre la vérité sortant de la bouche de son fils et les manipulations dont use son nouvel époux, son choix est vite fait.

Il ne reste plus grand chose à faire d'autre pour John et sa petite sœur que de prendre la fuite, et de partir loin de celui qui va se comporter comme un véritable tyran...

Seul et unique film de Charles Laughton est considéré depuis déjà longtemps comme un véritable chef-d’œuvre La nuit Du Chasseur n'usurpe jamais son excellente réputation. Un film que tout cinéphile se doit d'avoir vu au moins une fois dans sa vie. Mais pourquoi donc cette œuvre bénéficie-t-elle d'une telle image lorsque l'on sait que la presse, à l'époque, l'a rejeté, incapable d'accéder à cette profusion de créativité alors encore rarissime dans les années 50 ?

Car peut-être encore plus que l'admirable interprétation des enfants, de Shelley Winters, de Lillian Gish et surtout celle de Robert Mitchum (qui faillit passer à coté du rôle, Gary Cooper ayant d'abord été pressenti pour jour le rôle de Harry Powell), beaucoup de détails, cumulés les uns aux autres, font de La nuit Du Chasseur un film proprement terrassant. On a peine à croire qu'il s'agit là d'une toute première réalisation. La mise en scène est prodigieuse. Le choix des cadrages et surtout ces jeux d'ombres et de lumières projetés dans des décors d'une beauté parfois renversante laissent pantois d'admiration. En un peu moins d'une heure trente, Charles Laughton nous donne une véritable leçon de cinéma.

La nuit Du Chasseur est baigné d'une aura démoniaque particulièrement réussie. Ce sentiment d'effroi et d'attente fébrile que l'on ne rencontre finalement pas si souvent que cela au cinéma est ici retranscrit à la perfection. On y croise la venue du Malin, au milieu duquel des brebis aveuglées par de beaux et bibliques discours n'imaginent même pas un seul instant qu'il puisse y avoir parmi elles un loup venu dévorer les plus jeunes de leurs semblables. Les décors subjuguent par leur beauté, et notamment la traversé du fleuve en barque qui donne lieu à des tableaux dont la majesté est ici impossible à retranscrire par écrit. A cette beauté s'ajoute une scène incroyablement angoissante durant laquelle, alors que Pearl est encore endormie sur la paille fraîche d'une grange, John entend chanter celui qu'ils ne cessent de fuir. Et pour ajouter à cette mélopée terrifiante, le cinéaste cadre la grange au premier plan et montre le faux prêcheur en ombre chinoise traverser l'écran en arrière-plan. Cette scène, à elle seule, vaut tous les discours dithyrambiques. 


Il y aurait tant et tant de choses à ajouter sur cette œuvre merveilleuse, admirable, presque... miraculeuse. Pour vous convaincre que son statut de chef-d’œuvre n'est pas galvaudé et bien... jetez-y un oeil...

… à la réalité.

Ce que peut-être certains d'entre nous ne savent pas, c'est que le film de Charles Naughton est basé sur un fait-divers réel s'étant déroulé dans les années 1930. Harry Powers prétendait chercher l'amour et appâtait ainsi des veuves dont il volait l'argent avant de les tuer. Il fit cinq victimes avant d'être arrêté par la police. S'ensuivit un procès et Harry Powers fut condamné à mort par pendaison. Il fut exécuté le 18 mars 1932...

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