Lucas
est ingénieur. Il a inventé un nouveau langage informatique qui lui
ouvre les portes de la célébrité mais il apprend en même temps
lors d'un examen cérébral que ses jours sont comptés. Il est
atteint d'un mal étrange qui lui fait perdre la notion des mots.
Alors il ressasse sans cesse, de peur que ces derniers ne lui
échappent. Attablé à la terrasse d'un café, il fait la
connaissance de Blanche. Cette jeune femme fait la couverture des
magazines. Elle, est déjà célèbre. En effet, Blanche à la
troublante particularité de lire dans l'esprit des gens. Elle doit
prochainement se rendre à Biarritz pour une représentation qui doit
la consacrer. Elle est accompagnée pour cela de François, un
hypnotiseur. C'est grâce à lui qu'elle parvient à un état de
transe lui permettant d'explorer l'âme de son prochain. Mais pour
l'instant, Blanche et Lucas en sont encore à faire connaissance.
C'est devant une dispute violente dont sont les acteurs un homme et
une femme qu'ils démarrent une bien curieuse conversation. Lucas
montre les premiers signes de la maladie. Blanche, elle, a l'air
d'une jeune femme bien malheureuse. Chacun a vécu un drame durant
son enfance, et c'est peut-être pour cela qu'il se sentent déjà si
proches. Lucas invite la jeune femme à dîner mais ses propos
incohérents contrarient Blanche qui fuit l'ingénieur et part
retrouver François dans la chambre d’hôtel qu'il partage avec un
amant.
Le
lendemain matin, Michel l'associé de Lucas trouve l'ingénieur assis
au beau milieu d''une rue jouxtant le bar où Blanche et lui se sont
rencontrés. Puis c'est au tour de celle-ci de retrouver Lucas,
toujours assis sur le pavé. Elle lui annonce qu'elle s'en va pour
Biarritz. Un fois de retour chez lui, et contre l'avis de Michel qui
lui conseille d'aller voir son médecin, Lucas prend la décision de
partir rejoindre Blanche...
Quatre
ans après L'Amour Braque, Andrzej Zulawski nous conte une
nouvelle fois la rencontre entre deux être fragiles que tout sépare.
A part peut-être le drame qu'ils ont vécu chacun de leur côté
durant leur plus tendre enfance et qui semble être le point de
départ du mal qui les ronge. Le cinéaste complexifie ici le langage
de ses personnages. Épileptiques dans L'Amour Braque, il
s'auréolent d'une étrange poésie dans Mes Nuits Sont Plus
Belles Que Vos Jours. Il est parfois, et même très souvent,
difficile de saisir le sens des phrases et leur réelle
signification. De fait, on se retrouve dans le même brouillard que
Lucas (interprété par Jacques Dutronc), à tenter de mettre de
l'ordre dans les labyrinthiques dialogues de Andrzej Zulawski qui
adapte ici le roman éponyme de Raphaëlle Billetdoux.
Sophie
Marceau accepte ici d’interpréter le rôle de Blanche. C'est la
seconde fois qu'elle joue pour Andrzej Zulawski, alors son compagnon
dans la vie. Légèrement en deçà de son éblouissante
interprétation de Marie dans L'Amour Braque, elle est cette
jeune femme flouée par le souvenir douloureux d'un père qui
maltraitait sa mère devant ses yeux de gamine effrayée. C'est
d'ailleurs ces terribles images qui nous ne nous sont pas épargnées
qui servent d'amorce à l'incroyable talent dont elle est pourvue.
Zulawski, qui a l'habitude de prendre le taureau par les cornes,
aménage à ce propos des séances d'hypnose en public
particulièrement humiliantes pour ceux qui se prêtent au jeu. S'il
tente toujours avec plus ou moins de bonheur d'extraire ce qu'il y a
de meilleur dans le vécu de ses personnages, il aime aussi à les
triturer dans tous les sens, insistant sur ce que leur existence à
de plus sombre.
Mes
Nuits Sont Plus Belles Que Vos Jours arbore les atours d'un film
sur l'amour suprême. Peut-être le plus beau puisque spontané,
invincible quoique éphémère. Il est vécu dans l'urgence. Lucas
n'a pas le temps, de prendre son temps. Marie non plus, même si son
cas demeure beaucoup moins passionnant pour le spectateur. Il y a
aussi, au delà de l'aspect charnel et philosophique de leur
relation, des entractes dignes de ce qu'étaient capables de nous
servir fut un temps certains cinéastes américains (Terry Gilliam en
tête). Des personnages pittoresques comme ce nain et ce lapin,
sortis tout droit d'un film de David Lynch. Ou bien encore ce
réceptionniste (François Chaumette) qui échange à loisirs de bon
mots avec Lucas.
Mes
Nuits Sont Plus Belles Que Vos Jours n'est peut-être pas la
plus belle ni la plus réussie des œuvres d'Andrzej Zulawski, mais
elle a le mérite d'exister et prouve s'il était besoin que ce
cinéaste décidément anticonformiste reste fidèle à la vision
toute personnelle qu'il a de l'amour. On notera la performance de
Jacques Dutronc qui n'aura jamais plus qu'ici semblé aussi fragile.
Je n'ai jamais vu le film, qui me semble quelque peu "surréaliste"(?) mais je me souviens du roman à cause du nom de l'écrivain "Raphaëlle Billetdoux" que je trouvais particulièrement joli... :-)
RépondreSupprimer