Nadine
Chevalier, une actrice ratée, est obligée d'accepter des rôles
dans des œuvres érotiques particulièrement malsaines afin de
subvenir à ses besoins. Alors qu'elle tourne une scène difficile
dans un énième film, elle croise l'objectif du photographe Servais
Mont qui la mitraille en cachette. Découvert par l'équipe de
tournage, celui-ci est poursuivi et sommé de donner la pellicule de
son appareil-photos. Troublé par la beauté de Nadine, Servais
décide de se rendre jusqu'à son domicile afin de lui proposer de
poser pour la couverture d'un magazine. La jeune femme vit avec
Jacques, un excentrique qui fuit les réalités du quotidien en se
plongeant dans son unique passion, le cinéma. C'est grâce à lui si
Nadine est encore en vie. Lessivée, la jeune femme a trente ans mais
en paraît vingt de plus. Le cinéma ne lui offre plus aucun rôle
important en dehors du porno.
Jacques
et Nadine s'aiment et Servais le sait. Mais ce dernier n'accepte pas
facilement de baisser les bras et revoit la jeune femme chaque fois
qu'il en a l'occasion. Nadine n'est pas non plus indifférente au
charme du photographe mais par respect pour Jacques, elle repousse
Servais. Alors, en secret, le photographe demande à un ami de bien
vouloir accepter Nadine dans sa nouvelle pièce de théâtre. Il
espère ainsi voir la jeune femme rebondir vers une nouvelle carrière
de comédienne. Dans l'ombre, il suit les répétitions, se faisant
tout petit, cachant à Nadine qu'il en est l'instigateur. Mais pour
pouvoir faire engager celle-ci, il lui a fallut accepter de
photographier des scènes d'orgie pour le compte d'un certain
Mazelli. Mais Servais en a assez de travailler pour cet homme et
décide de lui faire savoir. Jacques quand à lui prend une décision
radicale qui va bouleverser l'existence de Nadine et Servais...
Andrzej
Zulawski ne tourne pas de films d'amour commode. Elles n'ont rien de
simple et ses héroïnes ont toutes été marquées par la vie. Entre
prostituée (L'Amour Braque), mannequin de charme (La Femme
Publique) ou comme ici actrice de films pornographiques, les
personnages féminins du cinéastes ont une image de l'amour plutôt
contradictoire avec ce qui leur tombe dessus. Mais L'Important
C'est D'Aimer n'est pas qu'un simple film d'amour entre un homme
et une femme. Il témoigne aussi de celui pour le théâtre et le
cinéma (comme ce fut déjà le cas pour La Femme Publique).
L'oeuvre du cinéaste fait mal car ce qu'il y a de beau dans cette
histoire est systématiquement mis à mal. On rêve de voir Nadine
(la sublime Romy Schneider) tomber dans les bras de Servais (Fabio
Testi), seul capable de la sortir de sa condition. Tout comme
l'intrusion de ce photographe devient gênante dès lors que
l'attachant Jacques (Jacques Dutronc) entre en scène. Romy Schneider
est mise à nue, démaquillée, elle ne fait pas l'âge qu'on lui
donne dans le film mais on lui découvre un visage sincère et sans
fard. Et lorsqu'elle maquille ses yeux, le rimmel coule plus tard en
rigoles sombres sur ses joues.
Fabio
Testi joue le rôle de ce photographe qui d'abord par intérêt pour
l'argent va accepter de violer l'intimité d'un tournage de film
pornographique, avant de tomber amoureux de Nadine. Tout en retenue,
il partage (ainsi que Nadine) des regards d'une intensité folle,
bercés par l'inoubliable partition de Georges Delerue. Jacques
Dutronc (que l'on retrouvera quatorze ans plus tard aux côtés de
Sophie Marceau dans le très troublant Mes Nuits Sont lus Belles
Que Vos Jours) campe un très curieux personnage qui fredonne à
tue-tête de petits airs, sautille sur place et collectionne les
photographies de ses stars de cinéma préférées. Curieusement,
l'acteur-chanteur parvient avec difficulté à convaincre dès sa
première apparition. C'est au fil de l'histoire que son personnage
devient concret et que Jacques Dutronc révèle un vrai talent
d'acteur.
Si
L'Important C'est D'Aimer n'est pas aussi démesuré que
certaines œuvres de Zulawski, il montre déjà les obsessions du
cinéaste qui ne peut s'empêcher de mêler l'amour à la mort. Comme
s'ils étaient indivisibles. Si ici aussi, l'histoire est menée par
un trio d'acteurs principaux, il ne faut pas oublier la prestation du
fameux acteur allemand Klaus Kinski qui explose encore une fois par sa
seule présence. Son charisme et son interprétation parfois
outrancière trouvent ici matière à s'exprimer. L'Important
C'est D'Aimer est peut-être le meilleur film d'Andrzej Zulawski.
Du moins, le plus émouvant et l'un des plus classiques dans sa manière d'aborder
un sujet dont s'est fait le chantre le cinéaste d'origine polonaise.
Encore un beau casting pour ce film que je n'ai jamais vu.
RépondreSupprimerJe ne suis pas attirée par l'univers sombre et torturé de Zulawski mais peut-être que celui-ci me plairait davantage ? En tout cas, par cette analyse, tu parviens à me le rendre séduisant...