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dimanche 9 septembre 2012

Ciné Fast-Food: Frankenstein 90 de Alain Jessua (1984)




Le Docteur Victor Frankenstein rêve de reprendre le flambeau laissé par ses ancêtres et qui consiste à donner vie à un homme crée à partir de diverses parties du corps humain. Prélevant bras, jambes et torses dans le laboratoire où officie sa compagne Élisabeth, c'est l'inspecteur chargé d'enquêter sur la disparitions des membres qui lui fournit une tête. Celle de Frank, la créature à laquelle Victor finit par donner vie dans le laboratoire secret qu'il a construit derrière l'un des murs de la cave de sa demeure. Frank s'exprime avec aisance. Particulièrement laid, il est incapable de contrôler sa force, ce qui provoque des ravages dans l'entourage de Victor. Témoin des rapports intimes entre Victor et Élisabeth, Frank espère lui aussi trouver sa promise. Il tente de serrer dans ses bras la femme de ménage de Victor mais lui brise les reins. Amoureux d'Élisabeth, il l'enlève et l'emmène jusqu'au cœur de la forêt et la viole. Victor décide alors de lui créer une compagne parfaite. Elle s'appellera Adélaïde. Et effectivement, il s'agit d'une jeune femme au physique remarquable. Malgré tout Frank demeure toujours amoureux d'Élisabeth...


L'œuvre toute entière d'Alain Jessua est parcourue d'un étrange pessimisme. "Traitement De Choc" voit Annie Girardot aux prises avec un médecin pratiquant de curieuses expériences sur de jeunes portugais dans l'institut de thalassothérapie dont il est le propriétaire. "Armaguedon" oppose le mégalomane louis Carrier (Jean Yanne) au psychanalyste Michel Ambrose (Alain Delon). Ce dernier tente de nuire au projet fou de Carrier dont l'intention est de faire exploser une bombe lors d'une émission de télévision. "Les Chiens" démontre déjà à l'époque l'insécurité latente des cités-dortoirs et dénigre la pratique de la self-défense à travers le portrait d'un jeune médecin tout juste installé dans une banlieue parisienne où "sévissent" des maîtres-chiens. Quand à "Paradis Pour Tous", ce film dresse le portrait d'Alain Durieux, handicapé après avoir tenté de se suicider, et devenu le cobaye d'un médecin ayant inventé un traitement annihilant les états dépressifs. 
 

Alors quand sort dans les salles "Frankenstein 90", le film déroute. On n'y retrouve pas la patte si particulière du cinéaste. Souvent critiquée en raison d'une interprétation mollassonne, l'œuvre est achevée par la presse. D'autant plus qu'Alain Jessua s'attaque tout de même à l'un des grands classiques littéraires du fantastique (Frankenstein de Mary Shelley) et à deux des plus flamboyantes adaptations cinématographiques signées James Whale ("Frankenstein" et "The Bride Of Frankenstein"). L'interprétation elle-même fait défaut. Le pourtant si talentueux Jean Rochefort peine à convaincre dans son rôle de médecin fou (aspect de sa personnalité totalement ignoré dans ce film). Eddy Mitchell, si drôle habituellement, ressemble à un pantin qu'un cerveau électronique ne parvient même pas à rendre un tant soit peu crédible. Quand au reste de la distribution, elle n'aide pas davantage l'histoire à s'étoffer. Fiona Gélin est peut-être séduisante mais son personnage n'aide qu'à apporter une raison valable à l'arrivée d'une Adélaïde-Herma Vos potiche et sans consistance. Tout juste Ged Marlon aurait-il mérité un rôle plus important (et plus long) que celui de pseudo Columbo cynique qui lui est offert.


La partition musicale (signée Armando Trovajoli) n'est pas en reste puisqu'elle compense l'éventuel aspect dramatique en apportant une touche d'insouciance au sujet abordé. Dominique Colladant et Reiko Kruk peuvent en revanche s'estimer satisfait du travail accompli sur les effets-spéciaux puisque les différents membres humains et le maquillage appliqué sur le visage d'Eddy Mitchell sont plutôt réussis.

En fait, "Frankenstein 90" s'apparente plutôt à une parodie maladroitement mise en scène des classiques précédemment évoqués qu'à une production revendiquant un certain sérieux. Il suffit juste de jeter un œil à l'affiche du film pour s'en convaincre...

Voir aussi: Kamikaze

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