Le
Docteur Victor Frankenstein rêve de reprendre le flambeau laissé
par ses ancêtres et qui consiste à donner vie à un homme crée à
partir de diverses parties du corps humain. Prélevant bras, jambes
et torses dans le laboratoire où officie sa compagne Élisabeth,
c'est l'inspecteur chargé d'enquêter sur la disparitions des
membres qui lui fournit une tête. Celle de Frank, la créature à
laquelle Victor finit par donner vie dans le laboratoire secret qu'il
a construit derrière l'un des murs de la cave de sa demeure. Frank
s'exprime avec aisance. Particulièrement laid, il est incapable de
contrôler sa force, ce qui provoque des ravages dans l'entourage de
Victor. Témoin des rapports intimes entre Victor et Élisabeth,
Frank espère lui aussi trouver sa promise. Il tente de serrer dans
ses bras la femme de ménage de Victor mais lui brise les reins.
Amoureux d'Élisabeth, il l'enlève et l'emmène jusqu'au cœur de la
forêt et la viole. Victor décide alors de lui créer une compagne
parfaite. Elle s'appellera Adélaïde. Et effectivement, il s'agit
d'une jeune femme au physique remarquable. Malgré tout Frank demeure
toujours amoureux d'Élisabeth...
L'œuvre
toute entière d'Alain Jessua est parcourue d'un étrange pessimisme.
"Traitement De Choc" voit Annie Girardot aux prises avec un
médecin pratiquant de curieuses expériences sur de jeunes portugais
dans l'institut de thalassothérapie dont il est le propriétaire.
"Armaguedon" oppose le mégalomane louis Carrier (Jean
Yanne) au psychanalyste Michel Ambrose (Alain Delon). Ce dernier
tente de nuire au projet fou de Carrier dont l'intention est de faire
exploser une bombe lors d'une émission de télévision. "Les
Chiens" démontre déjà à l'époque l'insécurité latente des
cités-dortoirs et dénigre la pratique de la self-défense à
travers le portrait d'un jeune médecin tout juste installé dans une
banlieue parisienne où "sévissent" des maîtres-chiens.
Quand à "Paradis Pour Tous",
ce film dresse le portrait d'Alain Durieux, handicapé après avoir
tenté de se suicider, et devenu le cobaye d'un médecin ayant
inventé un traitement annihilant les états dépressifs.
Alors
quand sort dans les salles "Frankenstein 90", le film
déroute. On n'y retrouve pas la patte si particulière du cinéaste.
Souvent critiquée en raison d'une interprétation mollassonne,
l'œuvre est achevée par la presse. D'autant plus qu'Alain Jessua
s'attaque tout de même à l'un des grands classiques littéraires du
fantastique (Frankenstein de Mary Shelley) et à deux des plus
flamboyantes adaptations cinématographiques signées James Whale
("Frankenstein" et "The Bride Of Frankenstein").
L'interprétation elle-même fait défaut. Le pourtant si talentueux
Jean Rochefort peine à convaincre dans son rôle de médecin fou
(aspect de sa personnalité totalement ignoré dans ce film). Eddy
Mitchell, si drôle habituellement, ressemble à un pantin qu'un
cerveau électronique ne parvient même pas à rendre un tant soit
peu crédible. Quand au reste de la distribution, elle n'aide pas
davantage l'histoire à s'étoffer. Fiona Gélin est peut-être
séduisante mais son personnage n'aide qu'à apporter une raison
valable à l'arrivée d'une Adélaïde-Herma Vos potiche et sans
consistance. Tout juste Ged Marlon aurait-il mérité un rôle plus
important (et plus long) que celui de pseudo Columbo cynique qui lui
est offert.
La
partition musicale (signée Armando Trovajoli) n'est pas en reste
puisqu'elle compense l'éventuel aspect dramatique en apportant une
touche d'insouciance au sujet abordé. Dominique Colladant et Reiko
Kruk peuvent en revanche s'estimer satisfait du travail accompli sur
les effets-spéciaux puisque les différents membres humains et le
maquillage appliqué sur le visage d'Eddy Mitchell sont plutôt
réussis.
En
fait, "Frankenstein 90" s'apparente plutôt à une parodie
maladroitement mise en scène des classiques précédemment évoqués
qu'à une production revendiquant un certain sérieux. Il suffit
juste de jeter un œil à l'affiche du film pour s'en convaincre...
Voir aussi: Kamikaze
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire