Après avoir récemment
découvert l'étrange Star Time
d'Alexander Cassini réalisé voilà plus de trente ans en 1992,
abordons cette fois-ci une œuvre presque aussi étonnante. Sans
doute moins originale du point de vue de sa narration mais dont
l'intérêt n'est pas moindre. Ce qui, à ce titre, n'en fait par
contre pas forcément une œuvre de qualité supérieure. Un
long-métrage signé de Gerard Johnson basé sur le court-métrage
éponyme que le réalisateur et scénariste britannique originaire de
Londres réalisa lui-même en 2005 et intitulé Tony.
Un drame horrifique tournant autour d'un individu solitaire à la
recherche de contacts humains. Un long-métrage sombre et
définitivement pessimiste que l'on pourrait sensiblement rapprocher
d’œuvres telles que Combat Shock
de Buddy Giovinazzo, Crazy Murder
de Doug Gerber et Caleb Pennypacker ainsi que de Golden
Glove de
Fatih Akın. Ceux qui connaissent l'une ou l'autre de ces trois films
savent alors de quel genre de récit il s'agit ici même si de
profondes différences les caractérisent. Pourtant, s'il y a bien un
élément qui les réunit tous, c'est bien la description d'une
société enfantant des individus psychologiquement instables et donc
atteints de troubles psychiatriques. Même lorsqu'ils ne sont issus
que de l'imaginaire de leurs auteurs ou comme dans le cas de Gloden
Glove,
lorsque le récit se penche sur le sordide cas du tueur en série
allemand Fritz Honka qui assassina au moins quatre prostituées, tous
semblent être atteints de maux plus ou moins équivalents. Si ce
dernier était dépendant à la boisson, ce qui empêchait tout
discernement au moment de commettre ses meurtres, Frankie Dunlan de
Combat Shock,
un
chômeur et ancien vétéran du Vietnam atteint de trouble de stress
post-traumatique était poussé au meurtre par une bande de voyous
qui sans cesse s'en prenaient à lui. Quant au tueur sans nom de
Crazy Murder,
interprété par l'impressionnant Kevin Kenny, ses crimes découlaient
d'une vie de marginal renforcée par une pathologie schizophrénique
relativement importante. Bref, des sociopathes parfaitement
irrécupérables ! C'est pourtant presque tout l'inverse
s'agissant de Tony Benson. Un homme au physique banal incarné tout
comme dans le court-métrage par Peter Ferdinando. Acteur méconnu
qui pourtant est ensuite apparu dans de petits rôles au cinéma et à
la télévision. Et notamment dans la série Doctor
Who
en 2014, High-Rise de
Ben Wheatley en 2015 ou bien Ghost in the Shell
de
Rupert Sanders en 2017. Ici, il apparaît sous les traits d'un homme
sans charisme. Lisse...
Ne
pouvant compter ni sur de quelconques atouts physiques ou
psychologiques. Vivant seul dans un appartement sordide où il passe
des journées entières à se repasser des cassettes vidéos de films
d'action dont il connaît chaque dialogue, il ne choisit jamais
vraiment ceux qu'il invite chez lui. Car chaque personne qu'il
parvient à attirer dans son appartement est pour lui l'occasion
d'échapper à la solitude. Pourtant demeure toujours cette crainte
de se retrouver à nouveau seul, sans amis. C'est pourquoi Tony a
fait le choix de tuer tous ceux qu'il parvient à attirer chez lui et
d'en conserver les cadavres. Du moins jusqu'à ce que l'odeur
devienne si intenable qu'il soit contraint de les découper en
morceaux afin de se débarrasser des corps dans la Tamise... Il est
très clair qu'à partir d'un tel script on n'est pas là pour rire.
Et si le sujet de Tony
peut être considéré d'emblée comme celui d'un film d'horreur
particulièrement glauque, le film de Gerard Johnson souffre de
défauts quasiment rédhibitoires. Si la lenteur du récit n'est pas
son plus grand défaut, le long-métrage souffre d'une incarnation
aussi étrange que mollassonne. Et pourtant, certaines idées ou
situations sont prometteuses. Comme ce couple qui s'engueule dans un
restaurant et dont est témoin notre ''héros''. Une scène crédible,
réaliste, comme le sera quelques instants plus tard la rencontre
entre Tony et deux toxicomanes. L'attitude perpétuellement
déstabilisante de Tony ne cesse de questionner quant à la véritable
valeur d'interprète de Peter Ferdinando. Qui, à contrario, incarne
un type vraiment louche, gauche mais dont la caractérisation est
réduite au maximum. C'est d'autant plus dommage qu'en inscrivant le
personnage dans un contexte social monotone où l'on croise une
boite gay, un couple en pleine séparation et où est évoquée la
disparition d'un enfant de onze ans dont est un temps rendu
responsable Tony, le long-métrage contient de bonnes idées mais la
mise en scène authentiquement flemmarde de Gerard Johnson empêche
la totale adhésion au concept ! L'on conseillera donc à celle
et ceux qui ne connaissent pas encore les œuvres citées plus haut
de se ruer dessus. Mieux : qu'ils ou elles se chargent également
de mettre la main sur l'excellent Clean, Shaven
de Lodge Kerrigan et son schizophrène lancé à la recherche de sa
fille...
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